Kenya 2018 – Troisième Semaine et derniers jours

Lundi

Ce matin je me réveille à 7h00, le temps de prendre une douche et de boire un peu d’eau puis à 7h30 déjà c’est l’heure d’aller courir. Aujourd’hui j’ai les crocs. Ma sortie de Samedi a été laborieuse, j’ai arrêté au bout de 16KM à cause de la pluie et de la boue. Aujourd’hui le temps est couvert mais pas de pluie depuis hier soir, je vais enfin pouvoir me donner à fond.

Hier nous avons visité le parc National de Nakuru, j’ai passé la journée assis dans la voiture, les jambes sont reposées et il ne reste plus qu’à les faire travailler !

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Nakuru Natiional Park

Dès le départ je me sens très bien, en sortant du centre pour rejoindre la route nous devons prendre une côte d’environ 500M, la piste n’est pas en très bon état et ça demande tout de suite de la concentration, il faut poser le pied au bon endroit sinon c’est la glissade ou la chute assurée. Une fois que nous avons rejoins la route ça descend. Ma séance consiste en un aller-retour de 20KM. Sur l’aller je vais devoir passer quelques côtes mais le centre d’entrainement étant situé au sommet d’une petite colline, 70% du dénivelé positif sera concentré sur le retour. Je profite donc de cette première partie de parcours descendante pour me laisser aller dans les descentes, cela me permet d’avoir un bon rythme, je traverse Iten, puis je ressors en direction de la forêt de Singore. Au 8ème kilomètre j’arrive à la côte à partir de laquelle j’ai rebroussé chemin samedi. Cette fois-ci je l’attaque de front, en essayant de garder le rythme du mieux possible. Tout de suite après ça redescend, puis ça remonte encore aussi fort. Je commence à me faire du souci car il va falloir remonter toutes ces côtes sur le retour ! J’arrive dans une partie beaucoup plus calme que ce que j’ai pu voir jusque-là, le paysage devient montagneux, les nuages défilent au-dessus des petits sommets que j’aperçois de l’autre côté de la vallée du rift. Au dixième kilomètre je fais demi-tour comme prévu. Maintenant commence la course contre la montre et contre le dénivelé. J’aimerais bien faire cette sortie de 20KM autour des 12KM/H soit 5min/KM. Une fois les deux côtes passées dans le sens inverse commence un faux plat long de 4-5 kilomètres, j’arrive à maintenir l’allure autour des 5min/KM. Puis arrive la partie finale, je repasse dans Iten et attaque une série de 3 côtes pas très impressionnantes individuellement mais qui mises bout à bout représentent la dernière difficulté de mon parcours. J’y laisse quelques plumes, j’ai beaucoup ralenti dans les deux dernières côtes, en essayant de limiter la casse dans les descentes. Puis une fois la dernière côte passée je me lance dans une course contre la montre. Il reste 2 kilomètres et mon allure moyenne est de 5min 05sec par kilomètre. J’accélère pour récupérer le maximum de temps. Dans la dernière descente de la dernière petite côte qui mène au centre je me laisse descendre comme en trail. Enfin j’arrive devant le portail. Je regarde ma montre, 20KM à 5min 03sec de moyenne. Je ne m’en tire pas trop mal compte tenu des 260M de dénivelé positif. La semaine prochaine j’essayerai de maintenir cette allure sur une sortie de 25 ou 30 kilomètres en fonction de mes sensations.

L’après-midi j’en profite pour me reposer, la vie au Kenya est très tranquille, je fais la sieste, regarde un peu la télévision et vais faire changer mon pansement à l’hôpital. 18h40 la nuit tombe, après un dîner rapide je vais me coucher. L’altitude et les séances d’entrainement sont épuisantes, 21h30 je m’endors profondément.

Mardi

7h30, petite sortie aujourd’hui, la séance d’hier a laissé des marques je préfère ne pas forcer et fais donc un footing de 10KM dans Iten.

L’après-midi je me rends à l’hôpital pour me faire retirer mes points de suture, ce n’est pas très douloureux. En revanche la plaie de ma main droite n’a toujours pas très bon aspect. L’infirmière la nettoie de nouveau et refait mon bandage mais j’ai l’impression que cela ne suffit plus, je demande à voir le docteur le lendemain.

Mercredi

La séance de lundi est maintenant passée, je sens que j’ai de nouveau des jambes et je décide de partir pour une séance de Fartlek 20 x 30/30. La séance se passe bien, je pars avec Aurelio un nouveau stagiaire qui est arrivé hier sur le centre. La piste de Keelu offre vraiment un endroit idéal pour courir, le sol est plat avec peu de cailloux, la piste est large avec peu de voitures, ces dernières ont l’habitude des coureurs et font donc plus attention que sur les autres axes d’Iten. Notre séance se termine sous la pluie, je couvre ma main blessée avec mon t-shirt pour éviter de mouiller le bandage.

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Devant le Tahri Athletic Center

L’après-midi je me rends à l’hôpital, le docteur me reçoit dans son cabinet avec ses trois internes. Ils sont très surpris que je parle anglais, ils m’expliquent en plaisantant que la plupart des français qu’ils ont rencontrés parlaient très mal anglais. Je leur explique que j’ai étudié un an en Amérique du Nord ce qui explique que je me débrouille dans cette langue. Le docteur recommande de laisser la plaie à l’air libre pour qu’elle puisse sécher et cicatriser correctement. Il me prescrit une pommade antibiotique à appliquer une fois par jour et me demande de revenir le lendemain pour suivre l’évolution.

Jeudi

Aujourd’hui la séance s’annonce compliquée j’ai des pointes dans les deux tibias et un début de crampe au mollet avant même de commencer ! N’est pas Kenyan qui veut ! Avec Pierre (un autre stagiaire arrivé hier) et Aurelio nous partons pour un footing d’une heure, direction le point de vue en bas d’Iten juste avant la descente sur la vallée du Rift. La vue est magnifique malgré le brouillard qui empêche de voir l’ensemble de la vallée. Je me promets de revenir un jour de beau temps pour prendre quelques photos, c’est impressionnant !

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Le bas d’Iten et son panorama sur la vallée du rift

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Jeudi après-midi je retourne voir le médecin, la plaie sèche doucement, je dois continuer à appliquer la pommade antibiotique chaque soir mais l’évolution est de nouveau positive.

Jeudi soir je fais l’erreur de me lancer dans une nouvelle série, Suits. J’accroche tout de suite et c’est parti pour 5 épisodes d’affilée ! J’aurais mieux fait de commencer le deuxième bouquin que j’ai amené, mais bon ça me fait du bien de ne pas trop réfléchir de temps et temps et puis c’est l’occasion de travailler mon anglais (enfin c’est ce que je me dis).

Vendredi

Toujours mal aux jambes mais je pars pour 20 X 1min/1min. Dès le début je sens que ça en va pas le faire, je me ravise donc et transforme ma séance en 5 X 1min/min 20 min de footing et de nouveau 5 X 1min/1min. Sur le parcours je croise un groupe de Kenyans suivi par leur coach en voiture, c’est Ken Kebbeth, il nous a déposé dans Iten la semaine dernière lorsque l’on attendait un Matatu avec Dennis. En rentrant de ma séance j’ai un peu le moral dans les chaussettes. Je me repose toute la matinée et une bonne partie de l’après-midi pour pouvoir bien terminer ma semaine d’entrainement demain.

Après avoir mangé, direction l’hôpital de nouveau. Comme souvent avec Dennis nous prenons un taxi-moto. Aujourd’hui la police contrôle les véhicules à l’entrée d’Iten. En théorie les taxi-moto doivent porter un gilet jaune ou rouge ainsi qu’un casque (étrangement ce n’est pas obligatoire pour les passagers !). Je suis surpris de voir que beaucoup de motos et même certaines voitures empruntent le chemin en terre qui longe la route, dans le but d’éviter le barrage. Bizarrement la police ne se soucie pas de tous les véhicules qui passent par ce chemin, à 10M à peine de la route ! Il faut dire que les policiers ont déjà fort à faire avec tous les contrevenants qui pensaient passer au travers du contrôle.

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La station service d’Iten, vous pouvez aussi y acheter du Kerozen !

Samedi

Je suis Aurelio dans sa sortie, elle consiste en 30 min de footing puis 15 minutes à 12KM/H et enfin 15 minutes à 13KM/H. Sur le début pas de problème, nous prenons la route en direction d’Iten, puis au moment de remonter vers le centre-ville nous prenons à gauche pour retomber sur les alentours du camp. Par chance les chemins sont secs et relativement plats. Les 15 minutes à 12KM/H passent sans trop de difficultés. C’est autre chose pour les 15minutes à 13KM/H, j’ai du mal à tenir le rythme et les côtes ne m’aident pas ! Aurelio commence à prendre de l’avance, j’essaye tant bien que mal de m’accrocher mais cela ne marche pas, je suis peu à peu distancé.  Si je suis maintenant bien acclimaté à l’altitude, je mesure quand même le niveau de difficulté que cette dernière implique. A Paris je cours plus d’une heure trente à 13KM/H sans trop de soucis. Ici c’est une autre histoire !

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le début de la route menant au Tahri Athletic Center

Je commence à avoir hâte de rentrer en France pour pouvoir tester les effets de mon stage, encore un peu de patience et quelques entrainements bien corsés puis ce sera le moment de vérité lors du 10KM Adidas le 10 Juin !

Dimanche

Aujourd’hui repos, pas de course à pied, seulement une longue balade avec Aurelio et Pierre. Nous marchons jusqu’à Iten et jusqu’au point de vue donnant sur la vallée du Rift. Il faut beau mais pas très chaud, environ 15 degrés. Le point de vue est magnifique, une légère brume nous empêche de voir clairement le fond de la vallée mais on peut apercevoir les plateaux intermédiaires.

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Rencontre avec des futurs champions!

Lundi

Cette nuit impossible de dormir, c’était la pleine lune, je ne sais pas si ça a un impact mais ça m’empêche de m’entrainer le matin comme prévu, du coup je reporte mon fractionné à ce soir. J’en profite pour regarder la fin de la saison deux de Suits (déjà !). Je me promets de m’arrêter là et de commencer mon deuxième livre, un recueil de témoignages de sportifs de haut niveau, notamment sur l’effet de leur pratique sportive dans les autres aspects de leur vie quotidienne.

16H je me motive pour aller courir, je pars en direction de la piste de Keelu pour faire une séance de 30/30. Les premières répétitions se passent bien, puis ça commence à monter et descendre et là ça devient compliqué. Je commence à avoir l’habitude de ce parcours, je ne regarde plus vraiment les allures, je me contente de tout donner à chaque répétition. Je sais que l’objectif du 30/30 est d’être le plus régulier possible pour habituer les muscles à s’oxygéner à une vitesse plus élevée que ce qu’ils savent faire (augmenter la VO2MAX ou VMA en répétant des efforts intenses mais courts). Ici c’est juste impossible pour moi en raison du terrain. Je me dis que faire mes répétitions à fond me fera plus progresser que de chercher à être régulier. Une fois rentré à Paris j’aurai tout le temps de faire ces séances sur un parcours plat ou autour d’une piste. Une fois mes répétitions terminées j’accuse un peu le coup, c’est un effort extrêmement difficile, surtout sur les dernières répétitions, déjà 17 ou 18 répétitions dans les jambes et ça remonte sur cette fin de parcours. Autant dire que mes dernières répétitions sont lentes, très lentes mais aussi très difficiles. Je me contente ensuite de trottiner jusqu’au centre pour terminer cette séance difficile.

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Dennis, le Kenyan le plus sympa que j’ai rencontré!

Mardi

Encore une nuit difficile je décide de ne pas aller courir ce matin mais cet après-midi. Je profite de cette matinée libre pour aller à l’hôpital une dernière fois avant de repartir. Sur le chemin nous croisons comme d’habitude de nombreux animaux sur le bas-côté de la route. Vaches, poules, moutons, chèvres etc… Je remarque un mouton allongé dans l’herbe d’une façon un peu étrange, lorsque nous passons à côté je me rends compte que c’est une femelle en train de mettre bas ! Les kenyans assis sur le pas de la porte juste devant ne semblent pas plus perturbés que ça. Une fois arrivé à l’hôpital, je rencontre une nouvelle fois le médecin qui examine ma main. Il est très content du résultat, la plaie était très profonde au départ. Cela prendra encore un peu de temps pour cicatriser complètement mais la plaie est maintenant fermée, c’est déjà ça ! Je le remercie en lui donnant un peu d’argent, l’équivalent de 10 euros, il tient à ce que nous prenions une photo souvenir dans le cabinet j’accepte avec plaisir et demande à Dennis de me prendre en photo avec le médecin aussi.

L’après-midi je me lance dans une séance de rythme, je pars en direction d’Iten mais au lieu de traverser le village comme à mon habitude je prends à gauche pour retomber sur les chemins de terre rouge qui sont parfaitement secs aujourd’hui. Mon objectif est de refaire le même parcours qu’avec Aurelio mais en essayant de mettre un peu plus de rythme cette fois. Le début se passe bien, le profil est plutôt descendant. Jusqu’au 8ème KM tout se passe bien. Puis ensuite vient la seconde partie de la boucle qui concentre presque tout le dénivelé positif. Sur le retour je m’efforce donc de rester autour des 12KM/H, j’y arrive globalement bien sauf sur une partie très pentue ou je concède un kilomètre en 6 minutes soit 10KM/H. Au global je termine ma boucle de 14KM à une vitesse moyenne de 12,3KM/H pour 160M de dénivelé positif. Difficile de comparer avec le même parcours au niveau de la mer. Cependant je pense que je me suis quand même amélioré depuis le début de mon stage, j’ai hâte de pouvoir tester les progrès réalisés.

Mercredi

Dernier jour, je dis au revoir à toute l’équipe du centre et file en direction d’Eldoret avec un Matatu privatisé. La route se passe bien et je suis rapidement à l’aéroport, un peu trop rapidement même. Reste 3 heures à attendre l’avion… J’en profite pour lire et m’occupe comme je peux avec les réseaux sociaux. Le vol se passe bien, je commence à recroiser quelques blancs, ça me fait un peu bizarre. A Iten je croisais des occidentaux tous les deux ou trois jours à peine, une fois arrivé à Nairobi c’est presque déjà le retour à la maison ! Le chauffeur du AirBnB que j’ai réservé vient me chercher à l’aéroport et me conduit dans un compound tout proche, nous mettons tout de même 25 minutes pour y arriver à cause des embouteillages et de la qualité de la route parfois exécrable.

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Sahaï le chef du centre d’entraînement

Une fois arrivé à l’appartement je rencontre Alfrique qui gère la maison composée de 4 chambres. Il m’explique qu’il a commencé par accueillir des gens chez lui puis voyant le besoin pour des chambres ou appartements à proximité de l’aéroport et à des prix raisonnables, il a monté un petit business.

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Je ne me lasse pas de ces petits avions, on s’y sent très bien malgré le bruit du moteur

 

Alfrique est vraiment hyper serviable et sympa, la maison n’a aucun charme particulier et propose un confort sommaire mais tous les avis sur internet étaient excellents, je ne peux que confirmer tous ces avis. Le soir je demande à Alfrique si il peut m’accompagner dans un centre commercial pour acheter des chaussures de running (je souhaiterai profiter des tarifs plus avantageux ici), l’atmosphère de Nairobi n’est pas très rassurante et je préfère être accompagné. Il n’y a pas de raisons qu’il se passe quoi que ce soit mais je préfère ne pas y aller seul. Nous partons donc à deux motos en direction du centre commercial le plus proche. Le chemin pour y aller est étonnant pour le petit européen que je suis. La route est défoncée (avec des trous de parfois 50cm de profondeur) alors que nous sommes en plein centre-ville. Il fait nuit mais les rues grouillent de monde, comme un lundi matin à la station saint-Lazare ! Nous traversons des quartiers populaires, les rues sont jonchées de détritus et les caniveaux dégagent une puanteur insupportable. Nous traversons un pont et je devine une rivière mais les berges sont entièrement recouvertes de déchets plastiques. La misère ici est bien plus visible qu’a Iten. Encore une fois je ne porte pas la misère du monde sur mes épaules mais ça fait quand même mal au cœur de voir cette population si jeune et ces conditions de vie… Nous arrivons au centre commercial qui est un havre de richesse au milieu de ces quartiers. Il y a des gardiens à l’entrée du parking et de belles voitures garées à l’extérieur. Le centre commercial n’a rien de particulier, c’est exactement pareil qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Malheureusement le magasin de sport est fermé, les chaussures à prix cassé ce sera pour une prochaine fois ! En rentrant dans ma chambre je réfléchis un peu à ce que je viens de voir, ça m’aide à mieux apprécier ce que j’ai, je prends conscience qu’entre guillemets « rien ne peut m’arriver » comparé à ce que les Kenyans vivent (et encore le Kenya est un pays aisé d’Afrique !). Le lendemain matin j’embarque dans l’avion direction Paris. Je ne sais pas si c’est parce que je voyage avec Air France mais dans l’avion je me sens un peu déjà à la maison. Plus rien de nouveau, que des choses habituelles.

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Déjà un peu à la maison quand je monte dans cet avion.

Ce voyage aura vraiment été une expérience unique en son genre pour moi, je suis content de rentrer car c’est difficile d’être confronté à ce mode de vie et à la misère pendant un mois, cependant je sais déjà que retournerai en Afrique de l’Est et très probablement au Kenya. Il y a tant de choses et de personnes magnifiques à découvrir ici.

 

Kenya 2018 – Deuxième semaine

Lundi

J’accuse encore un peu le coup de ma chute à vélo d’hier (voir semaine 1). Dennis vient gentiment me voir dans ma chambre vers 8h pour me demander comment va mon bras. Le matin j’ai un peu la tête qui tourne, je prends mes antibiotiques et me repose dans la salle commune du centre. Je demande à Dennis de m’accompagner à l’hôpital pour changer mon bandage qui laisse échapper un liquide à la couleur douteuse. Nous arrivons une nouvelle fois au District Hospital d’Iten, l’infirmière me change mon bandage au bras, les points de suture sont propres et les plaies bien fermées, elle repasse du sérum physiologique et de la bétadine. Ma plaie à la main est toujours aussi grande, c’est celle-ci qui me donne le plus de soucis car nous n’avons pas pu la recoudre. Selon l’infirmière et un autre infirmier qui vient d’arriver elle a un aspect normal, ils me nettoient de nouveau la plaie et remettent un bandage neuf. Me voilà rassuré !

Sur le chemin du retour je demande à Dennis de nous amener dans une des boutiques de sport pour acheter un T-shirt ou une veste de l’équipe Kenyane de course à pied. Ca peut faire un super souvenir. Nous arrivons dans la boutique et la vendeuse nous expose les différents modèles disponibles. Au Kenya mieux vaut ne pas être trop difficile, le volume du magasin ne doit pas être énorme et il n’y a que deux ou trois modèles différents, pas toujours dans la taille qu’il faut. Par chance une veste de training en taille M me va très bien, c’est la seule disponible et je décide de l’acheter. Comme d’habitude quand je veux acheter quelque chose, je laisse Dennis se charger de la négociation. Il adore ça et à chaque fois arrive à faire baisser le prix de 500 ou 1000 Shillings. Je ne me fais pas d’illusion, je dois certainement payer un peu plus cher qu’un Kenyan mais bon c’est déjà mieux que rien. J’ai surnommé Dennis « Dennis the business man » ça nous fait beaucoup rigoler tous les deux. Il faudra que je lui fasse un cadeau en partant, c’est vraiment sympa de sa part de nous accompagner partout.

Mardi

Aujourd’hui c’est Fartlek à Iten ! La séance consiste en un échauffement rapide puis en 20 accélérations successives d’une minute à la sensation suivies d’une minute de repos. 10 dans un sens puis 10 dans l’autre pour revenir au point de départ. Avec Sylvain et Kevin, nous arrivons sur le point de rendez-vous un peu en avance, nous pensions que la séance démarrait à 8h30 mais nous sommes les premiers. Peu a peu les Kenyans arrivent, au bout de 20 minutes nous sommes plus d’une centaine. A 9 heure un des Kenyans prend la parole devant le groupe qui fait maintenant environ 200 coureurs. Il explique le contenu de la séance. Contrairement à mes attentes, l’ambiance n’est pas vraiment studieuse, un coureur traverse seul le groupe dans l’autre sens, une voie un peu moqueuse crie quelque chose en Swahili et tout le monde rigole. J’ai plus l’impression d’être à un entrainement de rugby amateur que parmi des coureurs d’élites. Cela ne dure pas longtemps, le top départ est donné ! Maintenant les visages se ferment et les jambes se mettent en mouvement. No talking just running. Lors de la première accélération je reste au milieu du peloton, nous la parcourons à 3min18/KM soit 18,2KM/h. Devant je vois que ça va beaucoup plus vite que ça, les premiers sont à mon avis au-dessus des 22KM/h. Deuxième accélération, Je suis encore au milieu du peloton qui commence à s’effiler mais je sens que je suis doublé de tous les côtés. Encore une fois nous sommes autour de 18KM/h, les premiers sont maintenant une centaine de mètres plus loin devant, en plus de courir très vite durant la minute d’accélération, j’ai l’impression qu’ils sont tout de même à 13-14KM/h pendant la minute de récup. Troisième accélération, nous arrivons dans une côte, ça y est je suis en queue de peloton. Maintenant commence le combat mental pour donner le meilleur de moi-même. Je n’ai aucune chance de rattraper le groupe, l’altitude et ma morphologie m’en empêchent. Avant le départ j’ai pu observer à quel point les Kenyans sont « secs », il n’y a presque aucune différence entre leurs cuisses et leurs mollets ! Je dois au bas mot peser 10 kilos de plus que ceux qui font ma taille. Pourtant je n’ai pas beaucoup de graisse, je me suis pesé avant de partir et je suis à 11%, quand on sait que le moyenne pour un homme adulte est autour des 20%…. Paradoxalement c’est donc du muscle que j’ai en trop. Pas inutiles pour porter des charges lourdes et me donnant un peu de puissance si nécessaire, ils sont un véritable boulet pour courir. Pour la première fois de ma vie je me sens « gros ». Tant pis on fera avec.

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Je me donne à fond durant les minutes d’accélérations, je dépasse quelques Kenyans par ci par là qui sont parti trop vite. Puis je me retrouve tout seul, ceux qui sont parti trop vite ont abandonné et les autres sont loin devant. A la dixième répétition je fais demi-tour. Je continue mes accélérations mais dans l’autre sens, c’est de plus en plus difficile. J’ai un point de côté et des crampes, je courre maintenant mes accélérations à peine à 15KM/h. Vers la 15ème répétition, le groupe de tête revient sur moi, je donne tout ce que je peux, j’essaie de rester dans le groupe mais rien à faire, je suis distancé dans les accélérations et dans les récups. Des Kenyans qui me doublent m’encouragent et me demandent ce que j’ai au bras (voir la semaine 1), cela me redonne la force de tout donner. Puis de nouveau je suis seul. Il me reste 4 répétitions. C’est horriblement difficile, j’ai un goût de sang dans la bouche, je donne tout à chaque accélération et m’efforce de ne pas marcher sur les minutes de récup. Pendant la 18ème minutes de récup je m’arrête sur le bord de la route pour vomir, ça ne sort pas, il faut dire que je n’ai pas mangé depuis hier soir, je repars tant bien que mal. Enfin le bip de ma montre m’annonce la fin de cette séance de torture. En trottinant je rejoins un des Kenyans qui m’a encouragé en me dépassant sur le chemin du retour, je m’arrête à ses côtés et on discute un peu. Il s’appelle Mark Korir, ça ne vous dit probablement rien mais c’est le vainqueur du marathon de Paris 2015 ! Il m’explique que même pour lui il est difficile de suivre les premiers de ce fartlek, ce sont des coureurs de 1500m et ils sont presque intouchable sur ce type d’effort ! Sympa la rencontre ! Comme beaucoup de Kenyans il est très positif et me dit que je dois continuer à m’entrainer dur pour m’améliorer. Je suis super content de ma séance, d’une part c’était quelque chose de fort que de participer à cet entraînement avec les Kenyans, même si je n’ai pas réussi à suivre, d’autre part je suis content d’avoir terminé cette séance car à cette altitude c’est une séance qui compte. Encore quelques-unes comme ça et je suis presque assuré de revenir meilleur en France en courant à une altitude plus basse.

Mercredi

La séance d’hier à laissé des traces mais moins que ce que je pensais. Tant mieux ! Direction l’hôpital pour mon changement de pansement. C’est la même infirmière la dernière fois, une femme d’une cinquantaine d’année au sourire un peu malicieux. Elle me demande ou en est mon apprentissage du Swahili, je lui avoue que depuis lundi je n’ai pas appris de nouveau mots (en réalité j’ai appris à dire taxi-moto : « Piki-pik » mais je n’allais pas dire ça !), j’en prends pour mon grade pendant qu’elle me nettoie mes deux plaies et me change mon pansement. Après tout elle a raison, voyager dans un pays pendant un mois et ne pas en apprendre la langue c’est un peu dommage ! Bonne nouvelle sinon mes plaies sont en bon état, je devrais me faire enlever les fils de mes sutures lundi et changer mon pansement vendredi.

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Je décide d’aller courir vers 15h30 pour une petite sortie de 10KM, ça me fait tellement plaisir de me dire que maintenant je peux enfin courir 10KM à l’envie ! Ce n’était vraiment pas gagné au départ avec cette acclimatation à l’altitude ! Pourquoi 15h30 ? parce qu’au Kenya c’est l’heure à laquelle les enfants commencent à sortir de l’école. Les gamins qui vous tapent dans la main, vous font coucou et même parfois décident de courir à côté de vous, ça donne une énergie d’enfer ! Moi ça me fait tout oublier, la séance difficile d’hier, la petite douleur au tibia etc… Un bout de chou de 5 ans qui se met à vous courser en rigolant ça vaut toutes les techniques de récupération du monde ! Je fais donc mon petit tour en repassant dans Iten et sous la fameuse arche « home of champions », puis je reprends la direction de Keelu là où nous avons fait le fartlek hier. Enfin je coupe à travers champs pour rentrer plus vite sur le centre, là deux gamines de 13 ans prennent mon rythme avec leurs cahiers dans les mains, je suis en allure très tranquille mais ce qui m’impressionne c’est le fait qu’elles se mettent spontanément à courir par curiosité de voir un Mzungu sur le chemin du retour. Courir n’est pas une corvée c’est un jeu ! Je reviens de mon footing de 10KM reboosté, comme jamais.

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Vers 18H nous allons dans un « bar » d’Iten avec Dennis l’un des gardes du camp. C’est assez atypique, il y a des télés partout et des grosses banquettes faites avec des palettes et des coussins. Malheureusement le bar est vide ! Nous aurions du nous en douter mais les Kenyans n’ont pas du tout la culture d’aller prendre un verre ou un café entre amis en fin d’après-midi ! Là-bas les bars sont faits pour sortir, il n’y a donc personne avant 21H. Nous nous regardons comme des chiens de faïence avec nos sodas sur la table. C’est plutôt comique comme situation, Dennis lui ne semble pas du tout perturbé et reprends un autre sprite comme si de rien n’était. Avec Sylvain on est un peu surpris de la question de la serveuse concernant les sodas, « Hot or Cold ? » apparemment on peut choisir, pourquoi pas après tout !

Jeudi

Nouvelle séance de Fartlek sur la longue piste de Keelu, ça va cogner aujourd’hui ! Comme mardi un des Kenyans prends la parole et explique la séance, 3/1 x 10. Trois minutes à fond suivies d’une petite minute de récup, sur terrain très vallonné et à 2300+ mètres d’altitude, tout ça dix fois ! Mes jambes m’en veulent déjà. Lors de son explication le chef m’interpelle et m’invite à une compétition samedi (je suis le seul Mzungu aujourd’hui) ! Je le remercie poliment mais explique que je préfèrerai regarder pour l’instant. 3…2…1…. GO !!! La séance est lancée, je pars plus prudemment en repérant des coureurs qui avaient à peu près mon rythme mardi, mais ça reste trop rapide pour moi…. Je fais la majeure partie de la séance tout seul, maudissant les côtes qui me ralentissent comme jamais. Sur la deuxième partie du parcours (nous effectuons 5 répétitions dans un sens et 5 dans l’autre), j’apprécie quand même d’avoir monté toutes ces côtes car je peux enfin galoper et même si c’est dur je prends pas mal de plaisir sur cette deuxième partie de séance. Encore une fois je suis surpris du nombre de Kenyans qui ont abandonné la séance à la moitié ou avant. Sur le retour je me fais reprendre par un groupe de 5 filles, elles ont une foulée magnifique et foncent sans un bruit, elles doivent faire leurs récupérations à peine plus lentement que mes minutes d’accélérations, juste respect ! Enfin je me fais reprendre par le groupe des hommes pour la dernière répétition, ensuite chacun rentre chez soi en trottinant. Sur le chemin du retour un Kenyan vient à mes côtés et on discute une peu, il vaut 1h01 sur semi-marathon ! Il m’explique qu’il a déjà fait des courses à l’étranger notamment en France du côté de Marseille mais que le directeur de course ne l’a jamais payé pour sa victoire… Puis il me demande si je connais un bon manager ou un directeur de course. Difficile pour lui de comprendre que je ne suis qu’un simple passionné et pas un athlète de haut-niveau, qu’en France j’ai un job et que je ne coure que 4 à 5 fois par semaine. Au moment ou nos chemins se séparent il me demande de lui donner ma montre, je lui réponds gentiment que non et un peu gêné il me dit « see you on Tuesday » pour le prochain fartlek. Ca me porte tout de même un petit coup au moral, jusqu’à présent je n’ai vu que les bons côtés de la course au Kenya mais il ne faut pas se voiler la face. Malgré le niveau hors norme qu’il y a ici, il y a beaucoup d’appelés pour très peu d’élus. J’ai pu visiter une pension pour les athlètes qui s’entraînent seuls. C’est-à-dire qui ne font pas partie d’un camp d’entraînement ou d’une team. Malgré des performances très honorables, ils s’entassent dans de minuscules chambres pour 2 200 shillings par mois soit à peine 22 euros. En espérant qu’un jour ils vont se faire repérer par un coach ou un sponsor et pouvoir aller courir en Europe ou aux Etats-Unis et gagner des courses. Par bien des côtés ces athlètes me font penser à des chercheurs d’or…. Mais tant qu’il y a de l’espoir il y a de la vie, c’est ce que je m’efforce de penser à cet instant.

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L’après-midi nous allons distribuer les bonbons et crayons que Sylvain a ramené de France. Je m’étais dit avant de partir que ça ne servait à rien et qu’un stylo ou un bonbon ça ne change pas une vie. Mais en voyant le sourire des enfants de l’école dans laquelle nous allons faire la distribution je me dis que j’ai été stupide de ne pas moi aussi amener quelques cadeaux. Oui ça ne changera pas leur vie mais pas besoin de changer une vie pour donner un peu de bonheur, même très simple. Les gosses trépignent en attendant leur tour pour se servir dans le paquet de bonbon, ça me redonne le moral après mon aventure de ce matin ! Tant qu’il y a de l’espoir il y a de la vie. Je retiens comme leçon de cette expérience qu’avant de vouloir changer le monde il suffit simplement de commencer par agir même très modestement.

Vendredi

7h30 je pars pour un footing tranquille avec Sylvain, j’ai envie de faire une sortie longue demain donc je ne vais pas forcer. La sortie se passe sans encombre, une fois le petit déjeuner pris je retourne me coucher pour la désormais traditionnelle sieste du matin. L’après-midi se passe tranquillement. Il ne fait pas très beau alors j’en profite pour avancer mon livre.

Samedi

7h30 nous partons pour une sortie longue. Il a plu toute la nuit, nous décidons donc de courir le long de la route. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus drôle mais au moins on peut courir, les chemins se sont transformés en véritable champs de patates… Au bout de 8KM nous décidons de faire demi-tour, il se met à pleuvoir et nous sommes plein de boue. Arrivé au camp après 16KM je pèse mes chaussures pleines de boue puis le repese en enlevant la boue, 250 grammes de moins par pied ! Je m’en veux un peu de ne pas avoir poussé plus mais les conditions n’étaient vraiment pas agréables et j’aurai d’autres occasions.

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Après déjeuner la pluie s’est arrêtée et nous allons sur le marché d’Iten. C’est impressionnant d’agitation et de produits en tous genres ! La pluie de ce matin a rendu le marché (qui se déroule en bordure de route dans une sorte de terrains vague) très boueux. Cela ne gêne personne les produits sont présentés sur des bâches et plastiques, que ce soient des fruits des chaussures ou du matériel de cuisine ! La partie permanente du marché est un peu plus jolie, il y a des vendeurs d’épices et des primeurs. La nuit tombe vite et nous prenons un taxi moto pour rentrer, demain c’est safari et réveil à 5h. Nous mangeons puis je regarde un peu la télé et au lit !

Dimanche

5h le réveil sonne, je m’habille rapidement et prends mon sac puis direction le petit-déjeuner. 6h le guide qui doit nous emmener au parc national de Nakuru passe nous chercher, c’est parti pour 3 heures de route. Nous ne sommes que deux dans le mini-van et nous en profitons pour dormir. La police nous arrête 3 fois dont deux fois pour des excès de vitesse imaginaire (il n’y a pas de radar mais les policiers sont catégoriques, Richard le conducteur était en excès de vitesse). Les deux fois cela se règle avec un pot-de-vin, Richard m’explique que si l’on veut payer l’amende plutôt que les policiers cela prendra la journée, qu’ils feront exprès de le faire attendre au poste pour rien etc… puis il termine sa phrase avec un rire jaune « This is Kenya ! ». Une fois arrivé au Parc National de Nakuru c’est l’émerveillement, le parc contient un énorme lac salé qui doit faire la moitié de sa surface. Dès l’entrée dans le parc nous traversons une colonie de Babouins tranquillement installés sur le bord de la route, puis des zèbres, des gazelles, des antilopes, des lémuriens des girafes, des buffles et même deux lions tranquillement allongés au bord de la route ! Apparemment c’est rare donc nous sommes plutôt contents de la rencontre !

Les paysages sont superbes et le parc très bien préservé, le seul problème ce sont les différentes rivières qui alimentent le lac, elles amènent avec elles pas mal de déchets qui ne sont pas filtrés, le lac est donc pollué par quelques des bouteilles et autres déchets plastiques arrivés jusque-là. Vers 16h nous repartons après avoir déjeuné en ville à côté du parc. La particularité de ce parc est qu’il est littéralement collé à Nakuru une ville de 3 millions d’habitants. Sur la route du retour je discute avec Richard qui parle par chance bien anglais. Il m’explique qu’il est avant tout coureur de 800m avant d’amener des touristes visiter les parcs quand l’occasion se présente. Nous parlons de tout, de politique, du Kenya et bien sûr de course à pied. Il m’apprend que les « top athletes » ne sont pas toujours les meilleurs, qu’apparemment courir vite ne suffit pas, qu’il faut aussi se faire une réputation pour participer aux championnats du monde ou aux jeux olympiques et que les sélections pour ces compétitions sont trustées par les athlètes ayant une bonne réputation. Par-dessus tout ce que redoutent les « Top athletes » c’est d’être battu, ils ont donc tendance à préférer les marathons en dehors du Kenya ou la concurrence est plus faible en plus d’être plus rémunérateurs. Ce n’est pas complètement incohérent avec ce que j’ai pu observer lors des Fartlek. Les athlètes connus ne vont pas forcément jusqu’au bout de la séance. Dans son livre sur l’entraînement kenyan Bob Tahri parle aussi de séances de Fratlek avec un peu plus de 200 athlètes dont Mo Farah (qui n’est pas Kenyan mais naturalisé Britannique et Somalien de naissance). Il précise que Mo Farah termine 5ème et lui 20ème. Mo Farah 5ème alors qu’il est champion olympique du 5 000m et du 10 000m, certes ce n’est qu’un fartlek et pas une compétition officielle mais ça laisse quand même imaginer le niveau des quatre inconnus qui terminent devant lui ! Je fais un peu aussi la part des choses avec ce que Richard me dit, je pense que les « top athletes » Kenyan sont loin d’être des imposteurs, il n’y a pas à mon avis beaucoup de coureur au-dessus de leur niveau. Après que quelques coureurs de niveau équivalents ou légèrement supérieurs n’aient pas percé c’est tout à fait possible, cela existe malheureusement dans tous les sports.

Je rentre au camp épuisé de cette journée mais la tête pleine de souvenirs inoubliables, demain je retenterai une sortie un peu plus consistante que mes 16KM de samedi. J’ai hâte de retourner faire un fartlek mardi et de pouvoir faire du fractionné de façon intensive. Je suis maintenant totalement acclimaté (ou du moins je ne pourrai pas être en meilleure condition à moins de rester 6 mois), il me reste 10 jours d’entrainement et je compte bien en tirer profit au maximum !

Kenya 2018 – Première semaine

Mardi

Première sortie de bonne heure. Finalement ce n’est pas Dan mais Kevin l’un des gardes du camp qui m’accompagne à vélo. Il me demande combien de kilomètres je veux faire, je lui réponds que 10KM ça serait bien. Selon lui commencer par cinq serait plus raisonnable. Un peu vexé j’accepte car je n’ai pas encore testé la course en altitude. Nous commençons donc à courir en partant du centre en nous enfonçant dans les terres agricoles. Iten et la plupart des villes au Kenya se sont développées autour d’une ou deux routes principales en bitumes, les autres route étant dans le meilleur des cas des pistes en terre ou des chemins cahoteux.

Camion Iten

S’éloigner de ces routes c’est dire adieu à toute technologie occidentale passé un ou deux kilomètres. Nous nous enfonçons donc dans la campagne, ça commence par descendre fort, je suis à peu près à 15km/h, jusqu’ici tout va bien mais très vite je suis rappelé à l’ordre par l’altitude. Au bout d’un kilomètre à peine je suis en hyper ventilation, mes jambes sont lourdes, j’ai exactement la même sensation que lorsque j’ai commencé la course à pied. Pour ne rien arranger nous passons par un chemin de plus en plus boueux et je m’enfonce plusieurs fois dans la boue rouge jusqu’à la cheville. Kevin aussi du mal à suivre à vélo. Impossible de rouler, il doit pousser le vélo qui devient un véritable boulet. Je lui dis en plaisantant qu’il veut tester le Mzungu (littéralement blanc en swahili, c’est comme ça que les kenyans nous appellent). Il rigole aussi puis nous finissons par sortir de ce bourbier.

Je ne suis pas au bout de mes peines, maintenant il faut remonter tout ce que nous avons descendu au début, je suis incapable de garder le rythme et me retrouve à courir à 10KM/h à peine, mon égo en prend un petit coup. Nous arrivons enfin sur Mororia Road, la route principale. Nous montons encore sur le chemin qui longe la route, c’est difficile de respirer correctement mais je prends sur moi. Une fois revenu au centre je regarde ma montre, nous avons parcourus 7 kilomètres à une allure d’à peine 12 KM/h. Pourtant je suis fatigué comme rarement, le manque d’oxygène n’est pas un mythe ! Je suis quand même très content de cette sortie, Kevin est super sympa de m’accompagner et de me montrer les parcours, en plus de ça les paysages sont superbes.

Keelu forest

L’après-midi je profite des vélos qu’il y a sur le camp pour aller faire un tour en « centre-ville », comme expliqué plus haut, tout est concentré autour de l’unique route en bitume. Je cherche la banque pour retirer quelques shillings, je ne peux pas la rater il n’y a qu’une seule route ! Je suis à la fois un peu dérouté et séduit par toute l’agitation et le contraste qu’offre Iten. Les femmes bien apprêtées en talons hauts côtoient les enfants qui marchent pieds nus et les vendeurs de babioles. Chose à laquelle je ne m’attendais pas non plus, tout le monde à un portable et c’est souvent un smartphone. Ce matin nous sommes passés à côtés de deux fermiers pas spécialement bien équipés avec des bottes et des pantalons vétustes, au moment de les dépasser une sonnerie retentit et l’un d’eux a décroché un Samsung flambant neuf !

Iten Main road

Mercredi

7h30, je suis Kevin pour une sortie de 10KM cette fois, nous prenons un autre chemin tout aussi beau, je ne me lasse pas de cette terre rouge et de ce ciel toujours bleu. La sortie se passe un peu mieux mais j’ai toujours cette sensation d’être bridé. Pour la première fois en rentrant j’applique la méthode de récupération kenyane, après avoir pris un petit déjeuner, je me recouche vers 9h pour une sieste. Vers 12 heures je me réveille en pleine forme ! Quelques étirements et un peu de renforcement l’après-midi. Je profite de la tranquillité du camp pour me plonger dans les mémoires de Walter Bonatti, légende de l’alpinisme italien et auteur de nombreuses premières dans le massif de Mont-Blanc, notamment le fameux pilier Bonatti sur la face ouest des Drus. Cela me fait tout de suite relativiser sur mon « aventure » kenyane, ce mec a passé plusieurs jours seul en paroi verticale, sous la neige pour accomplir son ascension, un exemple de courage et de détermination !

Keelu road

Jeudi

Aujourd’hui je me contente d’une petite sortie de 5Km  en solo. L’après-midi je demande à Dennis de m’accompagner pour trouver un coiffeur. Nous allons chez un des ses amis qui me reçoit chaleureusement dans une petite cabane en bois qui fait office de salon. Au mur des photos de rappeurs et chanteurs de RnB avec des numéros. Il me demande de choisir la coupe que je souhaite. Je lui montre une photo de moi avec les cheveux un peu plus courts que maintenant mais pas rasés. Il me répond « ok my friend » et commence à couper mes cheveux avec des ciseaux d’écolier. Au bout de 2 coups de ciseaux j’éclate de rire et comprenant que ça ne va pas le faire, je lui dis de prendre la tondeuse et de faire ce qu’il peut avec le plus grand sabot. Il rigole aussi et me répond qu’il n’a pas l’habitude des cheveux de Mzungu. En 5 min me voilà rasé comme un commando, c’est Chloé qui va être contente quand je vais rentrer en France ! Finalement cela m’aura couté 200 Shilling, soit moins de 2 euros…. Radical mais difficile de faire moins cher !

 

Vendredi

7h30, nouvelle sortie de 11KM, ça va mieux, beaucoup mieux. Je ne courre toujours pas très vite mais c’est à cause du parcours qui comporte plus de dénivelé que les autres jours et du terrain très technique par endroit (j’ai dès le premier jour regretté de ne pas avoir emmené mes chaussures de trail !). En rentrant j’applique toujours la même méthode de récupération en faisant une belle sieste, c’est miraculeux ! L’après-midi je fais un peu de renforcement et passe le temps en lisant et en faisant un peu d’Espagnol avec la super application Duolingo (il n’y pas mieux à mon sens pour réviser une langue avec une application, et en plus c’est gratuit). Il est bientôt 19h et il fait déjà nuit, je mange rapidement et file dans ma chambre. 21h les lumières sont éteintes, j’ai pris le rythme kenyan, commencer tôt pour profiter du jour et ne pas lutter contre la nuit quand elle arrive.

Samedi

J’ai bien récupéré de ma sortie de la veille grâce à un excellent sommeil. Je décide donc de recourir 11Km avec Kevin, maintenant je me sens vraiment très bien, je me permets d’attaquer Kevin dans les côtes quand la pente nous met à armes égales. Je réussi même à le devancer une ou deux fois. Je l’entends souffler sur le vélo derrière moi et ça me rassure, si c’est difficile à vélo c’est normal que je souffre ! Je suis super content de cette sortie car j’ai pu accélérer tout en gardant mon souffle. Encore une fois le dénivelé fait que l’allure globale n’est pas mirobolante mais cela me laisse de bonnes chances pour faire du fractionné sur la piste. Ce matin pas de sieste post entrainement en revanche. Nous allons visiter la Saint Patrick High School à Iten.

Saint Patrik front

C’est un lycée fondé par des frères catholiques irlandais dans les années 50. Ce pensionnat d’environ 1500 élèves a la particularité d’avoir « produit » une dizaine de champions olympiques Kenyans, et plus d’une cinquantaine de champions du monde seniors et juniors ! A tel point que le coach du lycée, Bro Colm, est devenu une légende dans le monde de la course à pied.

St patrik adidas

C’est entre autres grâce à ce lycée que les plus grands champions viennent s’entrainer à Iten. La coordinatrice scolaire nous accueille chaleureusement et nous emmène tout de suite voir le « Hall of Fame » du lycée. Ici course à pied et éducation sont intimement liés pour le meilleur. Nombreux sont les jeunes kenyans issus de milieux modestes qui peuvent recevoir une éducation de qualité dans la plus pure tradition britannique grâce au sport. Cela me rappelle ma propre scolarité, j’étais aussi interne dans une institution de ce type et cela m’amuse beaucoup de retrouver énormément de points communs avec mon lycée en plein milieu de l’Afrique. Les terrains de sports, les dortoirs, le réfectoire et la chapelle… Je retrouve même jusque dans les différents groupes d’élèves des points communs avec mes anciens camarades. Il y a le rêveur qui fait une sieste en plein sur le socle d’une statue de Saint Patrick, les rebelles qui ne portent leurs uniformes que partiellement, les sportifs à l’écart en train de jouer au basket ou encore la cohue à la pause déjeuner pour manger en premier ! Pleins de souvenirs me reviennent et c’est vraiment très drôle.

élèves saint Patrik
Pour manger il faudra être patient!

Dans l’après-midi Sylvain un autre stagiaire arrive sur le centre, son bagage a malheureusement été perdu pendant le vol et n’arrivera que mardi. Nous allons donc en ville pour qu’il puisse acheter de quoi courir. Il n’y a que deux vélos sur le camp et nous avons besoin de Dennis pour nous accompagner. Nous prenons donc un Matatu, ce sont des minibus qui font office de transports publiques, la particularité c’est qu’ils font en permanence le même trajet et s’arrêtent dès qu’on leur fait signe, le système est plutôt efficace car on n’attend jamais plus d’une minute ! En revanche il faut faire des concessions, nous nous retrouvons à quatre sur la minuscule banquette arrière qui est faite pour deux. En tout nous devons bien être 15 dans ce minibus 8 places ! Nous arrivons alors dans la boutique de sport qui vend chaussures et accessoires. Le choix est assez diversifié ! Plus que ce à quoi je m’attendais pour être honnête. En revanche la présentation est comme sur les marchés, en vrac. Toutes les chaussures sont sorties de leur boites et rangées par deux dans des vitrines ou sur des étagères. Les prix défient toute concurrence et il est fort possible que je reparte avec une paire (encore une !) avant la fin de mon séjour.

Dimanche

7h30, Sylvain veut aller courir et Kevin est en repos. Je l’accompagne mais à vélo car j’ai déjà fait une bonne semaine d’entrainement et je souhaite être d’attaque pour la semaine prochaine ! Après environ 8Km tous les deux je laisse Sylvain au camp et repars me balader à vélo afin de faire un peu de volume. J’ai vu sur internet un parcours que les kenyans affectionnent particulièrement pour les séances de fartlek (fartlek signifie jeu en suédois et cette séance consiste en des accélérations plus ou moins longues mais uniquement basées sur les sensations et non sur une vitesse ou une distance définie comme pour une séance de fractionné classique). Je prends la direction du Keelu Resort, un hôtel appartenant à l’ancien recordman du monde du marathon Wilson Kipsang. De toute façon c’est très simple à Iten les centres d’entrainement, les hôtels ou les restaurants appartiennent soit à d’anciens champions ou à des européens. Je me retrouve au bout de quelques kilomètres sur une magnifique piste en terre rouge en bon état et longue d’une dizaine de kilomètres. C’est assez plat à l’exception de quelques bosses, dans les montées je fais la course avec les enfants. A un moment je m’arrête pour faire essayer mon vélo à une petite fille et ses deux petits frères. C’est un vrai bonheur de les voir éclater de rire et sourire jusqu’aux oreilles en montant sur le beau vélo rouge.

Après 15 minutes passées à rigoler avec eux je repars et profite des descentes pour faire des pointes à 40-45KM/h c’est un vrai régal. Sur le chemin du retour je commence à faire quelques virages dans une descente comme si j’étais en ski. Très mauvaise idée, je chute lourdement à pleine vitesse et glisse sur plusieurs mètres. Je pousse un cri de douleurs et quand enfin je m’arrête mon short et mon t-shirt sont complètement déchirés et j’ai très mal à la paume de ma main droite ainsi qu’au coude droit. J’ai du sang un peu partout mais rien à la tête, heureusement car je ne porte pas de casque…

Je suis encore à une dizaine de kilomètres du camp et je me mets en mode pilote automatique pour rentrer. Pas question de rester là au milieu de nulle part, je préfère ne pas regarder en détail ce que j’ai, je peux pédaler et bouger mon bras, c’est déjà pas mal. Le chemin du retour est long très long, Une fois arrivé au camp je regarde plus en détail ce que j’ai avec Sylain et le bilan n’est pas terrible, je suis ouvert à deux endroits sur le coude assez profondément et ait perdu un bout important de chair sur la paume de main droite… Direction l’hôpital d’Iten pour me faire recoudre et nettoyer les plaies pour éviter une infection. Nous nous rendons à l’hôpital en taxi moto car il n’y a pas de Matatu le dimanche. La devanture est toute neuve, on dirait que le portail vient d’être peint. En revanche pour le reste le bâtiment de plein pied est dans un état de délabrement avancé. La peinture se décolle de murs et les rigoles d’évacuation d’eau contiennent une boue rougeâtre avec des la mousse suspecte par endroit… Je fais attention de ne toucher à rien et laisse Dennis ainsi que le chauffeur du taxi moto expliquer d’abord à la secrétaire puis à l’infirmière puis au médecin enfin ce qu’il s’est passé. Ensuite Dennis doit partir avec le chauffeur pour acheter un anti-douleur que l’on va m’injecter avant de nettoyer la plaie. Après une longue attente durant laquelle j’ai la tête qui tourne et l’envie de vomir, c’est enfin mon tour.

en attendant d'être recousu
Clairement pas au top de ma forme!

Le docteur me reçoit du mieux qu’il peut dans le cabinet pas très propre, il me fait ressortir au bout de deux minutes pour tout nettoyer et minimiser les chances d’infecter ma plaie. En discutant un peu avec lui (par chance il parle plutôt bien anglais), je prends conscience qu’il a surement eut par le passé des expériences difficile avec des patients blancs méprisants. Quand je lui demande par curiosité ce qu’il va utiliser pour nettoyer ma plaie il se vexe et m’explique qu’il a reçu une formation de qualité avec les mêmes standards qu’en Europe etc… Je lui explique tout de suite que je lui fais confiance et que je suis simplement curieux, il se détend un peu et nettoie mon bras avec du sérum physiologique d’abord puis avec de la bétadine. Il injecte un anesthésiant directement dans les deux plaies de mon coude pour pouvoir recoudre sans que je saute au plafond.

Je commence à avoir la nausée en sentant qu’il a du mal à faire rentrer l’aiguille dans ma peau. Heureusement ça ne fait pas trop mal…. Une fois les deux plaies recousues il m’explique que le bout de chair arraché sur ma paume l’empêche de me recoudre. Il réalise donc un bandage avec précaution. Je remercie grandement le médecin avant de repartir, ainsi que tout le personnel, ce n’est pas ici la volonté de bien soigner les gens qui manque et ce ne sont pas non plus les compétences, ce sont les moyens… Quand on pense que le Kenya fait partie des pays « riches » en Afrique…

Nous repartons à trois sur le taxi moto, ce n’est pas ce qu’il y a de plus raisonnable mais il faut être pragmatique, c’est ça ou une heure de marche en plein soleil!

Taxi moto

L’après midi le moral est bon, j’ai eu peur pendant un moment de devoir rentrer en France pour me faire soigner… Finalement plus de peur que de mal, je vais me faire enlever les points dans une semaine et je dois bien prendre soin de ma paume pour que la plaie reste saine jusqu’au changement de pansement mardi. Je n’ai par miracle presque rien aux jambes, j’espère pouvoir recourir mardi si le docteur n’y voit pas de problème.

Bilan de cette semaine riche en expériences en tous genres :

  • 48 kilomètres de course
  • 60 kilomètres de vélo
  • Une nouvelle coupe de cheveux
  • 4 points de suture.

J’ai hâte d’être mardi, je vais profiter de lundi pour me reposer, et revenir avec des jambes neuves. Le moral est bon et j’ai maintenant Sylvain avec moi pour me motiver, il vaut 1h19 sur semi, un très bon chrono par rapport à moi qui vaut 1h30, on pourra quand même faire quelques belles sorties ensemble je pense ! Vivement mardi, j’espère vraiment pouvoir courir sans que cela soit un problème pour mon bras !

Kenya 2018 – Préparation & Voyage

wing-plane-flying-airplane-62623.jpegLes billets d’avion :

On vit vraiment à une époque géniale quand on y pense. J’étais seul dans ma cuisine, il devait être à peu près une heure du matin quand les yeux fatigués mais la tête pleine de rêve je décide enfin de faire ce voyage au Kenya. Ni une ni deux je réserve mes billets, au beau milieu de la nuit je me lance dans un benchmark des différentes compagnies proposant Paris-Nairobi, si possible en vol direct. A ma grande surprise la réponse est OUI, Paris-Nairobi avec Air France en plus! En décalant un peu mes jours de départ et d’arrivée je trouve un billet A-R pour 420€, en cherchant un peu je retrouve un coupon de réduction de 50€ valable chez Air France. Résultat final 370€, je ne pensais pas m’en tirer à si bon compte!

Reste maintenant à réserver le vol interne Nairobi-Eldoret. Le vol dure environ 50 minutes et s’effectue en coucou de 15-20 places. Je regarde les compagnies recommandées par le centre d’entrainement dans lequel je vais séjourner. Les sites sont étonnement moderne, bien traduits et clairs. Je réserve mes billets A-R pour environ 70€, je commence déjà à mesurer la différence de prix entre le Kenya et la France…

Les Vaccins :

Une fois les billets réservés je me renseigne un peu sur les voyages en Afrique et bien sûr au Kenya. Je tombe tout de suite sur les recommandations sanitaires pour les pays en voie de développement. A première vue ça n’est pas très rassurant, on a tendance à oublier que l’on vit dans un pays à la situation sanitaire plus que satisfaisante. Ce n’est malheureusement pas le cas du Kenya. Eau non-potable, maladies endémiques graves, malaria, fièvre jaune, je relativise un peu en me disant qu’une prophylaxie efficace existe pour chacune. Avec mon médecin nous nous renseignons sur Iten, la vallée du rift et la région de l’Elgeyo-Marakwet. Je vais donc me faire vacciner contre la fièvre jaune, la méningite, et effectuer mon rappel du DTP. En plus de ça je prendrai des médicaments pour prévenir le paludisme, Iten est situé à 2300m d’altitude, le risque de contracter le paludisme est faible mais je risque de vouloir faire quelques safari lors de mes journées de repos. Pour me renseigner sur tous les vaccins et les risques sanitaires, le site de l’institut pasteur a été une mine d’information, je vous le conseille pour préparer vos futurs voyages comportant des risques sanitaires. Au final la consultation chez mon médecin, le vaccin contre la fièvre jaune (uniquement possible dans les centres de vaccination internationaux) et les autres vaccins et médicaments m’auront coûté environ 200€… La tranquillité à un prix! A cela je dois rajouter le visa Kenyan d’une quarantaine d’euros.

La Valise :

J’ai décidé de faire simple, je partirai avec mon sac à dos Duffle The North Face et un grand sac cargo type sac de transfert militaire. Pas de valise à coque dure ou a roulettes donc. Cela sera un peu moins pratique à porter mais je n’ai pas prévu d’emporter des tonnes d’affaires, quelques livres, mon ordinateur et des vêtements de sport avec quelques vêtements chauds. Ce qui risque de prendre le plus de place ce sont certainement mes chaussures. J’ai prévu d’en emmener au moins 4 paires pour courir, je ne sais pas trop à quoi m’attendre niveau terrain et j’ai envie d’amener des chaussures légères pour pouvoir faire du fractionné. Quelques shorts et une tenue pour sortir, le plus simple sera le mieux. Je m’en tire avec 18 kilos de bagages en tout, pas ce que j’appelle light mais pour un mois ça reste raisonnable.

Le Voyage :

Après quelques heures de vol j’atterris à Nairobi, il est 6 heures du matin et le ciel est très gris, on dirait qu’un orage vient de passer. J’ai 7 heures de correspondance avant mon prochain vol pour Eldoret au nord du pays. Heureusement je trouve un café à l’aéroport avec du Wi-Fi, je prend tout de suite mes aises et m’installe à l’une des nombreuses tables vides. J’en profite pour envoyer quelques mails et donner des nouvelles à ma famille.

Après pas mal de temps passé à attendre, l’heure est enfin venue d’embarquer dans le petit avion qui m’amènera à Eldoret! C’est probablement le plus petit avion que j’ai jamais pris!

Avion Eldoret Iten

Le vol se passe bien et nous atterrissons à 15h, reste encore une heure de route jusqu’à Iten.

Me voilà enfin arrivé sur le centre d’entrainement, malheureusement c’est un peu la saison creuse pour le centre et pour le moment (pour deux jours apparemment) je suis le seul à ne pas être Kenyan. Le centre est un peu triste sans personne, je me dis que cela ne durera pas et que de toute façon je suis venu ici pour rencontrer des Kenyans et courir, pour ça il y a déjà tout ce qu’il faut! Je demande à Dan l’un des intendants du centre si il peut m’emmener courir demain, il me dit que c’est OK pour lui même si il a l’air dubitatif sur ma capacité à le suivre. Il a probablement raison, j’ai entendu dire qu’au Kenya il n’est pas rare pour un coureur de pouvoir courir un marathon autour des 2h30…. Nous verrons bien demain matin, le rendez-vous est donné à 7h devant le restaurant du centre, j’ai hâte!