Ici la deuxième partie de ma prépa Marathon, pour le récit de ma course rendez-vous directement en bas de page.
Après l’effort le réconfort :
Après une matinée sportive où j’ai couru le semi de Paris (lien vers l’article ici), je prends le train direction Bellegarde. Avec un ami nous partons faire un stage de biathlon. Je pense que c’est idéal pour faire un peu de volume tout en travaillant des muscles différents. Nous dormons à Bellegarde une nuit avant de rejoindre le reste du groupe UCPA pour monter à la Pesse. Cette petite station du Haut-Jura offre un domaine de ski de fond parmi les plus grands de France. Nous faisons connaissance avec le groupe et Loïc qui sera notre moniteur pour la semaine. Nous sommes tous plus ou moins débutants en ski de fond. L’idée pour moi est vraiment de faire une semaine relax après le semi de Paris. Manque de chance il y a d’autres coureurs dans le groupe et une fois les rudiments de ski de fond classique acquis, nous nous en donnons à coeur joie dans les montées et les descentes pour savoir qui sera le premier ! L’ambiance du groupe est très bon-enfant, Loïc le moniteur nous laisse assez libre pour que nous allions à notre rythme, le matin nous faisons du tir à la carabine tous ensemble et l’après-midi nous nous séparons en deux groupes : les « têtes brûlées » et les autres. De têtes brûlées nous n’avons que le nom (donné par le moniteur), nous compensons notre manque de technique par la condition physique, le style n’est pas très esthétique mais l’envie est là ! Tout le monde y trouve son compte et c’est bien l’essentiel.
Fin de préparation difficile :
Retour à Paris après une semaine de ski, si je suis ravi de mon séjour, je me rends compte que ce n’était pas vraiment optimal au niveau de ma préparation. Je n’ai pas vraiment récupéré de mon semi et je n’ai pas non plus développé mes capacités durant cette semaine. Je reprends donc ma préparation avec de la fatigue inutile. Obligé de reporter des séances de fractionné et des sorties au seuil. J’essaye tant bien que mal de garder le cap et de faire mes séances mais le corps dit stop. Je tombe malade, je continue à courir et je me fais une petite entorse à trois semaines du Marathon… Parfois il faut savoir ralentir.
Sur la fin je laisse donc passer pas mal de séances que je remplace par des sorties à vélo. Les deux dernières semaines sont quand mêmes mieux, je retrouve petit à petit des sensations, mes jambes sont fraîches, je me sent prêt à courir! Pour autant l’objectif de 3 heures semble très très difficile à atteindre. J’hésite beaucoup à me rabattre sur un objectif secondaire, l’envie d’accomplir l’exploit et il faut aussi le dire, les encouragements de mes collègues et amis dans mon objectif me font finalement rester sur mon objectif initial de 3 heures. L’allure cible sera donc de 4min15/KM soit 14,1KM/H pendant 42KM, ça va piquer !
Marathon de Paris 2019 :
7 heures du matin, mon réveil sonne mais je ne dormais déjà plus depuis un moment, pas difficile de sortir du lit donc. Je m’habille rapidement en enfilant ma tenue de course, je regarde la météo, il devrait faire frais, presque froid aujourd’hui. Mes deux dernières participations au marathon de Paris ont été marquées par des températures élevées, presque estivales. Cette fois-ci c’est le contraire, il ne devrait pas faire plus de 5 degrés sur le parcours. Je ne suis pas plus inquiet que ça pour la température, ma préparation s’est déroulée pendant l’hiver, même si il n’a pas été très rigoureux je suis habitué à courir par temps frais, ça ne devrait pas me pénaliser.
Par confort je commande un UBER pour me rendre sur le lieu de consigne avenue Foch, à mon arrivée il y a une foule de coureurs qui attendent pour rentrer dans la zone, le vigile nous fait attendre. Il est 8 heures et le départ à lieu dans 25 minutes pour mon SAS, sachant qu’il faut dix minutes pour se rendre sur la ligne de départ et que je ne suis pas prêt de rentrer avec tout ce monde, ça va être compliqué! Avec un autre coureur de mon SAS nous demandons aux autres coureurs si nous pouvons passer devant en montrant nos dossards, la plupart ne partent que dans une heure ou plus et acceptent de nous laisser passer. Reste à convaincre l’agent qui ne veut rien entendre, finalement sous la pression des autres coureurs qui tentent de lui expliquer la situation il nous laisse enfin entrer. Je dépose mon sac en vitesse et commence à trottiner en direction du départ. L’avenue des Champs-Elysés est pleine de coureurs. Difficile de se frayer un chemin, les gens sont vraiment très en avance par rapport à l’heure de départ de leurs SAS. J’arrive enfin dans le SAS objectif 3 heures. Il est 8h20, le départ est dans 7 minutes ouf !
Top départ !
C’est mon 5ème marathon sur route, la 8ème fois que je pars pour une distance de plus de 40KM. Pourtant un départ de marathon c’est toujours un moment un peu spécial, je n’ai plus le même petit pincement aux tripes qu’à mon premier marathon ou mon premier trail mais je savoure toujours ces premiers mètres un peu particuliers.
KM 1 à 5 – 21min57
Nous sommes place de la Concorde, je suis maintenant rentré dans ma course, ça court vite autour de moi, je ne m’affole pas, sans regarder le chrono je sais que je suis bien. Nous empruntons la rue de Rivoli avant de bifurquer vers l’Opéra Garnier en passant par la place Vendôme. Cette modification du parcours est tout simplement magnifique, la quiétude de la place Vendôme est amplifiée par la fraicheur matinale et le flot de coureurs silencieux. Si Paris n’est pas le marathon le plus rapide de France, c’est en revanche l’un des parcours les plus beaux, nous passerons devant de nombreux monuments, à ce stade de la course je peux encore en profiter pour les admirer et je ne m’en prive pas!
Bientôt le 5ème kilomètres, je ne suis pas exactement dans le rythme, par experience je ne cherche pas à forcer l’allure, pour quelques secondes par kilomètres ça ne vaut pas le coup. Si j’ai le chrono dans les jambes je pourrai rattraper le temps à un moment ou un autre de la course. L’essentiel en ce début de course est de courir complètement détendu et de se fier aux sensations.
KM 6 à 10 – 21min21 – 43min18
Toujours pas dans le rythme mais les sensations sont bonnes, j’ai 48 secondes de retard sur le tempo pour faire 3 heures. Je ne m’inquiète pas plus que ça mais le retard ne doit pas trop augmenter si je veux espérer rattraper sur le deuxième semi. A Berlin j’avais parcouru le deuxième Semi en 1min30 de moins que le premier. Pas de panique donc mais il ne faut pas s’endormir, l’entrée dans le Bois de Boulogne comporte une petite côte autour du KM35 qui fait perdre quelques secondes aux marathoniens déjà bien fatigués à ce stade de la course.
KM 11 à 15 – 21min42 – 1h05min
C’est la partie de la course que j’apprécie le moins, le début du Bois de Vincennes, pas de spectateurs, pas de paysage, on est encore loin de l’arrivée mais plus tout à fait au début. Rien d’intéressant ici donc, je suis complètement dans ma bulle et ne me rappelle pas de grand chose de cette partie.
KM 16 à 20 – 21min32 – 1h26min32
La fin du Bois de Vincennes est beaucoup plus agréable, même si nous ne sommes pas encore à la moitié du parcours, nous commençons à courir dans la direction de l’arrivée. Le temps est vraiment idéal, il fait beau mais pas trop chaud, très peu de vent, quelle chance ! Sur la sortie du Bois les spectateurs sont là en nombre, il y a une foule compacte, des concerts de partout, la course bat son plein!
KM 21 à 25 – 21min49 – 1h48min21
Je passe au Semi en 1h31min11sec, je me sens vraiment très bien. L’objectif des 3 heures est fragile mais rien n’est joué, à ce moment je suis hyper motivé, je ne m’emballe pas pour autant, la route est encore longue. Un marathon quand il est bien couru se joue dans les 10 derniers kilomètres. Un de mes amis avec qui je fais régulièrement du trail me rejoint sur les quais, nous courons quelques centaines de mètres ensemble mais sa blessure au genoux l’empêche de m’accompagner sur la deuxième partie du parcours comme nous l’avions initialement prévu. Je le quitte plein d’énergie pas longtemps avant de rentrer dans le dans le tunnel des tuileries.
KM 26 à 30 – 24min53 – 2h13min14
Je subis une baisse de régime peu après avoir laissé mon ami, je suis désormais sur les bases de 3H06 mais je ne me sens pas bien. L’objectif des 3H m’a échappé sans me laisser une chance. Je commence à avoir mal au ventre je décide de marcher quelques pas lors d’un ravitaillement pour gérer. La fin de course s’annonce difficile.
KM 31 à 35 – 28min07 – 2h41min21
De plus en plus compliqué de tenir une allure correcte, je suis maintenant à moins de 12KM/H une allure de footing lent d’habitude, pourtant impossible d’avancer. Un collègue m’attends au KM 30, on s’était donné rendez-vous pour qu’il me boost jusqu’à l’arivée mais en me voyant il comprends tout de suite que le challenge sera plutôt de limiter la casse.
KM 36 à 40 – 28min47 – 3h10min08
Avec l’aide de Maxime j’avance tant bien que mal, j’ai quelques sursauts ou j’essaye de reprendre un rythme de course, de me mettre dans un état second qui me permettrait d’oublier la douleur. Rien n’y fait, à chaque fois au bout de quelques centaines de mètres je dois ralentir. J’ai terriblement mal aux jambes et le souffle court, que ce soit le premier ou le 5ème, finir un marathon c’est une épreuve mentale hors norme.
Enfin l’arrivée !
Maxime m’encourage avant de quitter le parcours qui est maintenant réservé aux coureurs, sa présence m’a fait du bien. En regardant ma montre je vois qu’il est encore possible de finir sur les bases de mon record perso établi quelques mois plus tôt à Berlin. Parfois il faut savoir accepter la réalité, limiter la casse ne sera déjà pas si mal pour aujourd’hui. Je passe la ligne en 3H22, comme à Berlin donc mais en ayant réalisé une course complètement différente. Je commence déjà à prendre les leçons de cet échec, il m’a manqué des sorties longues à allure Marathon. Je n’en ai réalisé que 3 ou 4 alors qu’il m’en aurait fallu 6 ou 7 pour être sûr de mon objectif. Je prends quand même ma médaille avec plaisir et fierté, je n’oublie pas que je viens de terminer un marathon !