Triathlon de Paris 2019

Le 30 juin 2019, 7 ans après mon premier triathlon, je participais pour la deuxième fois au Garmin Triathlon de Paris. Retour sur cette course magnifique au coeur de Paris.

Pas de pression

Depuis le Marathon de Paris en Avril dernier, je n’ai plus de plan d’entraînement, pas d’objectif proche et donc aucune pression. Je me contente de courir, nager, faire du vélo et un peu de musculation quand bon me chante et que le temps s’y prête. C’est une période clef de ma saison durant laquelle je me contente de maintenir mon niveau de forme mais où je fais aussi le plein de motivation pour mes objectifs à venir. Impossible pour moi d’être en permanence en préparation et de faire des sacrifices toute l’année. Impossible également d’arrêter le sport, même durant cette période de relâchement je fais entre 5 et 6 séances par semaine, la différence c’est qu’aucune séance n’est forcée ou indispensable. Je remplace facilement un sport par un autre lorsque des amis ou collègues me proposent d’aller courir ou faire du vélo, je reporte volontiers une séance si je suis fatigué ou s’il pleut, chose impensable lorsque je prépare un objectif.

C’est donc avec plus d’envie que de préparation que j’aborde ce triathlon, je sais que je n’ai pas assez nagé, que mes transitions ne sont pas rodées, mais aussi que mentalement je suis en pleine possession de mes moyens. La seule inconnue sera la météo, il a fait très chaud toute la semaine avec des températures dépassant les 35 degrés. À tel point que certains pneus de vélos ont explosé dans la zone de transition la veille de la course!

La course démarre toujours la veille

Courir un Triathlon demande une logistique particulière. Impossible de se pointer comme une fleur 10 minutes avant le départ comme j’ai l’habitude de le faire. Cette fois il a fallu rassembler toutes mes affaires de natation, vélo et course puis aller déposer mon vélo dans la zone de transition, repérer les lieux, disposer mes affaires pour ne pas perdre de temps pendant la course.

Je ne suis pas un habitué du Tri et ça se voit. Le matin de la course j’arrive juste avant 7h30 dans la zone de transition alors que le départ est à 8h à 20min de marche… Je dépose en vitesse mes affaires de course à pied et de vélo. Je cherche un point d’eau pour remplir mon bidon vélo… il n’y a pas d’eau dans la zone de transition ! Je courre partout dans le parc de la Villette pour trouver une fontaine jusqu’à ce qu’un bénévole de la course accepte de me donner deux petites bouteilles d’eau du ravitaillement.

Top départ !

Il est 7h45 quand je suis enfin prêt, je rejoins la zone de départ en courant, pas besoin de m’échauffer du coup ! Arrivé dans la zone de départ je trouve enfin mon SAS, enfile mon bonnet et mes lunettes. Plus que quelques minutes et le départ sera donné!

Natation pas au top

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La partie natation se déroule dans le canal de L’Ourcq et se termine vers Les Halles de la Villette. Je saute dans l’eau depuis le quai sans vraiment plonger ni être droit. A l’image de mon entrée dans l’eau, la partie natation est un peu confuse. J’ai peur de ne pas nager droit et de perdre du temps à faire des zig zag, résultat je sors beaucoup trop souvent la tête de l’eau! Ca me ralentit et je me fais rattraper par des concurrents de la vague d’après. Durant toute cette partie je n’arrive pas à trouver mon rythme, les autres concurrents ne m’aident pas, nager en peloton demande quelques réflexes que je n’ai pas ! Je sors enfin de l’eau en 35min40 pour 1600m, vraiment pas top même pour mon niveau. Je suis 715ème sur 2200 à l’entrée de la zone de transition.

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Vélo au top !

La bonne nouvelle c’est que les deux épreuves suivantes sont pour moi beaucoup plus familières ! Le vélo part de la Villette pour rejoindre le bois de Boulogne par les quais puis revient par la partie basse des quais de la rive droite. A peine sur mes deux jambes je commence à doubler des concurrents. Je me sens très bien et rejoins rapidement mon vélo. J’enfile machinalement mon casque puis mes lunettes et enfin ma ceinture porte dossard. Je décroche mon vélo du rack et commence à courir en direction de la sortie avec mes chaussures de vélo à la main. Une fois sorti de la zone de transition je suis déjà 525ème, presque 200 places de gagnées! J’enfile rapidement mes chaussures et commence à remonter le flot de coureurs. Je me sens vraiment bien quand deux coureurs me passent à toute vitesse. Je profite de leur aspiration pour les suivre, les deux gars sont vraiment très costauds, le début du parcours comporte beaucoup de virages avec des relances pourtant nous roulons à plus de 45KM/H ! Je ne pilote pas assez bien mon vélo pour arriver à les suivre dans les virages, je dois relancer à chaque fois pour revenir dans leurs roues quand après un virage particulièrement mal négocié de ma part je me fais distancer. Je recommence à rouler seul cette fois autour des 36KM/H ce qui me permet toujours de doubler beaucoup de concurrents. Aux alentours du KM5 un autre coureur passe à côté de moi un peu plus vite, je m’accroche une nouvelle fois à sa roue. Très vite nous nous retrouvons à trois puis quatre. Au début je laisse deux autres coureurs se relayer et me contente de suivre. Puis l’un d’eux me fait une réflexion, c’est de bonne guerre alors je passe devant à mon tour et commence à prendre des relais. Nous avançons bien ! Sur la première moitié du parcours le vent est contre nous, nous roulons autour des 38-39KM/H mais nous ralentissons beaucoup dans les virages, n’est pas coureur du tour de France qui veut ! Et personne n’a envie de tomber à cette vitesse….

Sur le retour le vent est avec nous, le parcours aussi, une fois quitté le bois de Boulogne la route est bonne et comporte peu de virages, nous prenons des relais à plus de 40KM/H, sur les quais en bas de l’hôtel de ville ma montre indique même une portion de 5KM à 46KM/H ! Une vitesse digne du Tour de France !

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A mon tour de bosser un peu !

Sur les deux derniers kilomètres je décide de couper mon effort en prévision de la course à pied. Je met un braquet plus petit et fais tourner les jambes, j’en profite aussi pour boire et me vide le reste de mon bidon sur la tête. Le reste du groupe fonce à toute vitesse et en quelques secondes je ne les vois plus. Mon choix se révèlera le bon car je les rattraperai tous dans la zone de transition ou sur le début de la partie course à pied.

Retour dans la zone de transition je suis maintenant 259ème! Tout ça grâce à une bonne collaboration sur le vélo. C’est déterminant sur le format olympique où le drafing (rouler en file indienne) est autorisé, à tel point qu’aux JO certaines nations envoient des athlètes uniquement dans le but de protéger leur favori, à la manière de ce qui se passe sur le Tour de France.

Place à ma discipline de prédilection : La course !

Encore une bonne transition, je suis maintenant 235ème !

Le parcours consiste en un aller retour de 5KM le long du canal de l’Ourcq. L’épreuve sprint et l’épreuve Olympique se côtoient, la première consistant en un aller retour de 2,5KM sur le même parcours. Difficile donc de savoir qui est sur quelle distance. Je double pas mal de concurrents mais me fait aussi doubler. Autour de 2ème KM je croise le premier qui en est donc déjà à son 8ème kilomètre ! Puis quelques minutes plus tard le second et le troisième. Impossible de savoir ensuite si ce sont des coureurs du sprint ou de mon épreuve.

Le début de la course est un peu compliqué, j’ai les jambes lourdes à cause du vélo, je me sens de mieux en mieux et arrive finalement à me stabiliser autour des 4min20/KM. Au 5ème kilomètres je fais demi-tour et commence à scruter les autres concurrents, j’aperçois alors deux des trois coureurs avec qui j’ai fait la partie vélo. Ca me booste le moral de savoir que je suis passé devant !

Il fait très chaud, malgré les lances à incendie disposées sur le parcours je suis en surchauffe ! J’ouvre ma trifonction mais cela ne change pas grand chose. L’arrivée n’est plus très loin, je prends mon mal en patience et décide de ne pas m’arrêter au dernier ravitaillement. A partir du 8ème kilomètre je retrouve de nouveau les participants du format sprint (500m de natation, 20KM de vélo et 5KM de course). Tous ne vont pas très vite et je dois donc faire des zig zag sur un parcours très étroit !

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Enfin l’arrivée se fait sentir, les kilomètres sont finalement passés assez vite comparé à un marathon, cela fait déjà plus de 2h30 que je suis en course mais je ne le sens pas. J’accélère et passe la ligne d’arrivée quand je suis pris d’une violente crampe derrière la cuisse. Je commence à me plaindre à voix haute et m’aperçois alors que la fille à côté de moi est une para-triathlète à qui il manque la partie inférieure de la jambe gauche. Je me sens un peu bête ! Je la félicite et décide de souffrir en silence…

Résultat final 2H32’46 » et 151ème sur 2209 ! Ce résultat est plus que satisfaisant pour moi ! Je me suis fait plaisir sans trop penser au chrono mais ce dernier est tout de même au rendez-vous ! J’envisage sérieusement d’intégrer un ou plusieurs triathlons la saison prochaine tellement c’était agréable !

Marathon de Paris 2019 Partie II : Fin de préparation & Marathon

Ici la deuxième partie de ma prépa Marathon, pour le récit de ma course rendez-vous directement en bas de page.

Après l’effort le réconfort :

Après une matinée sportive où j’ai couru le semi de Paris (lien vers l’article ici), je prends le train direction Bellegarde. Avec un ami nous partons faire un stage de biathlon. Je pense que c’est idéal pour faire un  peu de volume tout en travaillant des muscles différents. Nous dormons à Bellegarde une nuit avant de rejoindre le reste du groupe UCPA pour monter à la Pesse. Cette petite station du Haut-Jura offre un domaine de ski de fond parmi les plus grands de France. Nous faisons connaissance avec le groupe et Loïc qui sera notre moniteur pour la semaine. Nous sommes tous plus ou moins débutants en ski de fond. L’idée pour moi est vraiment de faire une semaine relax après le semi de Paris. Manque de chance il y a d’autres coureurs dans le groupe et une fois les rudiments de ski de fond classique acquis, nous nous en donnons à coeur joie dans les montées et les descentes pour savoir qui sera le premier ! L’ambiance du groupe est très bon-enfant, Loïc le moniteur nous laisse assez libre pour que nous allions à notre rythme, le matin nous faisons du tir à la carabine tous ensemble et l’après-midi nous nous séparons en deux groupes : les « têtes brûlées » et les autres. De têtes brûlées nous n’avons que le nom (donné par le moniteur), nous compensons notre manque de technique par la condition physique, le style n’est pas très esthétique mais l’envie est là ! Tout le monde y trouve son compte et c’est bien l’essentiel.

Fin de préparation difficile :

Retour à Paris après une semaine de ski, si je suis ravi de mon séjour, je me rends compte que ce n’était pas vraiment optimal au niveau de ma préparation. Je n’ai pas vraiment récupéré de mon semi et je n’ai pas non plus développé mes capacités durant cette semaine. Je reprends donc ma préparation avec de la fatigue inutile. Obligé de reporter des séances de fractionné et des sorties au seuil. J’essaye tant bien que mal de garder le cap et de faire mes séances mais le corps dit stop. Je tombe malade, je continue à courir et je me fais une petite entorse à trois semaines du Marathon… Parfois il faut savoir ralentir.

Sur la fin je laisse donc passer pas mal de séances que je remplace par des sorties à vélo. Les deux dernières semaines sont quand mêmes mieux, je retrouve petit à petit des sensations, mes jambes sont fraîches, je me sent prêt à courir! Pour autant l’objectif de 3 heures semble très très difficile à atteindre. J’hésite beaucoup à me rabattre sur un objectif secondaire, l’envie d’accomplir l’exploit et il faut aussi le dire, les encouragements de mes collègues et amis dans mon objectif me font finalement rester sur mon objectif initial de 3 heures. L’allure cible sera donc de 4min15/KM soit 14,1KM/H pendant 42KM, ça va piquer !

 

Marathon de Paris 2019 :

7 heures du matin, mon réveil sonne mais je ne dormais déjà plus depuis un moment, pas difficile de sortir du lit donc. Je m’habille rapidement en enfilant ma tenue de course, je regarde la météo, il devrait faire frais, presque froid aujourd’hui. Mes deux dernières participations au marathon de Paris ont été marquées par des températures élevées, presque estivales. Cette fois-ci c’est le contraire, il ne devrait pas faire plus de 5 degrés sur le parcours. Je ne suis pas plus inquiet que ça pour la température, ma préparation s’est déroulée pendant l’hiver, même si il n’a pas été très rigoureux je suis habitué à courir par temps frais, ça ne devrait pas me pénaliser.

Par confort je commande un UBER pour me rendre sur le lieu de consigne avenue Foch, à mon arrivée il y a une foule de coureurs qui attendent pour rentrer dans la zone, le vigile nous fait attendre. Il est 8 heures et le départ à lieu dans 25 minutes pour mon SAS, sachant qu’il faut dix minutes pour se rendre sur la ligne de départ et que je ne suis pas prêt de rentrer avec tout ce monde, ça va être compliqué! Avec un autre coureur de mon SAS nous demandons aux autres coureurs si  nous pouvons passer devant en montrant nos dossards, la plupart ne partent que dans une heure ou plus et acceptent de nous laisser passer. Reste à convaincre l’agent qui ne veut rien entendre, finalement sous la pression des autres coureurs qui tentent de lui expliquer la situation il nous laisse enfin entrer. Je dépose mon sac en vitesse et commence à trottiner en direction du départ. L’avenue des Champs-Elysés est pleine de coureurs. Difficile de se frayer un chemin, les gens sont vraiment très en avance par rapport à l’heure de départ de leurs SAS. J’arrive enfin dans le SAS objectif 3 heures. Il est 8h20, le départ est dans 7 minutes ouf !

Top départ !

C’est mon 5ème marathon sur route, la 8ème fois que je pars pour une distance de plus de 40KM. Pourtant un départ de marathon c’est toujours un moment un peu spécial, je n’ai plus le même petit pincement aux tripes qu’à mon premier marathon ou mon premier trail mais je savoure toujours ces premiers mètres un peu particuliers.

KM 1 à 5 – 21min57

Nous sommes place de la Concorde, je suis maintenant rentré dans ma course, ça court vite autour de moi, je ne m’affole pas, sans regarder le chrono je sais que je suis bien. Nous empruntons la rue de Rivoli avant de bifurquer vers l’Opéra Garnier en passant par la place Vendôme. Cette modification du parcours est tout simplement magnifique, la quiétude de la place Vendôme est amplifiée par la fraicheur matinale et le flot de coureurs silencieux. Si Paris n’est pas le marathon le plus rapide de France, c’est en revanche l’un des parcours les plus beaux, nous passerons devant de nombreux monuments, à ce stade de la course je peux encore en profiter pour les admirer et je ne m’en prive pas!

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Bientôt le 5ème kilomètres, je ne suis pas exactement dans le rythme, par experience je ne cherche pas à forcer l’allure, pour quelques secondes par kilomètres ça ne vaut pas le coup. Si j’ai le chrono dans les jambes je pourrai rattraper le temps à un moment ou un autre de la course. L’essentiel en ce début de course est de courir complètement détendu et de se fier aux sensations.

KM 6 à 10 – 21min21 – 43min18

Toujours pas dans le rythme mais les sensations sont bonnes, j’ai 48 secondes de retard sur le tempo pour faire 3 heures. Je ne m’inquiète pas plus que ça mais le retard ne doit pas trop augmenter si je veux espérer rattraper sur le deuxième semi. A Berlin j’avais parcouru le deuxième Semi en 1min30 de moins que le premier. Pas de panique donc mais il ne faut pas s’endormir, l’entrée dans le Bois de Boulogne comporte une petite côte autour du KM35 qui fait perdre quelques secondes aux marathoniens déjà bien fatigués à ce stade de la course.

 

KM 11 à 15 – 21min42 – 1h05min

C’est la partie de la course que j’apprécie le moins, le début du Bois de Vincennes, pas de spectateurs, pas de paysage, on est encore loin de l’arrivée mais plus tout à fait au début. Rien d’intéressant ici donc, je suis complètement dans ma bulle et ne me rappelle pas de grand chose de cette partie.

KM 16 à 20 – 21min32 – 1h26min32

La fin du Bois de Vincennes est beaucoup plus agréable, même si nous ne sommes pas encore à la moitié du parcours, nous commençons à courir dans la direction de l’arrivée. Le temps est vraiment idéal, il fait beau mais pas trop chaud, très peu de vent, quelle chance ! Sur la sortie du Bois les spectateurs sont là en nombre, il y a une foule compacte, des concerts de partout, la course bat son plein!

KM 21 à 25 – 21min49 – 1h48min21

Je passe au Semi en 1h31min11sec, je me sens vraiment très bien. L’objectif des 3 heures est fragile mais rien n’est joué, à ce moment je suis hyper motivé, je ne m’emballe pas pour autant, la route est encore longue. Un marathon quand il est bien couru se joue dans les 10 derniers kilomètres. Un de mes amis avec qui je fais régulièrement du trail me rejoint sur les quais, nous courons quelques centaines de mètres ensemble mais sa blessure au genoux l’empêche de m’accompagner sur la deuxième partie du parcours comme nous l’avions initialement prévu. Je le quitte plein d’énergie pas longtemps avant de rentrer dans le dans le tunnel des tuileries.

KM 26 à 30 – 24min53 – 2h13min14

Je subis une baisse de régime peu après avoir laissé mon ami, je suis désormais sur les bases de 3H06 mais je ne me sens pas bien. L’objectif des 3H m’a échappé sans me laisser une chance. Je commence à avoir mal au ventre je décide de marcher quelques pas lors d’un ravitaillement pour gérer. La fin de course s’annonce difficile.

KM 31 à 35 – 28min07 – 2h41min21

De plus en plus compliqué de tenir une allure correcte, je suis maintenant à moins de 12KM/H une allure de footing lent d’habitude, pourtant impossible d’avancer. Un collègue m’attends au KM 30, on s’était donné rendez-vous pour qu’il me boost jusqu’à l’arivée mais en me voyant il comprends tout de suite que le challenge sera plutôt de limiter la casse.

KM 36 à 40 – 28min47 – 3h10min08

Avec l’aide de Maxime j’avance tant bien que mal, j’ai quelques sursauts ou j’essaye de reprendre un rythme de course, de me mettre dans un état second qui me permettrait d’oublier la douleur. Rien n’y fait, à chaque fois au bout de quelques centaines de mètres je dois ralentir. J’ai terriblement mal aux jambes et le souffle court, que ce soit le premier ou le 5ème, finir un marathon c’est une épreuve mentale hors norme.

Enfin l’arrivée !

Maxime m’encourage avant de quitter le parcours qui est maintenant réservé aux coureurs, sa présence m’a fait du bien. En regardant ma montre je vois qu’il est encore possible de finir sur les bases de mon record perso établi quelques mois plus tôt à Berlin. Parfois il faut savoir accepter la réalité, limiter la casse ne sera déjà pas si mal pour aujourd’hui. Je passe la ligne en 3H22, comme à Berlin donc mais en ayant réalisé une course complètement différente. Je commence déjà à prendre les leçons de cet échec, il m’a manqué des sorties longues à allure Marathon. Je n’en ai réalisé que 3 ou 4 alors qu’il m’en aurait fallu 6 ou 7 pour être sûr de mon objectif. Je prends quand même ma médaille avec plaisir et fierté, je n’oublie pas que je viens de terminer un marathon !

Marathon de Berlin 2018 – Encore un record de battu !

Une fois de plus la course de tous les records !

Le marathon de Berlin est mondialement connu pour les records du monde qui y sont régulièrement battus. Cette édition 2018 ne fait que confirmer cette règle. Eliud Kipchoge après plusieurs tentatives infructueuses (Breaking 2 by Nike, Marathon de Berlin 2017, Marathon de Londres 2018) inscrit son nom dans l’histoire de la plus belle des façons, 2H01’39 », impérial et intouchable (Amos Kipruto terminera 2ème en 2H06’23 » et Wilson Kipsang 3ème en 2H06’48 »).

Voici le récit de ma participation à cette course historique :

H – 2 : Maintenant tout commence

6h55, mon réveil sonne et je ne met pas longtemps à émerger de mon sommeil. Je n’ai pas de pression mais je suis prêt mentalement pour repartir dans l’aventure marathon. Cette fois j’aurai la chance de courir avec deux amis qui ont fait le déplacement avec moi. Sans tarder je met ma tenue de course, elle se compose simplement d’un short de trail Kalenji (cela me permet de transporter mon téléphone et 3 gels d’effort) et d’un nouveau T-shirt en synthétique basique (j’ai déchiré mon T-shirt fétiche lors d’une chute en VTT au Kenya). Côté chaussures je courre avec des Inov8 F-lite. Ce sont des chaussures de CrossFit à l’origine mais j’aime le côté « proche du sol » que confère le drop de 0mm. Le drop c’est la différence entre l’avant et l’arrière de la chaussure, 0mm signifie donc une chaussure plate, légère mais également sans amorti. Ma foulée est bien entendue adaptée à ce type de chaussures, pour beaucoup de monde impossible de courir en 0 drop et pour moi c’est l’inverse!

7h10 je suis prêt, dossard sur le ventre et sac de consigne pour l’après-course fermé. Je descend prendre un petit déjeuner très léger. Un café et deux tartines. J’ai l’habitude de courir à jeun sur de longues distances et je préfère ne pas m’encombrer l’estomac avant de partir pour plus de 3 heures de course.

7h45 Davy et Nicolas sont prêts et nous quittons l’hôtel. Idéalement choisit par Davy, il se situe à 3 petits kilomètres de la ligne de départ. Nous partons en direction de la porte de Brandebourg en marchant puis nous nous mettons à courir dans un rythme de footing très léger. Je ne suis pas en totale confiance, j’ai l’impression que c’est déjà difficile, je me dis que c’est à cause du sac et m’efforce de penser à autre chose. Nous arrivons dans l’immense zone de départ, nous partons chacun poser nos sacs respectifs dans la zone de consigne qui correspond à notre numéro de dossard. Nous nous rejoignons ensuite pour rejoindre la ligne de départ.

H – 30 min : L’attente

Nous voilà dans le sas de départ, contrairement à la France (je me base surtout sur mon expérience du marathon de Paris et du Marathon de Nice), il n’y a que très peu de contrôles et pour être honnête ça fait du bien! Nous n’avons pas eu trop de mal à trouver notre sas et pas de difficultés pour y rentrer.

Le speaker présente le plateau, c’est énorme ! Un ancien recordman du monde, le meilleur coureur de marathon actuel et une ribambelle d’outsiders qui ne pensent qu’à une chose, GAGNER !

l’attente est longue mais nous sommes habitués, ça finira bien par passer, en attendant je me demande toujours à quel rythme partir, j’essaye de m’échauffer un peu, j’allume mon GPS,bref je m’occupe comme je peux.

H – 0 : Le départ

C’est parti pour 42KM, je lâche les jambes et me laisse partir avec la foule de coureurs, Davy et Nicolas ne sont pas loin. Je récupère la ligne bleue au bout de quelques centaines de mètres et je ne la lâcherai plus jusqu’à l’arrivée (c’est le chemin le plus court, 42,195 KM exactement). Nicolas se détache très vite de Davy et moi, nous lui souhaitons une bonne course, il terminera en 3H16 après avoir couru le premier semi en 1h23. Tout ça deux semaines après avoir terminé l’UTMB ! Une sacrée machine…

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H + 1 : Le début

La montre viens d’indiquer 1H pile de course, elle indique également 13KM mais je viens de passer le panneau 12KM il y a quelques minutes à peine. j’ai 500 bons mètres d’avance sur le GPS. J’ai pourtant suivi la ligne bleue sans faire trop de zig zags, c’est donc le GPS qui doit avoir un léger décalage, pas de panique. Aujourd’hui le GPS est un simple indicateur, je pourrai sûrement m’en passer en fait. les kilomètres sont tous indiqués, un simple chronomètre suffirait. Je trouve le temps long, le parcours est ultra-plat et ne demande pas de relance en raison du tracé très rectiligne. Les quartiers par lesquels nous passons ne présentent pas grand intérêt. Berlin est une ville à l’architecture globalement assez triste à quelques exceptions près, on sent le poids du passé dans de nombreux quartiers et avenues. Davy est à côté de moi, nous échangeons quelques mots de temps en temps.

H + 1h30 : Toujours rien à signaler

Je continue mon bonhomme de chemin, les kilomètres défilent au rythme souhaité, parfois le GPS indique une petite baisse de vitesse, je reste vigilant. Pas envie de perdre du temps mais je fais attention à ne pas trop m’emballer non plus, nous ne sommes qu’au 18ème kilomètres.

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Courir ou sourire il faut choisir !

H + 1h41’36 » : Passage au Semi

La course commence enfin, je suis dans un bon rythme, je n’ai pas vu Davy depuis un moment. Il prend plus de temps que moi à chaque ravitaillement mais reviens toujours sur moi au bout de quelques minutes. Je me dis qu’il doit courir quelques centaines de mètres devant ou derrière, je ne me fais pas de soucis pour lui, il vaut juste un peu plus de 3 heures sur marathon, mon allure correspond pour lui à un footing en endurance.

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Côte à côte dans l’effort, partager un marathon avec un ami c’est quelque chose de très fort!

H + 2H01’39 » : Record du monde !

Je ne le sais pas encore mais Eliud Kipchoge vient de battre le record du monde ! Je suis dans le 25ème kilomètre, tout se passe pour le mieux. Le rythme est excellent, je cavale comme il faut, je fais tout de même attention à ne pas m’emballer. Je redoute un gros coup de fatigue à partir du 30 ou 35ème kilomètre. Patience et prudence donc.

H + 2H25′ : C’est maintenant ou jamais !

Je viens de passer le 30ème kilomètre et je me sens toujours au top ! Maintenant j’arrive sur plusieurs kilomètres en faux plat descendant, pas question de rater l’occasion! Je me place dans un rythme de 4:30-4:35 au kilomètre, soit plus de 13 km/h. Je n’ai jamais couru à une telle vitesse lors d’un marathon mais je me sens super bien. Le public est là en nombre, il fait beau mais pas trop chaud. C’est l’euphorie, je remercie les musiciens qui nous encouragent avec leurs instruments, je tape dans les mains des gosses sur le bord de la route, j’ai le smile, je prend un max de plaisir!

H + 2H47′ : Maintenant tenir

Mon moment d’euphorie à duré assez longtemps, maintenant il me reste 7 kilomètres à parcourir. Je sens une petite baisse de régime mais je suis encore au dessus de mon allure moyenne, je suis même encore dans les clous pour passer sous les 3h20! Au fur et à mesure ça se complique. Je me fais violence, pas de panique le marathon c’est un footing de 35KM suivit d’un sprint de 7 kilomètres !

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Ambiance sur les derniers ravitaillements…

H + 3H16′ : C’est fini ! Enfin presque

J’ai passé un 40ème kilomètre très difficile, 5:16 c’est lent, très lent. Maintenant il ne reste plus que 1200m, je me remet dedans, j’essaye de me motiver en doublant des concurrents, j’ignore ceux qui me doublent. Nous arrivons sur la dernière ligne droite, on aperçoit la porte de Brandebourg, c’est le déclic dans ma tête. Je sais que c’est fini, plus de gestion d’effort maintenant, il ne reste plus qu’à avancer le plus vite possible! Le passage sous la porte est un moment assez magique, on voit l’arche d’arrivée, la foule encourage les coureurs, le soleil m’éblouit, on se croirait un peu dans un film. Les derniers mètres sont spéciaux, j’ai l’impression d’être tout seul, tout le monde accélère et le peloton dense est maintenant assez effilé.

H + 3H22’15 » Nouveau record pour moi aussi !

Je passe la ligne d’arrivée le sourire jusqu’aux oreilles, j’ai profité à fond de ma course, j’ai pris du plaisir dans l’effort et j’explose mon ancien record d’un peu plus de 7 minutes! Davy arrive quelques minutes après moi, pas très bien préparé pour cette course il a préféré la jouer safe à cause d’une douleur au pied, il termine tout de même en 3H31′ ce qui est loin d’être un mauvais chrono!

Epilogue :

Après avoir retrouvé mes deux compères, nous nous installons tous les 3 sur l’immense esplanade de la république, c’est un gros point positif de ce marathon : un endroit pour se poser une fois la course terminée. Les gens profitent du soleil et récupèrent, le tout dans une ambiance de fête à l’allemande, Bretzel et bière (sans alcool malheureusement) sont au rendez-vous!

J’engloutis plusieurs Bretzel ainsi que toutes les sucreries de mon sac d’arrivée. Je porte fièrement la médaille de mon 4ème marathon autour du cou et je pense déjà au prochain! Nous finissions l’après-midi par un Mcdo à la gare de Berlin, le besoin de relâcher la pression et de se faire plaisir à été plus fort que la raison, pour mon plus grand bonheur!

Marathon du Mont-Blanc 2018 : Mon premier « vrai » Trail

Une course qui s’annonce difficile !

Nous sommes samedi soir et je termine mon sac pour le marathon du Mon-Blanc. J’ai décidé de dormir au centre UCPA d’Argentière qui proposait aussi un stage de reconnaissance du parcours. Je n’aurai pas à gérer la logistique d’avant et après course (où déposer les bagages, comment se rendre au départ etc…).

C’est tant mieux car les conditions de course s’annoncent compliquées, on annonce 30°C en fond de vallée à partir de 10H et un peu plus de 20°C à 2000 m, le départ étant à 7H du matin, je serai tranquille sur la première partie mais la seconde partie sera un vrai four!

Autre difficulté, je n’ai plus de chaussures de trail! Je suis allé faire un footing léger pour me dégourdir les jambes et j’ai troué mes chaussures de trail déjà assez fatiguées. Il est 19h30, impossible d’en acheter de nouvelles avant demain matin…. Je ne sais pas trop quoi faire, j’ai une autre paire de chaussure de sport que j’utilise pour courir sur route mais à la base ce sont des chaussures de CrossFit! Aucun amorti, pas de crampons, bref pas top! Je décide quand même de courir avec ça car mes chaussures de trail sont vraiment trop abimées, je risquerai de me couper les pieds dans les graviers ou sur des rochers pointus.

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Pour le sac je fais au plus simple, je me contente du matériel obligatoire (veste imperméable, couverture de survie, gobelet réutilisable pour les ravitos, réserve d’eau de 50cl et téléphone portable en état de marche), quelques pâtes de fruit pour les ravitaillements, ça fait déjà beaucoup de poids et je pense sérieusement à investir dans du matériel ultralight un de ces jours.

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Départ canon dans le plus beau des cadres

Il est 6 heures 45 du matin mais la place du triangle de l’amitié en face de l’église de Chamonix est déjà pleine. Les coureurs sont déjà là pour la plupart sauf Kilian Jornet qui prendra place exactement 45 secondes avant le départ et ça lui réussira plutôt bien puisqu’il terminera premier avec plusieurs minutes d’avance! Voir ce mec revenir de blessure et gagner « comme d’habitude » pour la cinquième fois en autant de participations c’est fatiguant mais aussi inspirant. 7 heures le départ et donné,  c’est parti pour quelques kilomètres dans les rues de Chamonix, l’ambiance est complètement dingue! Il y a des gens sur toute la partie en ville, je pars vite, boosté par la foule et la musique. Je suis à 14-15 KM/H sur les trois premiers kilomètres, je discute avec un autre coureur qui a le même rythme, il s’appelle Simon et vient de…. Chamonix. On sympathise bien mais il continue à accélérer, je suis déjà bien dans mon rythme, je le laisse partir.

Première montée

Nous sommes maintenant sorti du centre de Chamonix depuis quelques kilomètres, nous suivons une large piste 4X4, ce n’est pas encore le décor de rêve que l’on peut admirer sur les photos mais ça à le mérite de laisser ceux qui veulent doubler de le faire, la course est assez fluide pour le moment. C’est tant mieux car mon inquiétude principale est de me retrouver coincé derrière des coureurs partis trop vite. Nous arrivons dans la première montée, ce n’est pas encore trop raide mais je sors mes bâtons, j’ai décidé de les prendre alors autant les utiliser au maximum! Ce sont les bâtons de l’UCPA, des Leki en aluminium assez bien construits mais dépourvu de système pour les déplier facilement. Je mets un peu de temps à les régler à la bonne taille, je dois marcher pour serrer correctement les deux bagues et ça me fait perdre une vingtaine de place en un rien de temps. Je décide de ne plus les ranger jusqu’à la fin du marathon. Cela me ferait perdre trop de temps et surtout ça engendrerai de la frustration inutile (au bout de plusieurs heures d’effort ma dextérité sera plus proche de celle d’un gamin de 6 ans avec des moufles). La montée se passe bien, puis le parcours se transforme en un single track assez sympa et en plein milieu de la forêt. Enfin la première vraie montée se montre, c’est un gros raidillon au niveau du village d’Argentière. Maintenant la plupart des coureurs se mettent à marcher. j’essaie d’alterner marche et course mais je suis forcé de prendre le rythme de mes concurrents. Ce n’est pas plus mal car il reste encore un bon bout de chemin à parcourir!

Première descente

Après la première montée vient forcément la première descente. J’en profite pour reprendre quelques places, je n’ai pas grand intérêt pour les classements mais porter mon attention sur ça me permet de rester concentré. Nous arrivons au hameau de Tré-Le-Champ, la route passe tout près du parcours et il y a beaucoup de spectateurs, ça fait du bien! Pour l’instant la course n’est pas difficile, il reste encore beaucoup de dénivelés à grimper et de distance à parcourir mais ça fat toujours plaisir d’être encouragé! Nous passons ensuite au Col des Montets à 1460m pour descendre de l’autre côté en direction de Vallorcine, tout près de la frontière Suisse.

Vallorcine et montée aux Posettes

Nous arrivons à Vallorcine, la descente m’a un peu retourné l’estomac, je prends mon temps au ravitaillement pour remplir mes flasques et manger une première pâte de fruit. Je regarde ma montre 18KM en 1H43 pour un peu moins de 800 D+. C’est rapide! Le parcours du marathon est trompeur, j’ai beau avoir fait presque la moitié de la distance je suis très loin d’être arrivé, il reste encore 2000 D+ à gravir et le terrain qui jusque là était facile (sentiers réguliers et assez droits) va bientôt se muer en un mélange de pierres et de racines assaisonnés de soleil brûlant et de lacets des plus tortueux. Je suis en fait à moins du tiers de ma course mais j’en suis complètement conscient et mes sensations sont bonnes. A la sortie de la tente de ravitaillement c’est l’effervescence, les suisses sont venus en nombre pour faire honneur au marathon qui passe tout près de la frontière. Le son des cloches est presque assourdissant, j’en ai bien besoin car ça monte très très fort en direction du col des Posettes. Un peu plus loin la pente redevient plus clémente et je peux de nouveau alterner course et marche. La fin de la montée sur la piste 4X4 qui mène au col se fait longue. Je prends sur moi et profite du ravitaillement et des bénévoles adorables pour admirer un peu le paysage pendant que l’on me rempli mes flasques. Je ne m’attarde pas, je suis encore bien malgré les 1000 D+ que je viens de prendre depuis Vallorcine alors je ne traîne pas. J’arrive bientôt au sommet de l’Aiguillette des Posettes, le point culminant du parcours avec 2200M d’altitude. 24KM de course avalés en 2H56 pour 1800 D+ tout va pour le mieux, je suis au taquet même si c’est difficile.

Descente des Posettes – Montée et Descente du Béchar – Remontée vers la Flégère

La descente des Posettes en direction du village du Tour commence difficilement, je n’ai pas de sensations, moi qui d’habitude aime descendre comme un fou à la limite de la maitrise en faisant des grands sauts et en coupant tout droit dans les lacets. Je suis dans un faux rythme, trop fatigué pour descendre à fond je m’efforce de trottiner. Au bout de cinq minutes de descente j’aperçois un coureur étendu dans un pierrier, tout le monde le contourne parfois sans même un regard, je m’arrête à côté du gars qui s’est vraisemblablement cassé la clavicule. Le mec est au fond du gouffre mentalement mais pas en danger, je m’assure qu’il a de l’eau sur lui et que les secours ont été prévenus. Difficile de lui remonter le moral, il me demande de repartir et dis que ça ne sert à rien de rester avec lui, il a raison, je ne peux rien pour lui alors c’est ce que je fais sans tarder. Il commence à faire de plus en plus chaud au fur et à mesure que je descend. Nous sommes maintenant autour des 1600 M d’altitude, le sentier découvert se transforme peu à peu en sous-bois, il ne fait pas plus frais pour autant mais l’ombre est quand même plus appréciable que le soleil qui tape fort. Un peu avant d’arriver au Tour je me retrouve tout seul, pas un bruit, pas un spectateurs depuis 5 minutes, pas un gars devant ni derrière, je commence à penser que je me suis trompé de chemin! Pourtant je connais bien le coin et le chemin que je suis mène bien au village du Tour. Je continue donc et finit par retrouver un groupe de coureur épuisés par la chaleur en train de s’asperger avec l’eau d’un abreuvoir. Je trempe ma casquette dans l’eau fraiche et continue mon chemin, le groupe m’emboite le pas. Tout d’un coup je me sens très faible, impossible de courir, le faux plat montant m’oblige à marcher et je dois pousser fort sur mes bâtons pour ne pas perdre le rythme. Je sens l’hypoglycémie venir et je décide de faire un mini-break de 3 minutes pour manger une pâte de fruit et boire. Je me fais tout de suite doubler par le groupe. Ma stratégie est cependant payante, je les rattrape tous un par un avant d’arriver sur le ravito du Tour situé 3 KM plus loin.

Arrivé au ravitaillement du Tour je bois un coup et profite d’une table de massage pour enlever le pansement que j’ai sous le pied. Avant la course j’ai mis un bandage adhésif aux endroits ou j’ai habituellement des ampoules. Pour le moment pas d’ampoule mais je sens que ma peau chauffe. Une podologue qui aide les coureurs vient gentiment me proposer de l’aide. Elle me badigeonne le pied de crème NOK, puis en remet une couche une fois que j’ai remis ma chaussette! Je n’en ai jamais mis autant! Si la sensation est un peu bizarre cela semble toutefois fonctionner.

Montée 1

Je repars en direction du Béchar, une « petite bosse » avant la Flégère. La course devient maintenant très difficile pour tout le monde, dans les marches naturelles de la montée il devient extrêmement pénible de se hisser. Cela n’en finit pas et je commence pour la première fois à avoir sérieusement envie de m’arrêter pour me reposer. D’expérience je sais que cela ne sert à rien, si ce n’est à perdre du temps. Je suis sur un marathon, pas un ultra-trail, je peux me permettre d’aller jusqu’à l’épuisement étant donné qu’il ne reste que 14KM et 800 D+ à parcourir. Je ne dois pas aller beaucoup plus vite qu’un randonneur maintenant, j’ai déjà bu presque toute mon eau alors qu’il reste encore pas mal de temps jusqu’à la Flégère. Heureusement je connais bien le parcours et il y a un torrent plus loin où je pourrai me ravitailler. Dans la descente du Béchar qui est très technique en raison des racines et de la pente très raide, je double Simon le Chamoniard, qui a des crampes. Je lui souhaite bonne chance et continue ma descente. Le rythme est bon, meilleur qu’à la montée en tous cas, je reprends quelques coureurs qui sont passés devant à la montée. Vraiment ça m’est égal de finir avec trois places de plus ou de moins, mais pendant la course me battre contre un adversaire est beaucoup plus facile que de me battre contre mon corps qui me demande pourquoi je lui inflige tant de souffrances. Une fois la descente terminée s’annonce la dernière « terrible » montée vers la Flégère. Il n’y a rien de réellement difficile dans cette montée, si ce n’est la fatigue et la dernière partie très aride sur une large piste 4X4. On voit le ravitaillement pendant un long moment avant de pouvoir enfin l’atteindre, c’est difficile mentalement.

Enfin le ravitaillement de la Flégère, je me fais asperger d’eau froide par une bénévole, deux minutes plus tard je suis sec et j’ai de nouveau trop chaud. Je mange un peu et repars en direction de Plan Praz, l’arrivée du marathon.

La Flégère – Plan Praz

Le chemin de la Flégère jusqu’à Plan Praz consiste en un long balcon de 5-6 KM, quelques petites montées et descentes mais rien de bien méchant…. en temps normal! Je suis cuit, je pousse tellement sur mes bâtons que j’ai des crampes aux triceps! Dans les pierriers je vacille de gauche et droite, me rattrapant plusieurs fois in extremis. Je me tords les deux chevilles mais je vais tellement lentement que je ne me fais pas trop mal, ou peut-être que je ne sens plus rien? Mon cerveau en aurait-il marre de mes conneries de trail? Bref j’ai l’air d’un pitre mais je m’en fiche, la seule chose que je veux maintenant c’est finir!

Cette dernière partie du parcours est accessible en téléphérique et l’on retrouve de nombreux groupes de randonnée, surtout des japonais et des anglais. Si les premiers sont un peu surpris de croiser des coureurs parfois à la limite de l’agonie, les seconds font honneur à leur culture anglo-saxonne, les encouragements pleuvent à chaque fois que je croise quelqu’un. « Come on », « GO GO GO Antoine! », « Almost there! », ça fait plaisir!

A un moment un randonneur nous informe qu’il y a des bières à l’arrivée, tout de suite une discussion bière saucisson s’engage avec le coureur qui me suit de près depuis plusieurs minutes. Quand je pense que beaucoup de mes amis et connaissances s’imaginent que le trail est une sorte d’ascèse, que je ne mange que du quinoa et des baies de goji… Cette discussion nous fait du  bien à tous les deux mais le gars finit par me doubler, il a surement mieux géré sa course et n’est pas dans le même état d’épuisement que moi.

Enfin les derniers lacets arrivent, puis un gros névés se dresse sur ma route, la trace est bien faite et la neige pas trop dure. Je suis quand même content d’avoir mes bâtons pour ne pas tomber.

A la sortie du névé le public est là en masse, il ne reste plus que 500M avant la ligne d’arrivée, une dernière toute petite montée d’une cinquantaine de mètres, je n’arrive pas à courir, à chaque fois que je relance j’ai des crampes foudroyantes. enfin la dernière petite descente avant de remonter sur la ligne d’arrivée. J’arrive à courir, je prends mes bâtons dans une main et profite de ce moment magique. Plus de douleur, plus de crampes, je prends tout ce que je peux de cette dernière ligne droite. Enfin les 30 derniers mètres en montée (l’arrivée est située sur une petite butte en face du téléphérique). J’ai de nouveaux des crampes, un concurrent me double au dernier moment, j’entends le speaker annoncer que c’est le premier V3! C’est à dire que je viens de me faire doubler par un gars de plus de 55 ans ! Je m’en fous pour être honnête, une fois la ligne passée je le félicite, j’aimerai être encore dans cette forme à son âge, je suis en admiration.

La bière promise est bien là! je la savoure et vais m’allonger un peu plus loin dans l’herbe. Je l’ai fait! Maintenant place au repos! Ma cheville droite ne m’a pas trop fait souffrir, c’est une bonne nouvelle!

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Simplicité et convivialité

Moi qui pensait m’inscrire sur le 90KM l’année prochaine, je vais encore attendre! L’objectif 90KM reste dans ma tête mais je préfère faire une meilleure préparation sur un nouveau trail de 50-60KM avant de me lancer dans l’aventure 90K du Mont-Blanc.

 

 

10 KM Adidas 2018 – Courir aux sensations : Comment ? Pourquoi ?

Pour accéder directement au récit de la course rendez vous plus bas.

A l’heure des montres GPS et des applis de running, difficile de se déconnecter même quand on coure ! C’est un paradoxe car beaucoup de personnes qui pratiquent la course à pied le font dans le but justement de se vider la tête et de se couper de leur vie de tous les jours.

Changer ses habitudes

La première étape c’est donc de ne plus prendre avec soit sa montre GPS ou son téléphone. Plus facile à dire qu’à faire ! Pour beaucoup de coureurs, dont je fais partie, les kilomètres qui ne sont pas enregistrés dans nos applis ou nos montres ne comptent pas. J’ai plusieurs fois reporté une sortie parce que ma montré n’était pas chargée ou que je ne trouvais pas de signal GPS.

Tout ça n’est pas dramatique mais nos gadgets connectés qui sont des outils et des sources de motivations peuvent se retourner contre nous si nous ne faisons pas attention à respecter quelques principes de base. Tout d’abord ne jamais considérer la montre comme un accessoire indispensable mais comme un outil pour s’entrainer, rien de plus. Vous pouvez courir sans votre montre, c’est bête à dire mais ça se passera très bien !

La seconde étape consiste à apprendre à s’écouter et à se connaitre. Maintenant que vous courrez sans montre il vous faut prendre les informations ailleurs, en vous ! Votre souffle, votre foulée, vos muscles sont les seuls indicateurs à suivre. Prendre un parcours d’entrainement habituel et le courir aux sensations est un très bon exercice. Vous pouvez commencer par un footing cool puis ensuite faire un fartlek aux sensations. L’avantage est que quel que soit votre temps, vous aurez profité de votre séance. Contrairement à une séance programmée et suivie avec votre montre, vous ne pouvez pas rater une séance courue aux sensations.

La troisième étape est la plus intéressante à mon sens. Elle consiste à participer à une compétition en se fiant uniquement à ses sensations. Cette étape se prête particulièrement aux courtes distances. Sur 5KM ou 10KM, votre montre ne sert pas à grand-chose car ces distances exigent de courir à une haute intensité dès le début. Vous pouvez donc vous passer de votre montre sans trop prendre de risque. Ne pas prendre de montre sur un trail peut aussi être une expérience intéressante. Le trail en raison du terrain et du dénivelé ne peut être courut simplement en regardant son allure. Montre ou pas vous devez écouter vos sensations sur ce genre d’épreuve.

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Le 10KM l’épreuve parfaite pour courir aux sensations!

En résumé courir aux sensations permet de se recentrer sur votre pratique et de retrouver du plaisir à courir quel que soit votre résultat de la séance. Cela permet aussi d’apprendre à mieux se connaître. Enfin le dernier avantage et pas le moindre à mon sens est que cela préserve et booste votre motivation à long terme. Si vous arrivez à détacher votre pratique des kilomètres et du chrono vous irez plus loin car courir pour courir c’est la meilleure source de motivation sur le long terme. Plus que le chrono ou la vitesse. Pour autant ne boudez pas votre montre ou votre application favorite. Ils sont eu aussi des sources de motivation et des outils très performants lorsqu’il s’agit de préparer un objectif dans votre saison de running.

10 KM Adidas – retour d’expérience :

départ

Deux semaines après mon retour du Kenya, c’était l’occasion pour moi de tester les effets de mon entrainement en altitude. Malheureusement je m’étais foulé la cheville le lundi de la course en jouant au foot avec mes nouveaux collègues. J’ai boitillé toute la semaine mais vendredi ma cheville a enfin décidé de me laisser tranquille. Dimanche je prends donc le départ de la course sans avoir couru depuis lundi et sans avoir testé ma cheville.

Top départ ! C’est parti pour 10KM dans le centre de Paris ! Je sens ma cheville mais rien de trop méchant pour le moment, pourvu que ça dure ! Je rattrape le meneur d’allure -40min et le double assez facilement. Nous passons autour de la madeleine puis reprenons la rue de Rivoli en direction de l’Opéra. Je me sens hyper bien, je sais que je courre plus vite que mon objectif de 40 minutes. Je me sens bien alors je décide de continuer. Nous passons devant l’Opéra puis retournons longer les quais. Je croise alors les premiers qui sont aussi sur les quais mais dans l’autre sens. Hassan Chadi en tête avec déjà plusieurs dizaines de mètres d’avance, derrière Chrsitopher Carvahlo avance rapidement, je suis impressionné par l’amplitude de sa foulée. Sur le moment j’ai l’impression qu’il fait des bonds de 10 mètres ! Nous passons le kilomètre 5 et c’est maintenant à mon tour de longer les quais avec comme objectif final la Tour Eiffel.  Sur le chemin vers la dame de fer je commence à ralentir un peu, foulée est moins aérienne et mon souffle court. Pas d’inquiétude cependant, un 10KM c’est toujours comme ça, si on n’arrive pas à bout de souffle c’est qu’on a pas tout donné. Les kilomètres défilent mais je n’arrive pas à reprendre mon rythme du début. Sur la fin le meneur d’allure -40minutes me double. Je m’accroche au peloton qui ne compte plus que quelques coureurs maintenant. Je n’arrive pas à les suivre mais je continue à me faire violence pour ne pas trop ralentir. Enfin je passe la ligne d’arrivée. Le verdict arrive 3 minutes plus tard par SMS sans que j’ai eu le temps de reprendre mon souffle ! 39’40’’ c’est une minute de moins que mon record !

Avec les résultats détaillés le lendemain j’apprends que j’ai couru la première partie en 19’10’’ et la seconde en 20’30’’, je suis donc probablement parti trop vite. En revanche je n’ai pas du tout vécu ma fin de course comme les autres fois. Cette fois-ci j’ai pris du plaisir jusqu’au bout et n’ai pas eu de baisse de moral en voyant mon allure baisser. Si j’avais eu ma montre je serais surement parti moins vite mais j’aurai aussi eu un petit coup au moral sur la deuxième partie en voyant mon allure baisser.

Quoi qu’il en soit cette expérience m’aura permis de prendre confiance en mon rythme de course naturel. Je sais que sans montre aussi je peux courir vite. La prochaine fois que je tenterai cette expérience j’essaierai de courir une distance plus longue pour voir ce que ça donne. En tous cas je retenterai l’expérience c’est sûr !

CR : Marathon de Paris 2018

Un contexte plus simple :

Cette année j’aborde le Marathon de Paris de façon beaucoup plus sereine, cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord je ne suis pas blessé (ou ne reviens pas de blessure plus exactement). En 2017 j’abordais mon 1er marathon avec des doutes pleins la tête et pleins les jambes. Une mauvaise tendinite au tendon d’Achille m’avait obligé à couper l’entrainement fin Janvier pour ne reprendre que deux semaines avant le marathon… J’avais terminé ma course dans la souffrance en 4h06, mais sans blessure et avec un sentiment de revanche à prendre. Je ne me sentais pas vraiment marathonien pour être honnête, à cause des nombreux kilomètres parcourus en marchant. Cette année l’entrainement s’est très bien passé avec environ 600KM entre le mois de Janvier et le mois d’Avril. J’ai battu mon record sur 21,1KM lors du Semi-Marathon de Paris. Pour finir j’aborde la course plus simplement car sans être un vieux briscard de la distance j’ai maintenant deux marathons à mon actif dont celui de Nice que j’ai beaucoup plus apprécié et où j’ai pu me rassurer avec un chrono de 3h42. Bref le moral est bon, je n’ai pas de douleur et j’ai pu réaliser plusieurs tests concluants durant ma préparation. Une sortie longue dans le froid de 30KM en 2h20 et le Semi-Marathon de Paris où j’ai battu mon record.

La semaine avant la course :

Lundi je commence déjà à me mettre en mode marathon, pas que ce soit une volonté de ma part mais l’échéance approche et mon cerveau me rappelle sans cesse que c’est bientôt le grand jour! Je me met à penser à mon chrono tous les jours, à faire des calculs d’apothicaire pour estimer mon temps, à prévoir des stratégies dans tous les sens. Cela ne s’arrange pas au cours de la semaine avec mes jambes qui commencent à me démanger. La semaine précédant une course je choisis souvent de ne pas ou peu courir, pour ce marathon ma prépa réelle s’est arrêtée deux semaines avant l’objectif. La semaine passée je n’ai fait que deux petites sorties et cette semaine je ne prévois pas d’aller courir. Je récupère mon dossard vendredi soir en sortant du bureau. Je me sens comme dans mon élément, cette fois-ci je connais bien le process, je remercie les bénévoles et file faire un tour au salon du running qui se déroule au même endroit.

J’en profite pour repérer quelques marathons aux détours des différents stands. Je profite également du peu de monde pour passer devant la photobox et ramener un petit souvenir.

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Je me balade ensuite entre les différents stands et tombe sur celui du Tahri Athletic Center. C’est un centre de course à pied situé au Kenya et fondé par Bob Tahri, champion de 3000m Steeple et médaillé olympique. J’avais déjà entendu parler de ce centre sur les réseaux sociaux et au travers de reportages, j’en profite pour me renseigner pour un potentiel voyage au Kenya. Les deux jeunes qui tiennent le stand sont très sympa et le dialogue est agréable, nous avons clairement la même passion mais pas les mêmes chronos! L’un d’eux m’annonce fièrement qu’il vaut 1’47 » sur 800m, du très haut niveau.

Derniers instants avant le départ

La veille j’ai fait attention à diner tôt pour ne pas être gêné par mon estomac pendant la course. C’est bête de devoir abandonner pour ce genre de problème, on n’est jamais à l’abri mais il y a des précautions à prendre pour limiter les risques, se forcer à passer aux toilettes le matin de la course en fait également partie. Après ce moment glamour, je prend ma traditionnelle photo d’avant course dans laquelle je dispose tout mon attirail de runner (même si j’essaie de le réduire de plus en plus). J’ai copié cette idée sur un ami il y a un an, je trouve ça marrant en fait de voir ce que les gens emportent pour leurs marathons. Parfois je suis un peu surpris de tout ce que certains portent sur 42KM, pour moi c’est déjà bien assez difficile comme ça, je me contente donc de mes vêtements, de ma montre et de quelques gels énergétiques. Je ne cesse de me répéter que ces trucs ne servent à rien mais par je ne sais quel miracle je me retrouve toujours avec quelques uns dans les poches avant de prendre le départ… Acte manqué ou incohérence personnelle je vous laisse décider. Je prends un Uber pour rejoindre la zone de consigne, après avoir déposé mon sac je trottine quelques minutes pour arriver à l’entrée de mon SAS. le timing est bon, le départ est dans 15 minutes, je sautille sur place même si la température est douce et que je n’ai pas besoin de me réchauffer.

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Ma course :

Top départ !

Ca y est le chrono est lancé, la matinée sera longue et difficile mais je suis là de mon plein gré, personne ne m’y a forcé (ce qu’il faut parfois rappeler à certaines personnes quand on parle de running).  Je déroule gentiment et profite de pouvoir courir en plein milieu des Champs-Elysées (pas exactement en plein milieu pour être franc car j’ai déjà repéré la ligne verte qui indique le trajet le plus court jusqu’à la ligne d’arrivée). Je m’agace un peu des coureurs qui ne sont pas dans le bon SAS, je me suis volontairement mis dans le fond du SAS 3h15 pour partir en même temps que le début du SAS 3h30. Mon objectif étant de 3h25-3h30 j’espère ainsi éviter les bouchons créés par les coureurs ne respectant pas le jeu des SAS. Tant pis il y a dans le SAS 3h15 aussi beaucoup de coureurs qui ne respectent pas le principe, cette année je prends mon mal en patience, je reste positif et souhaite une bonne course à ces coureurs un peu ingrats (ont-ils seulement conscience de gêner les autres quand ils courent deux voire trois kilomètres par heure plus lentement que l’allure du SAS?). Cela ne doit pas me gâcher mon plaisir, il y a des choses bien plus importantes dans la vie et dans le marathon aussi.

Arrivée au bois de Vincennes

Les premiers kilomètres ont défilé facilement, je n’ai pas forcé l’allure et ait essayé de ne pas non plus trop ralentir quand je me sentais bien, je me retrouve donc avec un peu d’avance (sur les 3h30) au KM 10. Cela est parfaitement normal, j’ai en tête de faire entre 3h30 et 3h25. Je note quand même la chaleur qui commence à pointer le bout de son nez, cela ne sera pas facile une fois sorti du bois de Vincennes.

Sortie du bois de Vincennes jusqu’au kilomètre 29

Je déroule tranquillement en continuant à prendre un peu d’avance à chaque kilomètre sur mon objectif principal de 3h30. J’apprécie particulièrement cette partie du parcours car je suis complètement lucide et très à l’aise, ma foulée est facile et j’ai encore l’impression de voler sur le bitume, sensation vouée à disparaître petit à petit au fil des kilomètres. J’aime bien cette partie du parcours pour une autre raison plus personnelle, tout simplement parce qu’elle reprend beaucoup des endroits par lesquels je passais quand j’étais en classe préparatoire. C’est vers Batsille, dans le parc de Bercy, Rue de Charenton ou encore Avenue Daumesnil que je démarrai et terminais beaucoup des mes footings lorsque je me suis mis à courir. Je passe le semi en 1h41’55 », cela fait donc trois minutes d’avance sur mon objectif de 3h30, en continuant comme ça je peux passer la ligne d’arrivée en 3h24. Seulement dans les kilomètres suivants la chaleur se fait de plus en plus sentir, les kilomètres défilent autour des 5’00 », je ne perds pas de temps sur les 3h30 mais je ne prends plus d’avance. Je décide de ne pas forcer, l’expérience du Marathon de Nice a porté ses fruits, le marathon se jouera dans les douze derniers kilomètres et même plutôt dans les sept derniers. Conserver cette avance est déjà pas mal, cela me ferait arriver en 3h27, compte tenu de la chaleur et de mon précédent chrono (3h42 à Nice) ça serait déjà très bien!

Au kilomètre 29 nous passons devant la Tour Eiffel et l’esplanade du Trocadéro. Je n’ai aucun souvenir d’avoir levé la tête pour admirer ces deux monuments devant lesquels je passe si souvent lors de mes footings la semaine. C’est clair et net, les tunnels près du Louvre, la chaleur et la foule venue en nombre pour encourager les coureurs m’ont fait rentrer dans ma course. En prenant une bouteille d’eau je m’aperçois que je n’ai pas pris de gels aux kilomètres 20 et 25 comme j’avais prévu de le faire. J’en prend un tout de suite au lieu d’attendre le kilomètre 30 puis repart de plus belle.

Marathon-Paris-Parcours-2017

Kilomètres 30 à 36

Je suis en plein dans mon effort, je maintiens l’allure et passe au kilomètre 30 en 2h26. Je me rend compte que ma montre n’affiche pas exactement le même kilométrage, j’ai en fait 5 minutes 20 d’avance. Pourvu que ça dure me dis-je, je passe au kilomètre 30 complètement reboosté par cette nouvelle, j’ai l’impression d’accélérer mais en réalité je garde simplement le rythme, c’est déjà pas mal compte tenu de ma petite avance. Je discute un peu avec un autre coureur qui se prenait en selfie, nous échangeons quelques plaisanteries mais la conversation s’arrête là, je suis un peu plus rapide et m’éloigne doucement. Je commence à doubler beaucoup de monde, quelques coureurs se mettent à marcher, parfois sur cette fameuse ligne verte, je ne leur en veux pas, je suis passé par là et je repasserai sûrement par là sur d’autres courses, j’espère que je me rappellerai de me mettre un peu plus sur le côté pour laisser passer, rien n’est moins sûr…. Je me contente d’une petite tape réconfortante sur l’épaule lorsque je dois un peu m’imposer pour passer entre deux coureurs. Arrivé au kilomètre 33 cela commence à être difficile, je perds quelques secondes par kilomètre, j’arrive à rester positif en me souvenant de mon état l’année dernière à ce stade de la course. C’est difficile mais je cours, cette fois-ci je ne marche pas, je cours plutôt à un bon rythme même si je commence peu à peu à perdre mon avance.

Kilomètre 36 à 38

Je suis dans le dur, on ne peut pas faire plus simple, je suis en pleine bagarre avec ma tête, les kilomètres sont de plus en plus longs. Je perds entre 10 et 40 secondes de mon avance à chaque kilomètre et j’ai chaud, beaucoup trop chaud. Je savais que ça serait un facteur non négligeable sur mon chrono, il doit faire autour des 25 degrés et nous sommes en plein soleil dans les larges allées du bois de Boulogne. Je sais que ma mère et mon beau-père m’attendent au kilomètre 40. Je pense à ça, je me met à utiliser la bonne vielle technique qui consiste à compter jusqu’à 100 puis à recommencer, ça devient trop difficile, je me mets à compter jusqu’à 50, je perds le fil, je recommence…. Cela devient vraiment compliqué, je commence à en avoir marre, je pense à Chloé qui est au Mexique, cela me redonne un peu le moral puis assez vite je commence à penser à l’impensable, marcher.

Kilomètres 39 à 42

J’arrive vers ma mère et mon beau-père, je n’ai pas fière allure, ma foulée est lourde, j’ai mal au jambes, je suis dans un faux rythme, la voix de mon beau-père me redonne un peu le moral, je leur fais signe sans trop pouvoir sourire ou parler, en regardant les photos j’ai le visage marqué et le regard tombant. Quel que soit le niveau le marathon est une distance qui demande beaucoup, beaucoup de conviction et beaucoup de volonté, je n’en suis jamais plus conscient qu’à ce moment là de mes courses. Le cerveau a cette capacité à oublier les moments les plus difficiles sans quoi il serait compliqué de vouloir se relancer dans l’aventure du marathon. Mon beau-père se met à courir à côté de moi en m’encourageant, il n’arrive pas à suivre le rythme ce qui me redonne quelques instants une vague sensation de vitesse. Je continue à entendre sa voix même si maintenant je ne le vois plus. Cela me fait un bien fou, je repars au combat! J’essaie de me mettre en transe, je me frappe la poitrine et pousse quelques cris d’effort. Sans ses encouragements je ne serai surement pas revenu dans cet état d’esprit. Me voila mentalement prêt à tout donner, je regarde ma montre je n’ai presque plus d’avance, à peine une minute. J’aperçois au loin le rond-point de la porte Dauphine, je sais que l’arrivée se trouve juste derrière, c’est difficile mais je sais que si je tiens le rythme je passerai sous les 3h30!

Une fois le rond-point passé le reste n’est qu’un étrange mélange de souffrance et de bonheur, j’accélère, je double quelques concurrents, l’un d’entre eux est pris d’une crampe dans les derniers mètres, il doit s’arrêter à quelques dizaines de mètres de la ligne, il repart au moment ou je le dépasse puis une nouvelle crampe et il disparaît. Le cerveau humain est quelque fois si sadique, pourquoi déclencher maintenant des crampes, pourquoi rendre ces derniers mètres si compliqués? Pourquoi courir un marathon? C’est en me posant cette question que je passe la ligne d’arrivée, la réponse immédiate restera un simple « parce que ». J’accuse le coup mais je suis très satisfait de mon chrono, 3h29’24 » objectif accompli!

Avec le temps j’ai appris à me contenter de peu, les conditions n’étaient pas idéales et j’aurai peut-être pu donner un peu plus entre le 36ème et le 40ème (facile à dire après la course mais sur le moment mes jambes m’ont persuadé du contraire). Je me repose sur une barrière et voit arriver le concurrent aux crampes à côté de moi, nous nous félicitons mutuellement puis je pars chercher ma médaille et mon T-shirt, symboles de mon effort et de ma souffrance.

Je retrouve ma mère et mon beau-père, le sourire jusqu’aux oreilles, j’ai déjà oublié les derniers kilomètres difficiles de ma course, je remercie mon beau-père pour ses encouragements qui m’ont redonné du mordant. Je termine mon 3ème marathon par une tablette de Milka-Oreo que j’engloutis presque d’un seul coup (chassez le naturel il revient au galop!). Mes jambes sont en bien meilleur état que les deux dernières fois, ça me donne envie de pousser encore plus loin.

Le prochain objectif est déjà tout trouvé, passer sous les 3h30 est une barre mythique pour beaucoup de coureurs, la seconde se situe à 3h00. Elle sera bien plus difficile à approcher mais le virus est déjà là, je ne sais pas combien de temps ni combien de marathons cela prendra mais je vise maintenant les 180 minutes. Quand? Comment? je ne sais pas encore mais il y aura surement beaucoup de kilomètres et de plaisir à m’entrainer d’ici là!

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