Triathlon de Paris 2019

Le 30 juin 2019, 7 ans après mon premier triathlon, je participais pour la deuxième fois au Garmin Triathlon de Paris. Retour sur cette course magnifique au coeur de Paris.

Pas de pression

Depuis le Marathon de Paris en Avril dernier, je n’ai plus de plan d’entraînement, pas d’objectif proche et donc aucune pression. Je me contente de courir, nager, faire du vélo et un peu de musculation quand bon me chante et que le temps s’y prête. C’est une période clef de ma saison durant laquelle je me contente de maintenir mon niveau de forme mais où je fais aussi le plein de motivation pour mes objectifs à venir. Impossible pour moi d’être en permanence en préparation et de faire des sacrifices toute l’année. Impossible également d’arrêter le sport, même durant cette période de relâchement je fais entre 5 et 6 séances par semaine, la différence c’est qu’aucune séance n’est forcée ou indispensable. Je remplace facilement un sport par un autre lorsque des amis ou collègues me proposent d’aller courir ou faire du vélo, je reporte volontiers une séance si je suis fatigué ou s’il pleut, chose impensable lorsque je prépare un objectif.

C’est donc avec plus d’envie que de préparation que j’aborde ce triathlon, je sais que je n’ai pas assez nagé, que mes transitions ne sont pas rodées, mais aussi que mentalement je suis en pleine possession de mes moyens. La seule inconnue sera la météo, il a fait très chaud toute la semaine avec des températures dépassant les 35 degrés. À tel point que certains pneus de vélos ont explosé dans la zone de transition la veille de la course!

La course démarre toujours la veille

Courir un Triathlon demande une logistique particulière. Impossible de se pointer comme une fleur 10 minutes avant le départ comme j’ai l’habitude de le faire. Cette fois il a fallu rassembler toutes mes affaires de natation, vélo et course puis aller déposer mon vélo dans la zone de transition, repérer les lieux, disposer mes affaires pour ne pas perdre de temps pendant la course.

Je ne suis pas un habitué du Tri et ça se voit. Le matin de la course j’arrive juste avant 7h30 dans la zone de transition alors que le départ est à 8h à 20min de marche… Je dépose en vitesse mes affaires de course à pied et de vélo. Je cherche un point d’eau pour remplir mon bidon vélo… il n’y a pas d’eau dans la zone de transition ! Je courre partout dans le parc de la Villette pour trouver une fontaine jusqu’à ce qu’un bénévole de la course accepte de me donner deux petites bouteilles d’eau du ravitaillement.

Top départ !

Il est 7h45 quand je suis enfin prêt, je rejoins la zone de départ en courant, pas besoin de m’échauffer du coup ! Arrivé dans la zone de départ je trouve enfin mon SAS, enfile mon bonnet et mes lunettes. Plus que quelques minutes et le départ sera donné!

Natation pas au top

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La partie natation se déroule dans le canal de L’Ourcq et se termine vers Les Halles de la Villette. Je saute dans l’eau depuis le quai sans vraiment plonger ni être droit. A l’image de mon entrée dans l’eau, la partie natation est un peu confuse. J’ai peur de ne pas nager droit et de perdre du temps à faire des zig zag, résultat je sors beaucoup trop souvent la tête de l’eau! Ca me ralentit et je me fais rattraper par des concurrents de la vague d’après. Durant toute cette partie je n’arrive pas à trouver mon rythme, les autres concurrents ne m’aident pas, nager en peloton demande quelques réflexes que je n’ai pas ! Je sors enfin de l’eau en 35min40 pour 1600m, vraiment pas top même pour mon niveau. Je suis 715ème sur 2200 à l’entrée de la zone de transition.

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Vélo au top !

La bonne nouvelle c’est que les deux épreuves suivantes sont pour moi beaucoup plus familières ! Le vélo part de la Villette pour rejoindre le bois de Boulogne par les quais puis revient par la partie basse des quais de la rive droite. A peine sur mes deux jambes je commence à doubler des concurrents. Je me sens très bien et rejoins rapidement mon vélo. J’enfile machinalement mon casque puis mes lunettes et enfin ma ceinture porte dossard. Je décroche mon vélo du rack et commence à courir en direction de la sortie avec mes chaussures de vélo à la main. Une fois sorti de la zone de transition je suis déjà 525ème, presque 200 places de gagnées! J’enfile rapidement mes chaussures et commence à remonter le flot de coureurs. Je me sens vraiment bien quand deux coureurs me passent à toute vitesse. Je profite de leur aspiration pour les suivre, les deux gars sont vraiment très costauds, le début du parcours comporte beaucoup de virages avec des relances pourtant nous roulons à plus de 45KM/H ! Je ne pilote pas assez bien mon vélo pour arriver à les suivre dans les virages, je dois relancer à chaque fois pour revenir dans leurs roues quand après un virage particulièrement mal négocié de ma part je me fais distancer. Je recommence à rouler seul cette fois autour des 36KM/H ce qui me permet toujours de doubler beaucoup de concurrents. Aux alentours du KM5 un autre coureur passe à côté de moi un peu plus vite, je m’accroche une nouvelle fois à sa roue. Très vite nous nous retrouvons à trois puis quatre. Au début je laisse deux autres coureurs se relayer et me contente de suivre. Puis l’un d’eux me fait une réflexion, c’est de bonne guerre alors je passe devant à mon tour et commence à prendre des relais. Nous avançons bien ! Sur la première moitié du parcours le vent est contre nous, nous roulons autour des 38-39KM/H mais nous ralentissons beaucoup dans les virages, n’est pas coureur du tour de France qui veut ! Et personne n’a envie de tomber à cette vitesse….

Sur le retour le vent est avec nous, le parcours aussi, une fois quitté le bois de Boulogne la route est bonne et comporte peu de virages, nous prenons des relais à plus de 40KM/H, sur les quais en bas de l’hôtel de ville ma montre indique même une portion de 5KM à 46KM/H ! Une vitesse digne du Tour de France !

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A mon tour de bosser un peu !

Sur les deux derniers kilomètres je décide de couper mon effort en prévision de la course à pied. Je met un braquet plus petit et fais tourner les jambes, j’en profite aussi pour boire et me vide le reste de mon bidon sur la tête. Le reste du groupe fonce à toute vitesse et en quelques secondes je ne les vois plus. Mon choix se révèlera le bon car je les rattraperai tous dans la zone de transition ou sur le début de la partie course à pied.

Retour dans la zone de transition je suis maintenant 259ème! Tout ça grâce à une bonne collaboration sur le vélo. C’est déterminant sur le format olympique où le drafing (rouler en file indienne) est autorisé, à tel point qu’aux JO certaines nations envoient des athlètes uniquement dans le but de protéger leur favori, à la manière de ce qui se passe sur le Tour de France.

Place à ma discipline de prédilection : La course !

Encore une bonne transition, je suis maintenant 235ème !

Le parcours consiste en un aller retour de 5KM le long du canal de l’Ourcq. L’épreuve sprint et l’épreuve Olympique se côtoient, la première consistant en un aller retour de 2,5KM sur le même parcours. Difficile donc de savoir qui est sur quelle distance. Je double pas mal de concurrents mais me fait aussi doubler. Autour de 2ème KM je croise le premier qui en est donc déjà à son 8ème kilomètre ! Puis quelques minutes plus tard le second et le troisième. Impossible de savoir ensuite si ce sont des coureurs du sprint ou de mon épreuve.

Le début de la course est un peu compliqué, j’ai les jambes lourdes à cause du vélo, je me sens de mieux en mieux et arrive finalement à me stabiliser autour des 4min20/KM. Au 5ème kilomètres je fais demi-tour et commence à scruter les autres concurrents, j’aperçois alors deux des trois coureurs avec qui j’ai fait la partie vélo. Ca me booste le moral de savoir que je suis passé devant !

Il fait très chaud, malgré les lances à incendie disposées sur le parcours je suis en surchauffe ! J’ouvre ma trifonction mais cela ne change pas grand chose. L’arrivée n’est plus très loin, je prends mon mal en patience et décide de ne pas m’arrêter au dernier ravitaillement. A partir du 8ème kilomètre je retrouve de nouveau les participants du format sprint (500m de natation, 20KM de vélo et 5KM de course). Tous ne vont pas très vite et je dois donc faire des zig zag sur un parcours très étroit !

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Enfin l’arrivée se fait sentir, les kilomètres sont finalement passés assez vite comparé à un marathon, cela fait déjà plus de 2h30 que je suis en course mais je ne le sens pas. J’accélère et passe la ligne d’arrivée quand je suis pris d’une violente crampe derrière la cuisse. Je commence à me plaindre à voix haute et m’aperçois alors que la fille à côté de moi est une para-triathlète à qui il manque la partie inférieure de la jambe gauche. Je me sens un peu bête ! Je la félicite et décide de souffrir en silence…

Résultat final 2H32’46 » et 151ème sur 2209 ! Ce résultat est plus que satisfaisant pour moi ! Je me suis fait plaisir sans trop penser au chrono mais ce dernier est tout de même au rendez-vous ! J’envisage sérieusement d’intégrer un ou plusieurs triathlons la saison prochaine tellement c’était agréable !

Marathon de Paris 2019 Partie II : Fin de préparation & Marathon

Ici la deuxième partie de ma prépa Marathon, pour le récit de ma course rendez-vous directement en bas de page.

Après l’effort le réconfort :

Après une matinée sportive où j’ai couru le semi de Paris (lien vers l’article ici), je prends le train direction Bellegarde. Avec un ami nous partons faire un stage de biathlon. Je pense que c’est idéal pour faire un  peu de volume tout en travaillant des muscles différents. Nous dormons à Bellegarde une nuit avant de rejoindre le reste du groupe UCPA pour monter à la Pesse. Cette petite station du Haut-Jura offre un domaine de ski de fond parmi les plus grands de France. Nous faisons connaissance avec le groupe et Loïc qui sera notre moniteur pour la semaine. Nous sommes tous plus ou moins débutants en ski de fond. L’idée pour moi est vraiment de faire une semaine relax après le semi de Paris. Manque de chance il y a d’autres coureurs dans le groupe et une fois les rudiments de ski de fond classique acquis, nous nous en donnons à coeur joie dans les montées et les descentes pour savoir qui sera le premier ! L’ambiance du groupe est très bon-enfant, Loïc le moniteur nous laisse assez libre pour que nous allions à notre rythme, le matin nous faisons du tir à la carabine tous ensemble et l’après-midi nous nous séparons en deux groupes : les « têtes brûlées » et les autres. De têtes brûlées nous n’avons que le nom (donné par le moniteur), nous compensons notre manque de technique par la condition physique, le style n’est pas très esthétique mais l’envie est là ! Tout le monde y trouve son compte et c’est bien l’essentiel.

Fin de préparation difficile :

Retour à Paris après une semaine de ski, si je suis ravi de mon séjour, je me rends compte que ce n’était pas vraiment optimal au niveau de ma préparation. Je n’ai pas vraiment récupéré de mon semi et je n’ai pas non plus développé mes capacités durant cette semaine. Je reprends donc ma préparation avec de la fatigue inutile. Obligé de reporter des séances de fractionné et des sorties au seuil. J’essaye tant bien que mal de garder le cap et de faire mes séances mais le corps dit stop. Je tombe malade, je continue à courir et je me fais une petite entorse à trois semaines du Marathon… Parfois il faut savoir ralentir.

Sur la fin je laisse donc passer pas mal de séances que je remplace par des sorties à vélo. Les deux dernières semaines sont quand mêmes mieux, je retrouve petit à petit des sensations, mes jambes sont fraîches, je me sent prêt à courir! Pour autant l’objectif de 3 heures semble très très difficile à atteindre. J’hésite beaucoup à me rabattre sur un objectif secondaire, l’envie d’accomplir l’exploit et il faut aussi le dire, les encouragements de mes collègues et amis dans mon objectif me font finalement rester sur mon objectif initial de 3 heures. L’allure cible sera donc de 4min15/KM soit 14,1KM/H pendant 42KM, ça va piquer !

 

Marathon de Paris 2019 :

7 heures du matin, mon réveil sonne mais je ne dormais déjà plus depuis un moment, pas difficile de sortir du lit donc. Je m’habille rapidement en enfilant ma tenue de course, je regarde la météo, il devrait faire frais, presque froid aujourd’hui. Mes deux dernières participations au marathon de Paris ont été marquées par des températures élevées, presque estivales. Cette fois-ci c’est le contraire, il ne devrait pas faire plus de 5 degrés sur le parcours. Je ne suis pas plus inquiet que ça pour la température, ma préparation s’est déroulée pendant l’hiver, même si il n’a pas été très rigoureux je suis habitué à courir par temps frais, ça ne devrait pas me pénaliser.

Par confort je commande un UBER pour me rendre sur le lieu de consigne avenue Foch, à mon arrivée il y a une foule de coureurs qui attendent pour rentrer dans la zone, le vigile nous fait attendre. Il est 8 heures et le départ à lieu dans 25 minutes pour mon SAS, sachant qu’il faut dix minutes pour se rendre sur la ligne de départ et que je ne suis pas prêt de rentrer avec tout ce monde, ça va être compliqué! Avec un autre coureur de mon SAS nous demandons aux autres coureurs si  nous pouvons passer devant en montrant nos dossards, la plupart ne partent que dans une heure ou plus et acceptent de nous laisser passer. Reste à convaincre l’agent qui ne veut rien entendre, finalement sous la pression des autres coureurs qui tentent de lui expliquer la situation il nous laisse enfin entrer. Je dépose mon sac en vitesse et commence à trottiner en direction du départ. L’avenue des Champs-Elysés est pleine de coureurs. Difficile de se frayer un chemin, les gens sont vraiment très en avance par rapport à l’heure de départ de leurs SAS. J’arrive enfin dans le SAS objectif 3 heures. Il est 8h20, le départ est dans 7 minutes ouf !

Top départ !

C’est mon 5ème marathon sur route, la 8ème fois que je pars pour une distance de plus de 40KM. Pourtant un départ de marathon c’est toujours un moment un peu spécial, je n’ai plus le même petit pincement aux tripes qu’à mon premier marathon ou mon premier trail mais je savoure toujours ces premiers mètres un peu particuliers.

KM 1 à 5 – 21min57

Nous sommes place de la Concorde, je suis maintenant rentré dans ma course, ça court vite autour de moi, je ne m’affole pas, sans regarder le chrono je sais que je suis bien. Nous empruntons la rue de Rivoli avant de bifurquer vers l’Opéra Garnier en passant par la place Vendôme. Cette modification du parcours est tout simplement magnifique, la quiétude de la place Vendôme est amplifiée par la fraicheur matinale et le flot de coureurs silencieux. Si Paris n’est pas le marathon le plus rapide de France, c’est en revanche l’un des parcours les plus beaux, nous passerons devant de nombreux monuments, à ce stade de la course je peux encore en profiter pour les admirer et je ne m’en prive pas!

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Bientôt le 5ème kilomètres, je ne suis pas exactement dans le rythme, par experience je ne cherche pas à forcer l’allure, pour quelques secondes par kilomètres ça ne vaut pas le coup. Si j’ai le chrono dans les jambes je pourrai rattraper le temps à un moment ou un autre de la course. L’essentiel en ce début de course est de courir complètement détendu et de se fier aux sensations.

KM 6 à 10 – 21min21 – 43min18

Toujours pas dans le rythme mais les sensations sont bonnes, j’ai 48 secondes de retard sur le tempo pour faire 3 heures. Je ne m’inquiète pas plus que ça mais le retard ne doit pas trop augmenter si je veux espérer rattraper sur le deuxième semi. A Berlin j’avais parcouru le deuxième Semi en 1min30 de moins que le premier. Pas de panique donc mais il ne faut pas s’endormir, l’entrée dans le Bois de Boulogne comporte une petite côte autour du KM35 qui fait perdre quelques secondes aux marathoniens déjà bien fatigués à ce stade de la course.

 

KM 11 à 15 – 21min42 – 1h05min

C’est la partie de la course que j’apprécie le moins, le début du Bois de Vincennes, pas de spectateurs, pas de paysage, on est encore loin de l’arrivée mais plus tout à fait au début. Rien d’intéressant ici donc, je suis complètement dans ma bulle et ne me rappelle pas de grand chose de cette partie.

KM 16 à 20 – 21min32 – 1h26min32

La fin du Bois de Vincennes est beaucoup plus agréable, même si nous ne sommes pas encore à la moitié du parcours, nous commençons à courir dans la direction de l’arrivée. Le temps est vraiment idéal, il fait beau mais pas trop chaud, très peu de vent, quelle chance ! Sur la sortie du Bois les spectateurs sont là en nombre, il y a une foule compacte, des concerts de partout, la course bat son plein!

KM 21 à 25 – 21min49 – 1h48min21

Je passe au Semi en 1h31min11sec, je me sens vraiment très bien. L’objectif des 3 heures est fragile mais rien n’est joué, à ce moment je suis hyper motivé, je ne m’emballe pas pour autant, la route est encore longue. Un marathon quand il est bien couru se joue dans les 10 derniers kilomètres. Un de mes amis avec qui je fais régulièrement du trail me rejoint sur les quais, nous courons quelques centaines de mètres ensemble mais sa blessure au genoux l’empêche de m’accompagner sur la deuxième partie du parcours comme nous l’avions initialement prévu. Je le quitte plein d’énergie pas longtemps avant de rentrer dans le dans le tunnel des tuileries.

KM 26 à 30 – 24min53 – 2h13min14

Je subis une baisse de régime peu après avoir laissé mon ami, je suis désormais sur les bases de 3H06 mais je ne me sens pas bien. L’objectif des 3H m’a échappé sans me laisser une chance. Je commence à avoir mal au ventre je décide de marcher quelques pas lors d’un ravitaillement pour gérer. La fin de course s’annonce difficile.

KM 31 à 35 – 28min07 – 2h41min21

De plus en plus compliqué de tenir une allure correcte, je suis maintenant à moins de 12KM/H une allure de footing lent d’habitude, pourtant impossible d’avancer. Un collègue m’attends au KM 30, on s’était donné rendez-vous pour qu’il me boost jusqu’à l’arivée mais en me voyant il comprends tout de suite que le challenge sera plutôt de limiter la casse.

KM 36 à 40 – 28min47 – 3h10min08

Avec l’aide de Maxime j’avance tant bien que mal, j’ai quelques sursauts ou j’essaye de reprendre un rythme de course, de me mettre dans un état second qui me permettrait d’oublier la douleur. Rien n’y fait, à chaque fois au bout de quelques centaines de mètres je dois ralentir. J’ai terriblement mal aux jambes et le souffle court, que ce soit le premier ou le 5ème, finir un marathon c’est une épreuve mentale hors norme.

Enfin l’arrivée !

Maxime m’encourage avant de quitter le parcours qui est maintenant réservé aux coureurs, sa présence m’a fait du bien. En regardant ma montre je vois qu’il est encore possible de finir sur les bases de mon record perso établi quelques mois plus tôt à Berlin. Parfois il faut savoir accepter la réalité, limiter la casse ne sera déjà pas si mal pour aujourd’hui. Je passe la ligne en 3H22, comme à Berlin donc mais en ayant réalisé une course complètement différente. Je commence déjà à prendre les leçons de cet échec, il m’a manqué des sorties longues à allure Marathon. Je n’en ai réalisé que 3 ou 4 alors qu’il m’en aurait fallu 6 ou 7 pour être sûr de mon objectif. Je prends quand même ma médaille avec plaisir et fierté, je n’oublie pas que je viens de terminer un marathon !

Marathon de Berlin 2018 – Encore un record de battu !

Une fois de plus la course de tous les records !

Le marathon de Berlin est mondialement connu pour les records du monde qui y sont régulièrement battus. Cette édition 2018 ne fait que confirmer cette règle. Eliud Kipchoge après plusieurs tentatives infructueuses (Breaking 2 by Nike, Marathon de Berlin 2017, Marathon de Londres 2018) inscrit son nom dans l’histoire de la plus belle des façons, 2H01’39 », impérial et intouchable (Amos Kipruto terminera 2ème en 2H06’23 » et Wilson Kipsang 3ème en 2H06’48 »).

Voici le récit de ma participation à cette course historique :

H – 2 : Maintenant tout commence

6h55, mon réveil sonne et je ne met pas longtemps à émerger de mon sommeil. Je n’ai pas de pression mais je suis prêt mentalement pour repartir dans l’aventure marathon. Cette fois j’aurai la chance de courir avec deux amis qui ont fait le déplacement avec moi. Sans tarder je met ma tenue de course, elle se compose simplement d’un short de trail Kalenji (cela me permet de transporter mon téléphone et 3 gels d’effort) et d’un nouveau T-shirt en synthétique basique (j’ai déchiré mon T-shirt fétiche lors d’une chute en VTT au Kenya). Côté chaussures je courre avec des Inov8 F-lite. Ce sont des chaussures de CrossFit à l’origine mais j’aime le côté « proche du sol » que confère le drop de 0mm. Le drop c’est la différence entre l’avant et l’arrière de la chaussure, 0mm signifie donc une chaussure plate, légère mais également sans amorti. Ma foulée est bien entendue adaptée à ce type de chaussures, pour beaucoup de monde impossible de courir en 0 drop et pour moi c’est l’inverse!

7h10 je suis prêt, dossard sur le ventre et sac de consigne pour l’après-course fermé. Je descend prendre un petit déjeuner très léger. Un café et deux tartines. J’ai l’habitude de courir à jeun sur de longues distances et je préfère ne pas m’encombrer l’estomac avant de partir pour plus de 3 heures de course.

7h45 Davy et Nicolas sont prêts et nous quittons l’hôtel. Idéalement choisit par Davy, il se situe à 3 petits kilomètres de la ligne de départ. Nous partons en direction de la porte de Brandebourg en marchant puis nous nous mettons à courir dans un rythme de footing très léger. Je ne suis pas en totale confiance, j’ai l’impression que c’est déjà difficile, je me dis que c’est à cause du sac et m’efforce de penser à autre chose. Nous arrivons dans l’immense zone de départ, nous partons chacun poser nos sacs respectifs dans la zone de consigne qui correspond à notre numéro de dossard. Nous nous rejoignons ensuite pour rejoindre la ligne de départ.

H – 30 min : L’attente

Nous voilà dans le sas de départ, contrairement à la France (je me base surtout sur mon expérience du marathon de Paris et du Marathon de Nice), il n’y a que très peu de contrôles et pour être honnête ça fait du bien! Nous n’avons pas eu trop de mal à trouver notre sas et pas de difficultés pour y rentrer.

Le speaker présente le plateau, c’est énorme ! Un ancien recordman du monde, le meilleur coureur de marathon actuel et une ribambelle d’outsiders qui ne pensent qu’à une chose, GAGNER !

l’attente est longue mais nous sommes habitués, ça finira bien par passer, en attendant je me demande toujours à quel rythme partir, j’essaye de m’échauffer un peu, j’allume mon GPS,bref je m’occupe comme je peux.

H – 0 : Le départ

C’est parti pour 42KM, je lâche les jambes et me laisse partir avec la foule de coureurs, Davy et Nicolas ne sont pas loin. Je récupère la ligne bleue au bout de quelques centaines de mètres et je ne la lâcherai plus jusqu’à l’arrivée (c’est le chemin le plus court, 42,195 KM exactement). Nicolas se détache très vite de Davy et moi, nous lui souhaitons une bonne course, il terminera en 3H16 après avoir couru le premier semi en 1h23. Tout ça deux semaines après avoir terminé l’UTMB ! Une sacrée machine…

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H + 1 : Le début

La montre viens d’indiquer 1H pile de course, elle indique également 13KM mais je viens de passer le panneau 12KM il y a quelques minutes à peine. j’ai 500 bons mètres d’avance sur le GPS. J’ai pourtant suivi la ligne bleue sans faire trop de zig zags, c’est donc le GPS qui doit avoir un léger décalage, pas de panique. Aujourd’hui le GPS est un simple indicateur, je pourrai sûrement m’en passer en fait. les kilomètres sont tous indiqués, un simple chronomètre suffirait. Je trouve le temps long, le parcours est ultra-plat et ne demande pas de relance en raison du tracé très rectiligne. Les quartiers par lesquels nous passons ne présentent pas grand intérêt. Berlin est une ville à l’architecture globalement assez triste à quelques exceptions près, on sent le poids du passé dans de nombreux quartiers et avenues. Davy est à côté de moi, nous échangeons quelques mots de temps en temps.

H + 1h30 : Toujours rien à signaler

Je continue mon bonhomme de chemin, les kilomètres défilent au rythme souhaité, parfois le GPS indique une petite baisse de vitesse, je reste vigilant. Pas envie de perdre du temps mais je fais attention à ne pas trop m’emballer non plus, nous ne sommes qu’au 18ème kilomètres.

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Courir ou sourire il faut choisir !

H + 1h41’36 » : Passage au Semi

La course commence enfin, je suis dans un bon rythme, je n’ai pas vu Davy depuis un moment. Il prend plus de temps que moi à chaque ravitaillement mais reviens toujours sur moi au bout de quelques minutes. Je me dis qu’il doit courir quelques centaines de mètres devant ou derrière, je ne me fais pas de soucis pour lui, il vaut juste un peu plus de 3 heures sur marathon, mon allure correspond pour lui à un footing en endurance.

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Côte à côte dans l’effort, partager un marathon avec un ami c’est quelque chose de très fort!

H + 2H01’39 » : Record du monde !

Je ne le sais pas encore mais Eliud Kipchoge vient de battre le record du monde ! Je suis dans le 25ème kilomètre, tout se passe pour le mieux. Le rythme est excellent, je cavale comme il faut, je fais tout de même attention à ne pas m’emballer. Je redoute un gros coup de fatigue à partir du 30 ou 35ème kilomètre. Patience et prudence donc.

H + 2H25′ : C’est maintenant ou jamais !

Je viens de passer le 30ème kilomètre et je me sens toujours au top ! Maintenant j’arrive sur plusieurs kilomètres en faux plat descendant, pas question de rater l’occasion! Je me place dans un rythme de 4:30-4:35 au kilomètre, soit plus de 13 km/h. Je n’ai jamais couru à une telle vitesse lors d’un marathon mais je me sens super bien. Le public est là en nombre, il fait beau mais pas trop chaud. C’est l’euphorie, je remercie les musiciens qui nous encouragent avec leurs instruments, je tape dans les mains des gosses sur le bord de la route, j’ai le smile, je prend un max de plaisir!

H + 2H47′ : Maintenant tenir

Mon moment d’euphorie à duré assez longtemps, maintenant il me reste 7 kilomètres à parcourir. Je sens une petite baisse de régime mais je suis encore au dessus de mon allure moyenne, je suis même encore dans les clous pour passer sous les 3h20! Au fur et à mesure ça se complique. Je me fais violence, pas de panique le marathon c’est un footing de 35KM suivit d’un sprint de 7 kilomètres !

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Ambiance sur les derniers ravitaillements…

H + 3H16′ : C’est fini ! Enfin presque

J’ai passé un 40ème kilomètre très difficile, 5:16 c’est lent, très lent. Maintenant il ne reste plus que 1200m, je me remet dedans, j’essaye de me motiver en doublant des concurrents, j’ignore ceux qui me doublent. Nous arrivons sur la dernière ligne droite, on aperçoit la porte de Brandebourg, c’est le déclic dans ma tête. Je sais que c’est fini, plus de gestion d’effort maintenant, il ne reste plus qu’à avancer le plus vite possible! Le passage sous la porte est un moment assez magique, on voit l’arche d’arrivée, la foule encourage les coureurs, le soleil m’éblouit, on se croirait un peu dans un film. Les derniers mètres sont spéciaux, j’ai l’impression d’être tout seul, tout le monde accélère et le peloton dense est maintenant assez effilé.

H + 3H22’15 » Nouveau record pour moi aussi !

Je passe la ligne d’arrivée le sourire jusqu’aux oreilles, j’ai profité à fond de ma course, j’ai pris du plaisir dans l’effort et j’explose mon ancien record d’un peu plus de 7 minutes! Davy arrive quelques minutes après moi, pas très bien préparé pour cette course il a préféré la jouer safe à cause d’une douleur au pied, il termine tout de même en 3H31′ ce qui est loin d’être un mauvais chrono!

Epilogue :

Après avoir retrouvé mes deux compères, nous nous installons tous les 3 sur l’immense esplanade de la république, c’est un gros point positif de ce marathon : un endroit pour se poser une fois la course terminée. Les gens profitent du soleil et récupèrent, le tout dans une ambiance de fête à l’allemande, Bretzel et bière (sans alcool malheureusement) sont au rendez-vous!

J’engloutis plusieurs Bretzel ainsi que toutes les sucreries de mon sac d’arrivée. Je porte fièrement la médaille de mon 4ème marathon autour du cou et je pense déjà au prochain! Nous finissions l’après-midi par un Mcdo à la gare de Berlin, le besoin de relâcher la pression et de se faire plaisir à été plus fort que la raison, pour mon plus grand bonheur!

Marathon du Mont-Blanc 2018 : Mon premier « vrai » Trail

Une course qui s’annonce difficile !

Nous sommes samedi soir et je termine mon sac pour le marathon du Mon-Blanc. J’ai décidé de dormir au centre UCPA d’Argentière qui proposait aussi un stage de reconnaissance du parcours. Je n’aurai pas à gérer la logistique d’avant et après course (où déposer les bagages, comment se rendre au départ etc…).

C’est tant mieux car les conditions de course s’annoncent compliquées, on annonce 30°C en fond de vallée à partir de 10H et un peu plus de 20°C à 2000 m, le départ étant à 7H du matin, je serai tranquille sur la première partie mais la seconde partie sera un vrai four!

Autre difficulté, je n’ai plus de chaussures de trail! Je suis allé faire un footing léger pour me dégourdir les jambes et j’ai troué mes chaussures de trail déjà assez fatiguées. Il est 19h30, impossible d’en acheter de nouvelles avant demain matin…. Je ne sais pas trop quoi faire, j’ai une autre paire de chaussure de sport que j’utilise pour courir sur route mais à la base ce sont des chaussures de CrossFit! Aucun amorti, pas de crampons, bref pas top! Je décide quand même de courir avec ça car mes chaussures de trail sont vraiment trop abimées, je risquerai de me couper les pieds dans les graviers ou sur des rochers pointus.

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Pour le sac je fais au plus simple, je me contente du matériel obligatoire (veste imperméable, couverture de survie, gobelet réutilisable pour les ravitos, réserve d’eau de 50cl et téléphone portable en état de marche), quelques pâtes de fruit pour les ravitaillements, ça fait déjà beaucoup de poids et je pense sérieusement à investir dans du matériel ultralight un de ces jours.

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Départ canon dans le plus beau des cadres

Il est 6 heures 45 du matin mais la place du triangle de l’amitié en face de l’église de Chamonix est déjà pleine. Les coureurs sont déjà là pour la plupart sauf Kilian Jornet qui prendra place exactement 45 secondes avant le départ et ça lui réussira plutôt bien puisqu’il terminera premier avec plusieurs minutes d’avance! Voir ce mec revenir de blessure et gagner « comme d’habitude » pour la cinquième fois en autant de participations c’est fatiguant mais aussi inspirant. 7 heures le départ et donné,  c’est parti pour quelques kilomètres dans les rues de Chamonix, l’ambiance est complètement dingue! Il y a des gens sur toute la partie en ville, je pars vite, boosté par la foule et la musique. Je suis à 14-15 KM/H sur les trois premiers kilomètres, je discute avec un autre coureur qui a le même rythme, il s’appelle Simon et vient de…. Chamonix. On sympathise bien mais il continue à accélérer, je suis déjà bien dans mon rythme, je le laisse partir.

Première montée

Nous sommes maintenant sorti du centre de Chamonix depuis quelques kilomètres, nous suivons une large piste 4X4, ce n’est pas encore le décor de rêve que l’on peut admirer sur les photos mais ça à le mérite de laisser ceux qui veulent doubler de le faire, la course est assez fluide pour le moment. C’est tant mieux car mon inquiétude principale est de me retrouver coincé derrière des coureurs partis trop vite. Nous arrivons dans la première montée, ce n’est pas encore trop raide mais je sors mes bâtons, j’ai décidé de les prendre alors autant les utiliser au maximum! Ce sont les bâtons de l’UCPA, des Leki en aluminium assez bien construits mais dépourvu de système pour les déplier facilement. Je mets un peu de temps à les régler à la bonne taille, je dois marcher pour serrer correctement les deux bagues et ça me fait perdre une vingtaine de place en un rien de temps. Je décide de ne plus les ranger jusqu’à la fin du marathon. Cela me ferait perdre trop de temps et surtout ça engendrerai de la frustration inutile (au bout de plusieurs heures d’effort ma dextérité sera plus proche de celle d’un gamin de 6 ans avec des moufles). La montée se passe bien, puis le parcours se transforme en un single track assez sympa et en plein milieu de la forêt. Enfin la première vraie montée se montre, c’est un gros raidillon au niveau du village d’Argentière. Maintenant la plupart des coureurs se mettent à marcher. j’essaie d’alterner marche et course mais je suis forcé de prendre le rythme de mes concurrents. Ce n’est pas plus mal car il reste encore un bon bout de chemin à parcourir!

Première descente

Après la première montée vient forcément la première descente. J’en profite pour reprendre quelques places, je n’ai pas grand intérêt pour les classements mais porter mon attention sur ça me permet de rester concentré. Nous arrivons au hameau de Tré-Le-Champ, la route passe tout près du parcours et il y a beaucoup de spectateurs, ça fait du bien! Pour l’instant la course n’est pas difficile, il reste encore beaucoup de dénivelés à grimper et de distance à parcourir mais ça fat toujours plaisir d’être encouragé! Nous passons ensuite au Col des Montets à 1460m pour descendre de l’autre côté en direction de Vallorcine, tout près de la frontière Suisse.

Vallorcine et montée aux Posettes

Nous arrivons à Vallorcine, la descente m’a un peu retourné l’estomac, je prends mon temps au ravitaillement pour remplir mes flasques et manger une première pâte de fruit. Je regarde ma montre 18KM en 1H43 pour un peu moins de 800 D+. C’est rapide! Le parcours du marathon est trompeur, j’ai beau avoir fait presque la moitié de la distance je suis très loin d’être arrivé, il reste encore 2000 D+ à gravir et le terrain qui jusque là était facile (sentiers réguliers et assez droits) va bientôt se muer en un mélange de pierres et de racines assaisonnés de soleil brûlant et de lacets des plus tortueux. Je suis en fait à moins du tiers de ma course mais j’en suis complètement conscient et mes sensations sont bonnes. A la sortie de la tente de ravitaillement c’est l’effervescence, les suisses sont venus en nombre pour faire honneur au marathon qui passe tout près de la frontière. Le son des cloches est presque assourdissant, j’en ai bien besoin car ça monte très très fort en direction du col des Posettes. Un peu plus loin la pente redevient plus clémente et je peux de nouveau alterner course et marche. La fin de la montée sur la piste 4X4 qui mène au col se fait longue. Je prends sur moi et profite du ravitaillement et des bénévoles adorables pour admirer un peu le paysage pendant que l’on me rempli mes flasques. Je ne m’attarde pas, je suis encore bien malgré les 1000 D+ que je viens de prendre depuis Vallorcine alors je ne traîne pas. J’arrive bientôt au sommet de l’Aiguillette des Posettes, le point culminant du parcours avec 2200M d’altitude. 24KM de course avalés en 2H56 pour 1800 D+ tout va pour le mieux, je suis au taquet même si c’est difficile.

Descente des Posettes – Montée et Descente du Béchar – Remontée vers la Flégère

La descente des Posettes en direction du village du Tour commence difficilement, je n’ai pas de sensations, moi qui d’habitude aime descendre comme un fou à la limite de la maitrise en faisant des grands sauts et en coupant tout droit dans les lacets. Je suis dans un faux rythme, trop fatigué pour descendre à fond je m’efforce de trottiner. Au bout de cinq minutes de descente j’aperçois un coureur étendu dans un pierrier, tout le monde le contourne parfois sans même un regard, je m’arrête à côté du gars qui s’est vraisemblablement cassé la clavicule. Le mec est au fond du gouffre mentalement mais pas en danger, je m’assure qu’il a de l’eau sur lui et que les secours ont été prévenus. Difficile de lui remonter le moral, il me demande de repartir et dis que ça ne sert à rien de rester avec lui, il a raison, je ne peux rien pour lui alors c’est ce que je fais sans tarder. Il commence à faire de plus en plus chaud au fur et à mesure que je descend. Nous sommes maintenant autour des 1600 M d’altitude, le sentier découvert se transforme peu à peu en sous-bois, il ne fait pas plus frais pour autant mais l’ombre est quand même plus appréciable que le soleil qui tape fort. Un peu avant d’arriver au Tour je me retrouve tout seul, pas un bruit, pas un spectateurs depuis 5 minutes, pas un gars devant ni derrière, je commence à penser que je me suis trompé de chemin! Pourtant je connais bien le coin et le chemin que je suis mène bien au village du Tour. Je continue donc et finit par retrouver un groupe de coureur épuisés par la chaleur en train de s’asperger avec l’eau d’un abreuvoir. Je trempe ma casquette dans l’eau fraiche et continue mon chemin, le groupe m’emboite le pas. Tout d’un coup je me sens très faible, impossible de courir, le faux plat montant m’oblige à marcher et je dois pousser fort sur mes bâtons pour ne pas perdre le rythme. Je sens l’hypoglycémie venir et je décide de faire un mini-break de 3 minutes pour manger une pâte de fruit et boire. Je me fais tout de suite doubler par le groupe. Ma stratégie est cependant payante, je les rattrape tous un par un avant d’arriver sur le ravito du Tour situé 3 KM plus loin.

Arrivé au ravitaillement du Tour je bois un coup et profite d’une table de massage pour enlever le pansement que j’ai sous le pied. Avant la course j’ai mis un bandage adhésif aux endroits ou j’ai habituellement des ampoules. Pour le moment pas d’ampoule mais je sens que ma peau chauffe. Une podologue qui aide les coureurs vient gentiment me proposer de l’aide. Elle me badigeonne le pied de crème NOK, puis en remet une couche une fois que j’ai remis ma chaussette! Je n’en ai jamais mis autant! Si la sensation est un peu bizarre cela semble toutefois fonctionner.

Montée 1

Je repars en direction du Béchar, une « petite bosse » avant la Flégère. La course devient maintenant très difficile pour tout le monde, dans les marches naturelles de la montée il devient extrêmement pénible de se hisser. Cela n’en finit pas et je commence pour la première fois à avoir sérieusement envie de m’arrêter pour me reposer. D’expérience je sais que cela ne sert à rien, si ce n’est à perdre du temps. Je suis sur un marathon, pas un ultra-trail, je peux me permettre d’aller jusqu’à l’épuisement étant donné qu’il ne reste que 14KM et 800 D+ à parcourir. Je ne dois pas aller beaucoup plus vite qu’un randonneur maintenant, j’ai déjà bu presque toute mon eau alors qu’il reste encore pas mal de temps jusqu’à la Flégère. Heureusement je connais bien le parcours et il y a un torrent plus loin où je pourrai me ravitailler. Dans la descente du Béchar qui est très technique en raison des racines et de la pente très raide, je double Simon le Chamoniard, qui a des crampes. Je lui souhaite bonne chance et continue ma descente. Le rythme est bon, meilleur qu’à la montée en tous cas, je reprends quelques coureurs qui sont passés devant à la montée. Vraiment ça m’est égal de finir avec trois places de plus ou de moins, mais pendant la course me battre contre un adversaire est beaucoup plus facile que de me battre contre mon corps qui me demande pourquoi je lui inflige tant de souffrances. Une fois la descente terminée s’annonce la dernière « terrible » montée vers la Flégère. Il n’y a rien de réellement difficile dans cette montée, si ce n’est la fatigue et la dernière partie très aride sur une large piste 4X4. On voit le ravitaillement pendant un long moment avant de pouvoir enfin l’atteindre, c’est difficile mentalement.

Enfin le ravitaillement de la Flégère, je me fais asperger d’eau froide par une bénévole, deux minutes plus tard je suis sec et j’ai de nouveau trop chaud. Je mange un peu et repars en direction de Plan Praz, l’arrivée du marathon.

La Flégère – Plan Praz

Le chemin de la Flégère jusqu’à Plan Praz consiste en un long balcon de 5-6 KM, quelques petites montées et descentes mais rien de bien méchant…. en temps normal! Je suis cuit, je pousse tellement sur mes bâtons que j’ai des crampes aux triceps! Dans les pierriers je vacille de gauche et droite, me rattrapant plusieurs fois in extremis. Je me tords les deux chevilles mais je vais tellement lentement que je ne me fais pas trop mal, ou peut-être que je ne sens plus rien? Mon cerveau en aurait-il marre de mes conneries de trail? Bref j’ai l’air d’un pitre mais je m’en fiche, la seule chose que je veux maintenant c’est finir!

Cette dernière partie du parcours est accessible en téléphérique et l’on retrouve de nombreux groupes de randonnée, surtout des japonais et des anglais. Si les premiers sont un peu surpris de croiser des coureurs parfois à la limite de l’agonie, les seconds font honneur à leur culture anglo-saxonne, les encouragements pleuvent à chaque fois que je croise quelqu’un. « Come on », « GO GO GO Antoine! », « Almost there! », ça fait plaisir!

A un moment un randonneur nous informe qu’il y a des bières à l’arrivée, tout de suite une discussion bière saucisson s’engage avec le coureur qui me suit de près depuis plusieurs minutes. Quand je pense que beaucoup de mes amis et connaissances s’imaginent que le trail est une sorte d’ascèse, que je ne mange que du quinoa et des baies de goji… Cette discussion nous fait du  bien à tous les deux mais le gars finit par me doubler, il a surement mieux géré sa course et n’est pas dans le même état d’épuisement que moi.

Enfin les derniers lacets arrivent, puis un gros névés se dresse sur ma route, la trace est bien faite et la neige pas trop dure. Je suis quand même content d’avoir mes bâtons pour ne pas tomber.

A la sortie du névé le public est là en masse, il ne reste plus que 500M avant la ligne d’arrivée, une dernière toute petite montée d’une cinquantaine de mètres, je n’arrive pas à courir, à chaque fois que je relance j’ai des crampes foudroyantes. enfin la dernière petite descente avant de remonter sur la ligne d’arrivée. J’arrive à courir, je prends mes bâtons dans une main et profite de ce moment magique. Plus de douleur, plus de crampes, je prends tout ce que je peux de cette dernière ligne droite. Enfin les 30 derniers mètres en montée (l’arrivée est située sur une petite butte en face du téléphérique). J’ai de nouveaux des crampes, un concurrent me double au dernier moment, j’entends le speaker annoncer que c’est le premier V3! C’est à dire que je viens de me faire doubler par un gars de plus de 55 ans ! Je m’en fous pour être honnête, une fois la ligne passée je le félicite, j’aimerai être encore dans cette forme à son âge, je suis en admiration.

La bière promise est bien là! je la savoure et vais m’allonger un peu plus loin dans l’herbe. Je l’ai fait! Maintenant place au repos! Ma cheville droite ne m’a pas trop fait souffrir, c’est une bonne nouvelle!

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Simplicité et convivialité

Moi qui pensait m’inscrire sur le 90KM l’année prochaine, je vais encore attendre! L’objectif 90KM reste dans ma tête mais je préfère faire une meilleure préparation sur un nouveau trail de 50-60KM avant de me lancer dans l’aventure 90K du Mont-Blanc.

 

 

10 KM Adidas 2018 – Courir aux sensations : Comment ? Pourquoi ?

Pour accéder directement au récit de la course rendez vous plus bas.

A l’heure des montres GPS et des applis de running, difficile de se déconnecter même quand on coure ! C’est un paradoxe car beaucoup de personnes qui pratiquent la course à pied le font dans le but justement de se vider la tête et de se couper de leur vie de tous les jours.

Changer ses habitudes

La première étape c’est donc de ne plus prendre avec soit sa montre GPS ou son téléphone. Plus facile à dire qu’à faire ! Pour beaucoup de coureurs, dont je fais partie, les kilomètres qui ne sont pas enregistrés dans nos applis ou nos montres ne comptent pas. J’ai plusieurs fois reporté une sortie parce que ma montré n’était pas chargée ou que je ne trouvais pas de signal GPS.

Tout ça n’est pas dramatique mais nos gadgets connectés qui sont des outils et des sources de motivations peuvent se retourner contre nous si nous ne faisons pas attention à respecter quelques principes de base. Tout d’abord ne jamais considérer la montre comme un accessoire indispensable mais comme un outil pour s’entrainer, rien de plus. Vous pouvez courir sans votre montre, c’est bête à dire mais ça se passera très bien !

La seconde étape consiste à apprendre à s’écouter et à se connaitre. Maintenant que vous courrez sans montre il vous faut prendre les informations ailleurs, en vous ! Votre souffle, votre foulée, vos muscles sont les seuls indicateurs à suivre. Prendre un parcours d’entrainement habituel et le courir aux sensations est un très bon exercice. Vous pouvez commencer par un footing cool puis ensuite faire un fartlek aux sensations. L’avantage est que quel que soit votre temps, vous aurez profité de votre séance. Contrairement à une séance programmée et suivie avec votre montre, vous ne pouvez pas rater une séance courue aux sensations.

La troisième étape est la plus intéressante à mon sens. Elle consiste à participer à une compétition en se fiant uniquement à ses sensations. Cette étape se prête particulièrement aux courtes distances. Sur 5KM ou 10KM, votre montre ne sert pas à grand-chose car ces distances exigent de courir à une haute intensité dès le début. Vous pouvez donc vous passer de votre montre sans trop prendre de risque. Ne pas prendre de montre sur un trail peut aussi être une expérience intéressante. Le trail en raison du terrain et du dénivelé ne peut être courut simplement en regardant son allure. Montre ou pas vous devez écouter vos sensations sur ce genre d’épreuve.

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Le 10KM l’épreuve parfaite pour courir aux sensations!

En résumé courir aux sensations permet de se recentrer sur votre pratique et de retrouver du plaisir à courir quel que soit votre résultat de la séance. Cela permet aussi d’apprendre à mieux se connaître. Enfin le dernier avantage et pas le moindre à mon sens est que cela préserve et booste votre motivation à long terme. Si vous arrivez à détacher votre pratique des kilomètres et du chrono vous irez plus loin car courir pour courir c’est la meilleure source de motivation sur le long terme. Plus que le chrono ou la vitesse. Pour autant ne boudez pas votre montre ou votre application favorite. Ils sont eu aussi des sources de motivation et des outils très performants lorsqu’il s’agit de préparer un objectif dans votre saison de running.

10 KM Adidas – retour d’expérience :

départ

Deux semaines après mon retour du Kenya, c’était l’occasion pour moi de tester les effets de mon entrainement en altitude. Malheureusement je m’étais foulé la cheville le lundi de la course en jouant au foot avec mes nouveaux collègues. J’ai boitillé toute la semaine mais vendredi ma cheville a enfin décidé de me laisser tranquille. Dimanche je prends donc le départ de la course sans avoir couru depuis lundi et sans avoir testé ma cheville.

Top départ ! C’est parti pour 10KM dans le centre de Paris ! Je sens ma cheville mais rien de trop méchant pour le moment, pourvu que ça dure ! Je rattrape le meneur d’allure -40min et le double assez facilement. Nous passons autour de la madeleine puis reprenons la rue de Rivoli en direction de l’Opéra. Je me sens hyper bien, je sais que je courre plus vite que mon objectif de 40 minutes. Je me sens bien alors je décide de continuer. Nous passons devant l’Opéra puis retournons longer les quais. Je croise alors les premiers qui sont aussi sur les quais mais dans l’autre sens. Hassan Chadi en tête avec déjà plusieurs dizaines de mètres d’avance, derrière Chrsitopher Carvahlo avance rapidement, je suis impressionné par l’amplitude de sa foulée. Sur le moment j’ai l’impression qu’il fait des bonds de 10 mètres ! Nous passons le kilomètre 5 et c’est maintenant à mon tour de longer les quais avec comme objectif final la Tour Eiffel.  Sur le chemin vers la dame de fer je commence à ralentir un peu, foulée est moins aérienne et mon souffle court. Pas d’inquiétude cependant, un 10KM c’est toujours comme ça, si on n’arrive pas à bout de souffle c’est qu’on a pas tout donné. Les kilomètres défilent mais je n’arrive pas à reprendre mon rythme du début. Sur la fin le meneur d’allure -40minutes me double. Je m’accroche au peloton qui ne compte plus que quelques coureurs maintenant. Je n’arrive pas à les suivre mais je continue à me faire violence pour ne pas trop ralentir. Enfin je passe la ligne d’arrivée. Le verdict arrive 3 minutes plus tard par SMS sans que j’ai eu le temps de reprendre mon souffle ! 39’40’’ c’est une minute de moins que mon record !

Avec les résultats détaillés le lendemain j’apprends que j’ai couru la première partie en 19’10’’ et la seconde en 20’30’’, je suis donc probablement parti trop vite. En revanche je n’ai pas du tout vécu ma fin de course comme les autres fois. Cette fois-ci j’ai pris du plaisir jusqu’au bout et n’ai pas eu de baisse de moral en voyant mon allure baisser. Si j’avais eu ma montre je serais surement parti moins vite mais j’aurai aussi eu un petit coup au moral sur la deuxième partie en voyant mon allure baisser.

Quoi qu’il en soit cette expérience m’aura permis de prendre confiance en mon rythme de course naturel. Je sais que sans montre aussi je peux courir vite. La prochaine fois que je tenterai cette expérience j’essaierai de courir une distance plus longue pour voir ce que ça donne. En tous cas je retenterai l’expérience c’est sûr !

Kenya 2018 – Troisième Semaine et derniers jours

Lundi

Ce matin je me réveille à 7h00, le temps de prendre une douche et de boire un peu d’eau puis à 7h30 déjà c’est l’heure d’aller courir. Aujourd’hui j’ai les crocs. Ma sortie de Samedi a été laborieuse, j’ai arrêté au bout de 16KM à cause de la pluie et de la boue. Aujourd’hui le temps est couvert mais pas de pluie depuis hier soir, je vais enfin pouvoir me donner à fond.

Hier nous avons visité le parc National de Nakuru, j’ai passé la journée assis dans la voiture, les jambes sont reposées et il ne reste plus qu’à les faire travailler !

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Nakuru Natiional Park

Dès le départ je me sens très bien, en sortant du centre pour rejoindre la route nous devons prendre une côte d’environ 500M, la piste n’est pas en très bon état et ça demande tout de suite de la concentration, il faut poser le pied au bon endroit sinon c’est la glissade ou la chute assurée. Une fois que nous avons rejoins la route ça descend. Ma séance consiste en un aller-retour de 20KM. Sur l’aller je vais devoir passer quelques côtes mais le centre d’entrainement étant situé au sommet d’une petite colline, 70% du dénivelé positif sera concentré sur le retour. Je profite donc de cette première partie de parcours descendante pour me laisser aller dans les descentes, cela me permet d’avoir un bon rythme, je traverse Iten, puis je ressors en direction de la forêt de Singore. Au 8ème kilomètre j’arrive à la côte à partir de laquelle j’ai rebroussé chemin samedi. Cette fois-ci je l’attaque de front, en essayant de garder le rythme du mieux possible. Tout de suite après ça redescend, puis ça remonte encore aussi fort. Je commence à me faire du souci car il va falloir remonter toutes ces côtes sur le retour ! J’arrive dans une partie beaucoup plus calme que ce que j’ai pu voir jusque-là, le paysage devient montagneux, les nuages défilent au-dessus des petits sommets que j’aperçois de l’autre côté de la vallée du rift. Au dixième kilomètre je fais demi-tour comme prévu. Maintenant commence la course contre la montre et contre le dénivelé. J’aimerais bien faire cette sortie de 20KM autour des 12KM/H soit 5min/KM. Une fois les deux côtes passées dans le sens inverse commence un faux plat long de 4-5 kilomètres, j’arrive à maintenir l’allure autour des 5min/KM. Puis arrive la partie finale, je repasse dans Iten et attaque une série de 3 côtes pas très impressionnantes individuellement mais qui mises bout à bout représentent la dernière difficulté de mon parcours. J’y laisse quelques plumes, j’ai beaucoup ralenti dans les deux dernières côtes, en essayant de limiter la casse dans les descentes. Puis une fois la dernière côte passée je me lance dans une course contre la montre. Il reste 2 kilomètres et mon allure moyenne est de 5min 05sec par kilomètre. J’accélère pour récupérer le maximum de temps. Dans la dernière descente de la dernière petite côte qui mène au centre je me laisse descendre comme en trail. Enfin j’arrive devant le portail. Je regarde ma montre, 20KM à 5min 03sec de moyenne. Je ne m’en tire pas trop mal compte tenu des 260M de dénivelé positif. La semaine prochaine j’essayerai de maintenir cette allure sur une sortie de 25 ou 30 kilomètres en fonction de mes sensations.

L’après-midi j’en profite pour me reposer, la vie au Kenya est très tranquille, je fais la sieste, regarde un peu la télévision et vais faire changer mon pansement à l’hôpital. 18h40 la nuit tombe, après un dîner rapide je vais me coucher. L’altitude et les séances d’entrainement sont épuisantes, 21h30 je m’endors profondément.

Mardi

7h30, petite sortie aujourd’hui, la séance d’hier a laissé des marques je préfère ne pas forcer et fais donc un footing de 10KM dans Iten.

L’après-midi je me rends à l’hôpital pour me faire retirer mes points de suture, ce n’est pas très douloureux. En revanche la plaie de ma main droite n’a toujours pas très bon aspect. L’infirmière la nettoie de nouveau et refait mon bandage mais j’ai l’impression que cela ne suffit plus, je demande à voir le docteur le lendemain.

Mercredi

La séance de lundi est maintenant passée, je sens que j’ai de nouveau des jambes et je décide de partir pour une séance de Fartlek 20 x 30/30. La séance se passe bien, je pars avec Aurelio un nouveau stagiaire qui est arrivé hier sur le centre. La piste de Keelu offre vraiment un endroit idéal pour courir, le sol est plat avec peu de cailloux, la piste est large avec peu de voitures, ces dernières ont l’habitude des coureurs et font donc plus attention que sur les autres axes d’Iten. Notre séance se termine sous la pluie, je couvre ma main blessée avec mon t-shirt pour éviter de mouiller le bandage.

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Devant le Tahri Athletic Center

L’après-midi je me rends à l’hôpital, le docteur me reçoit dans son cabinet avec ses trois internes. Ils sont très surpris que je parle anglais, ils m’expliquent en plaisantant que la plupart des français qu’ils ont rencontrés parlaient très mal anglais. Je leur explique que j’ai étudié un an en Amérique du Nord ce qui explique que je me débrouille dans cette langue. Le docteur recommande de laisser la plaie à l’air libre pour qu’elle puisse sécher et cicatriser correctement. Il me prescrit une pommade antibiotique à appliquer une fois par jour et me demande de revenir le lendemain pour suivre l’évolution.

Jeudi

Aujourd’hui la séance s’annonce compliquée j’ai des pointes dans les deux tibias et un début de crampe au mollet avant même de commencer ! N’est pas Kenyan qui veut ! Avec Pierre (un autre stagiaire arrivé hier) et Aurelio nous partons pour un footing d’une heure, direction le point de vue en bas d’Iten juste avant la descente sur la vallée du Rift. La vue est magnifique malgré le brouillard qui empêche de voir l’ensemble de la vallée. Je me promets de revenir un jour de beau temps pour prendre quelques photos, c’est impressionnant !

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Le bas d’Iten et son panorama sur la vallée du rift

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Jeudi après-midi je retourne voir le médecin, la plaie sèche doucement, je dois continuer à appliquer la pommade antibiotique chaque soir mais l’évolution est de nouveau positive.

Jeudi soir je fais l’erreur de me lancer dans une nouvelle série, Suits. J’accroche tout de suite et c’est parti pour 5 épisodes d’affilée ! J’aurais mieux fait de commencer le deuxième bouquin que j’ai amené, mais bon ça me fait du bien de ne pas trop réfléchir de temps et temps et puis c’est l’occasion de travailler mon anglais (enfin c’est ce que je me dis).

Vendredi

Toujours mal aux jambes mais je pars pour 20 X 1min/1min. Dès le début je sens que ça en va pas le faire, je me ravise donc et transforme ma séance en 5 X 1min/min 20 min de footing et de nouveau 5 X 1min/1min. Sur le parcours je croise un groupe de Kenyans suivi par leur coach en voiture, c’est Ken Kebbeth, il nous a déposé dans Iten la semaine dernière lorsque l’on attendait un Matatu avec Dennis. En rentrant de ma séance j’ai un peu le moral dans les chaussettes. Je me repose toute la matinée et une bonne partie de l’après-midi pour pouvoir bien terminer ma semaine d’entrainement demain.

Après avoir mangé, direction l’hôpital de nouveau. Comme souvent avec Dennis nous prenons un taxi-moto. Aujourd’hui la police contrôle les véhicules à l’entrée d’Iten. En théorie les taxi-moto doivent porter un gilet jaune ou rouge ainsi qu’un casque (étrangement ce n’est pas obligatoire pour les passagers !). Je suis surpris de voir que beaucoup de motos et même certaines voitures empruntent le chemin en terre qui longe la route, dans le but d’éviter le barrage. Bizarrement la police ne se soucie pas de tous les véhicules qui passent par ce chemin, à 10M à peine de la route ! Il faut dire que les policiers ont déjà fort à faire avec tous les contrevenants qui pensaient passer au travers du contrôle.

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La station service d’Iten, vous pouvez aussi y acheter du Kerozen !

Samedi

Je suis Aurelio dans sa sortie, elle consiste en 30 min de footing puis 15 minutes à 12KM/H et enfin 15 minutes à 13KM/H. Sur le début pas de problème, nous prenons la route en direction d’Iten, puis au moment de remonter vers le centre-ville nous prenons à gauche pour retomber sur les alentours du camp. Par chance les chemins sont secs et relativement plats. Les 15 minutes à 12KM/H passent sans trop de difficultés. C’est autre chose pour les 15minutes à 13KM/H, j’ai du mal à tenir le rythme et les côtes ne m’aident pas ! Aurelio commence à prendre de l’avance, j’essaye tant bien que mal de m’accrocher mais cela ne marche pas, je suis peu à peu distancé.  Si je suis maintenant bien acclimaté à l’altitude, je mesure quand même le niveau de difficulté que cette dernière implique. A Paris je cours plus d’une heure trente à 13KM/H sans trop de soucis. Ici c’est une autre histoire !

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le début de la route menant au Tahri Athletic Center

Je commence à avoir hâte de rentrer en France pour pouvoir tester les effets de mon stage, encore un peu de patience et quelques entrainements bien corsés puis ce sera le moment de vérité lors du 10KM Adidas le 10 Juin !

Dimanche

Aujourd’hui repos, pas de course à pied, seulement une longue balade avec Aurelio et Pierre. Nous marchons jusqu’à Iten et jusqu’au point de vue donnant sur la vallée du Rift. Il faut beau mais pas très chaud, environ 15 degrés. Le point de vue est magnifique, une légère brume nous empêche de voir clairement le fond de la vallée mais on peut apercevoir les plateaux intermédiaires.

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Rencontre avec des futurs champions!

Lundi

Cette nuit impossible de dormir, c’était la pleine lune, je ne sais pas si ça a un impact mais ça m’empêche de m’entrainer le matin comme prévu, du coup je reporte mon fractionné à ce soir. J’en profite pour regarder la fin de la saison deux de Suits (déjà !). Je me promets de m’arrêter là et de commencer mon deuxième livre, un recueil de témoignages de sportifs de haut niveau, notamment sur l’effet de leur pratique sportive dans les autres aspects de leur vie quotidienne.

16H je me motive pour aller courir, je pars en direction de la piste de Keelu pour faire une séance de 30/30. Les premières répétitions se passent bien, puis ça commence à monter et descendre et là ça devient compliqué. Je commence à avoir l’habitude de ce parcours, je ne regarde plus vraiment les allures, je me contente de tout donner à chaque répétition. Je sais que l’objectif du 30/30 est d’être le plus régulier possible pour habituer les muscles à s’oxygéner à une vitesse plus élevée que ce qu’ils savent faire (augmenter la VO2MAX ou VMA en répétant des efforts intenses mais courts). Ici c’est juste impossible pour moi en raison du terrain. Je me dis que faire mes répétitions à fond me fera plus progresser que de chercher à être régulier. Une fois rentré à Paris j’aurai tout le temps de faire ces séances sur un parcours plat ou autour d’une piste. Une fois mes répétitions terminées j’accuse un peu le coup, c’est un effort extrêmement difficile, surtout sur les dernières répétitions, déjà 17 ou 18 répétitions dans les jambes et ça remonte sur cette fin de parcours. Autant dire que mes dernières répétitions sont lentes, très lentes mais aussi très difficiles. Je me contente ensuite de trottiner jusqu’au centre pour terminer cette séance difficile.

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Dennis, le Kenyan le plus sympa que j’ai rencontré!

Mardi

Encore une nuit difficile je décide de ne pas aller courir ce matin mais cet après-midi. Je profite de cette matinée libre pour aller à l’hôpital une dernière fois avant de repartir. Sur le chemin nous croisons comme d’habitude de nombreux animaux sur le bas-côté de la route. Vaches, poules, moutons, chèvres etc… Je remarque un mouton allongé dans l’herbe d’une façon un peu étrange, lorsque nous passons à côté je me rends compte que c’est une femelle en train de mettre bas ! Les kenyans assis sur le pas de la porte juste devant ne semblent pas plus perturbés que ça. Une fois arrivé à l’hôpital, je rencontre une nouvelle fois le médecin qui examine ma main. Il est très content du résultat, la plaie était très profonde au départ. Cela prendra encore un peu de temps pour cicatriser complètement mais la plaie est maintenant fermée, c’est déjà ça ! Je le remercie en lui donnant un peu d’argent, l’équivalent de 10 euros, il tient à ce que nous prenions une photo souvenir dans le cabinet j’accepte avec plaisir et demande à Dennis de me prendre en photo avec le médecin aussi.

L’après-midi je me lance dans une séance de rythme, je pars en direction d’Iten mais au lieu de traverser le village comme à mon habitude je prends à gauche pour retomber sur les chemins de terre rouge qui sont parfaitement secs aujourd’hui. Mon objectif est de refaire le même parcours qu’avec Aurelio mais en essayant de mettre un peu plus de rythme cette fois. Le début se passe bien, le profil est plutôt descendant. Jusqu’au 8ème KM tout se passe bien. Puis ensuite vient la seconde partie de la boucle qui concentre presque tout le dénivelé positif. Sur le retour je m’efforce donc de rester autour des 12KM/H, j’y arrive globalement bien sauf sur une partie très pentue ou je concède un kilomètre en 6 minutes soit 10KM/H. Au global je termine ma boucle de 14KM à une vitesse moyenne de 12,3KM/H pour 160M de dénivelé positif. Difficile de comparer avec le même parcours au niveau de la mer. Cependant je pense que je me suis quand même amélioré depuis le début de mon stage, j’ai hâte de pouvoir tester les progrès réalisés.

Mercredi

Dernier jour, je dis au revoir à toute l’équipe du centre et file en direction d’Eldoret avec un Matatu privatisé. La route se passe bien et je suis rapidement à l’aéroport, un peu trop rapidement même. Reste 3 heures à attendre l’avion… J’en profite pour lire et m’occupe comme je peux avec les réseaux sociaux. Le vol se passe bien, je commence à recroiser quelques blancs, ça me fait un peu bizarre. A Iten je croisais des occidentaux tous les deux ou trois jours à peine, une fois arrivé à Nairobi c’est presque déjà le retour à la maison ! Le chauffeur du AirBnB que j’ai réservé vient me chercher à l’aéroport et me conduit dans un compound tout proche, nous mettons tout de même 25 minutes pour y arriver à cause des embouteillages et de la qualité de la route parfois exécrable.

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Sahaï le chef du centre d’entraînement

Une fois arrivé à l’appartement je rencontre Alfrique qui gère la maison composée de 4 chambres. Il m’explique qu’il a commencé par accueillir des gens chez lui puis voyant le besoin pour des chambres ou appartements à proximité de l’aéroport et à des prix raisonnables, il a monté un petit business.

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Je ne me lasse pas de ces petits avions, on s’y sent très bien malgré le bruit du moteur

 

Alfrique est vraiment hyper serviable et sympa, la maison n’a aucun charme particulier et propose un confort sommaire mais tous les avis sur internet étaient excellents, je ne peux que confirmer tous ces avis. Le soir je demande à Alfrique si il peut m’accompagner dans un centre commercial pour acheter des chaussures de running (je souhaiterai profiter des tarifs plus avantageux ici), l’atmosphère de Nairobi n’est pas très rassurante et je préfère être accompagné. Il n’y a pas de raisons qu’il se passe quoi que ce soit mais je préfère ne pas y aller seul. Nous partons donc à deux motos en direction du centre commercial le plus proche. Le chemin pour y aller est étonnant pour le petit européen que je suis. La route est défoncée (avec des trous de parfois 50cm de profondeur) alors que nous sommes en plein centre-ville. Il fait nuit mais les rues grouillent de monde, comme un lundi matin à la station saint-Lazare ! Nous traversons des quartiers populaires, les rues sont jonchées de détritus et les caniveaux dégagent une puanteur insupportable. Nous traversons un pont et je devine une rivière mais les berges sont entièrement recouvertes de déchets plastiques. La misère ici est bien plus visible qu’a Iten. Encore une fois je ne porte pas la misère du monde sur mes épaules mais ça fait quand même mal au cœur de voir cette population si jeune et ces conditions de vie… Nous arrivons au centre commercial qui est un havre de richesse au milieu de ces quartiers. Il y a des gardiens à l’entrée du parking et de belles voitures garées à l’extérieur. Le centre commercial n’a rien de particulier, c’est exactement pareil qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Malheureusement le magasin de sport est fermé, les chaussures à prix cassé ce sera pour une prochaine fois ! En rentrant dans ma chambre je réfléchis un peu à ce que je viens de voir, ça m’aide à mieux apprécier ce que j’ai, je prends conscience qu’entre guillemets « rien ne peut m’arriver » comparé à ce que les Kenyans vivent (et encore le Kenya est un pays aisé d’Afrique !). Le lendemain matin j’embarque dans l’avion direction Paris. Je ne sais pas si c’est parce que je voyage avec Air France mais dans l’avion je me sens un peu déjà à la maison. Plus rien de nouveau, que des choses habituelles.

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Déjà un peu à la maison quand je monte dans cet avion.

Ce voyage aura vraiment été une expérience unique en son genre pour moi, je suis content de rentrer car c’est difficile d’être confronté à ce mode de vie et à la misère pendant un mois, cependant je sais déjà que retournerai en Afrique de l’Est et très probablement au Kenya. Il y a tant de choses et de personnes magnifiques à découvrir ici.

 

Kenya 2018 – Deuxième semaine

Lundi

J’accuse encore un peu le coup de ma chute à vélo d’hier (voir semaine 1). Dennis vient gentiment me voir dans ma chambre vers 8h pour me demander comment va mon bras. Le matin j’ai un peu la tête qui tourne, je prends mes antibiotiques et me repose dans la salle commune du centre. Je demande à Dennis de m’accompagner à l’hôpital pour changer mon bandage qui laisse échapper un liquide à la couleur douteuse. Nous arrivons une nouvelle fois au District Hospital d’Iten, l’infirmière me change mon bandage au bras, les points de suture sont propres et les plaies bien fermées, elle repasse du sérum physiologique et de la bétadine. Ma plaie à la main est toujours aussi grande, c’est celle-ci qui me donne le plus de soucis car nous n’avons pas pu la recoudre. Selon l’infirmière et un autre infirmier qui vient d’arriver elle a un aspect normal, ils me nettoient de nouveau la plaie et remettent un bandage neuf. Me voilà rassuré !

Sur le chemin du retour je demande à Dennis de nous amener dans une des boutiques de sport pour acheter un T-shirt ou une veste de l’équipe Kenyane de course à pied. Ca peut faire un super souvenir. Nous arrivons dans la boutique et la vendeuse nous expose les différents modèles disponibles. Au Kenya mieux vaut ne pas être trop difficile, le volume du magasin ne doit pas être énorme et il n’y a que deux ou trois modèles différents, pas toujours dans la taille qu’il faut. Par chance une veste de training en taille M me va très bien, c’est la seule disponible et je décide de l’acheter. Comme d’habitude quand je veux acheter quelque chose, je laisse Dennis se charger de la négociation. Il adore ça et à chaque fois arrive à faire baisser le prix de 500 ou 1000 Shillings. Je ne me fais pas d’illusion, je dois certainement payer un peu plus cher qu’un Kenyan mais bon c’est déjà mieux que rien. J’ai surnommé Dennis « Dennis the business man » ça nous fait beaucoup rigoler tous les deux. Il faudra que je lui fasse un cadeau en partant, c’est vraiment sympa de sa part de nous accompagner partout.

Mardi

Aujourd’hui c’est Fartlek à Iten ! La séance consiste en un échauffement rapide puis en 20 accélérations successives d’une minute à la sensation suivies d’une minute de repos. 10 dans un sens puis 10 dans l’autre pour revenir au point de départ. Avec Sylvain et Kevin, nous arrivons sur le point de rendez-vous un peu en avance, nous pensions que la séance démarrait à 8h30 mais nous sommes les premiers. Peu a peu les Kenyans arrivent, au bout de 20 minutes nous sommes plus d’une centaine. A 9 heure un des Kenyans prend la parole devant le groupe qui fait maintenant environ 200 coureurs. Il explique le contenu de la séance. Contrairement à mes attentes, l’ambiance n’est pas vraiment studieuse, un coureur traverse seul le groupe dans l’autre sens, une voie un peu moqueuse crie quelque chose en Swahili et tout le monde rigole. J’ai plus l’impression d’être à un entrainement de rugby amateur que parmi des coureurs d’élites. Cela ne dure pas longtemps, le top départ est donné ! Maintenant les visages se ferment et les jambes se mettent en mouvement. No talking just running. Lors de la première accélération je reste au milieu du peloton, nous la parcourons à 3min18/KM soit 18,2KM/h. Devant je vois que ça va beaucoup plus vite que ça, les premiers sont à mon avis au-dessus des 22KM/h. Deuxième accélération, Je suis encore au milieu du peloton qui commence à s’effiler mais je sens que je suis doublé de tous les côtés. Encore une fois nous sommes autour de 18KM/h, les premiers sont maintenant une centaine de mètres plus loin devant, en plus de courir très vite durant la minute d’accélération, j’ai l’impression qu’ils sont tout de même à 13-14KM/h pendant la minute de récup. Troisième accélération, nous arrivons dans une côte, ça y est je suis en queue de peloton. Maintenant commence le combat mental pour donner le meilleur de moi-même. Je n’ai aucune chance de rattraper le groupe, l’altitude et ma morphologie m’en empêchent. Avant le départ j’ai pu observer à quel point les Kenyans sont « secs », il n’y a presque aucune différence entre leurs cuisses et leurs mollets ! Je dois au bas mot peser 10 kilos de plus que ceux qui font ma taille. Pourtant je n’ai pas beaucoup de graisse, je me suis pesé avant de partir et je suis à 11%, quand on sait que le moyenne pour un homme adulte est autour des 20%…. Paradoxalement c’est donc du muscle que j’ai en trop. Pas inutiles pour porter des charges lourdes et me donnant un peu de puissance si nécessaire, ils sont un véritable boulet pour courir. Pour la première fois de ma vie je me sens « gros ». Tant pis on fera avec.

Fartlek Iten Mardi

Je me donne à fond durant les minutes d’accélérations, je dépasse quelques Kenyans par ci par là qui sont parti trop vite. Puis je me retrouve tout seul, ceux qui sont parti trop vite ont abandonné et les autres sont loin devant. A la dixième répétition je fais demi-tour. Je continue mes accélérations mais dans l’autre sens, c’est de plus en plus difficile. J’ai un point de côté et des crampes, je courre maintenant mes accélérations à peine à 15KM/h. Vers la 15ème répétition, le groupe de tête revient sur moi, je donne tout ce que je peux, j’essaie de rester dans le groupe mais rien à faire, je suis distancé dans les accélérations et dans les récups. Des Kenyans qui me doublent m’encouragent et me demandent ce que j’ai au bras (voir la semaine 1), cela me redonne la force de tout donner. Puis de nouveau je suis seul. Il me reste 4 répétitions. C’est horriblement difficile, j’ai un goût de sang dans la bouche, je donne tout à chaque accélération et m’efforce de ne pas marcher sur les minutes de récup. Pendant la 18ème minutes de récup je m’arrête sur le bord de la route pour vomir, ça ne sort pas, il faut dire que je n’ai pas mangé depuis hier soir, je repars tant bien que mal. Enfin le bip de ma montre m’annonce la fin de cette séance de torture. En trottinant je rejoins un des Kenyans qui m’a encouragé en me dépassant sur le chemin du retour, je m’arrête à ses côtés et on discute un peu. Il s’appelle Mark Korir, ça ne vous dit probablement rien mais c’est le vainqueur du marathon de Paris 2015 ! Il m’explique que même pour lui il est difficile de suivre les premiers de ce fartlek, ce sont des coureurs de 1500m et ils sont presque intouchable sur ce type d’effort ! Sympa la rencontre ! Comme beaucoup de Kenyans il est très positif et me dit que je dois continuer à m’entrainer dur pour m’améliorer. Je suis super content de ma séance, d’une part c’était quelque chose de fort que de participer à cet entraînement avec les Kenyans, même si je n’ai pas réussi à suivre, d’autre part je suis content d’avoir terminé cette séance car à cette altitude c’est une séance qui compte. Encore quelques-unes comme ça et je suis presque assuré de revenir meilleur en France en courant à une altitude plus basse.

Mercredi

La séance d’hier à laissé des traces mais moins que ce que je pensais. Tant mieux ! Direction l’hôpital pour mon changement de pansement. C’est la même infirmière la dernière fois, une femme d’une cinquantaine d’année au sourire un peu malicieux. Elle me demande ou en est mon apprentissage du Swahili, je lui avoue que depuis lundi je n’ai pas appris de nouveau mots (en réalité j’ai appris à dire taxi-moto : « Piki-pik » mais je n’allais pas dire ça !), j’en prends pour mon grade pendant qu’elle me nettoie mes deux plaies et me change mon pansement. Après tout elle a raison, voyager dans un pays pendant un mois et ne pas en apprendre la langue c’est un peu dommage ! Bonne nouvelle sinon mes plaies sont en bon état, je devrais me faire enlever les fils de mes sutures lundi et changer mon pansement vendredi.

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Je décide d’aller courir vers 15h30 pour une petite sortie de 10KM, ça me fait tellement plaisir de me dire que maintenant je peux enfin courir 10KM à l’envie ! Ce n’était vraiment pas gagné au départ avec cette acclimatation à l’altitude ! Pourquoi 15h30 ? parce qu’au Kenya c’est l’heure à laquelle les enfants commencent à sortir de l’école. Les gamins qui vous tapent dans la main, vous font coucou et même parfois décident de courir à côté de vous, ça donne une énergie d’enfer ! Moi ça me fait tout oublier, la séance difficile d’hier, la petite douleur au tibia etc… Un bout de chou de 5 ans qui se met à vous courser en rigolant ça vaut toutes les techniques de récupération du monde ! Je fais donc mon petit tour en repassant dans Iten et sous la fameuse arche « home of champions », puis je reprends la direction de Keelu là où nous avons fait le fartlek hier. Enfin je coupe à travers champs pour rentrer plus vite sur le centre, là deux gamines de 13 ans prennent mon rythme avec leurs cahiers dans les mains, je suis en allure très tranquille mais ce qui m’impressionne c’est le fait qu’elles se mettent spontanément à courir par curiosité de voir un Mzungu sur le chemin du retour. Courir n’est pas une corvée c’est un jeu ! Je reviens de mon footing de 10KM reboosté, comme jamais.

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Vers 18H nous allons dans un « bar » d’Iten avec Dennis l’un des gardes du camp. C’est assez atypique, il y a des télés partout et des grosses banquettes faites avec des palettes et des coussins. Malheureusement le bar est vide ! Nous aurions du nous en douter mais les Kenyans n’ont pas du tout la culture d’aller prendre un verre ou un café entre amis en fin d’après-midi ! Là-bas les bars sont faits pour sortir, il n’y a donc personne avant 21H. Nous nous regardons comme des chiens de faïence avec nos sodas sur la table. C’est plutôt comique comme situation, Dennis lui ne semble pas du tout perturbé et reprends un autre sprite comme si de rien n’était. Avec Sylvain on est un peu surpris de la question de la serveuse concernant les sodas, « Hot or Cold ? » apparemment on peut choisir, pourquoi pas après tout !

Jeudi

Nouvelle séance de Fartlek sur la longue piste de Keelu, ça va cogner aujourd’hui ! Comme mardi un des Kenyans prends la parole et explique la séance, 3/1 x 10. Trois minutes à fond suivies d’une petite minute de récup, sur terrain très vallonné et à 2300+ mètres d’altitude, tout ça dix fois ! Mes jambes m’en veulent déjà. Lors de son explication le chef m’interpelle et m’invite à une compétition samedi (je suis le seul Mzungu aujourd’hui) ! Je le remercie poliment mais explique que je préfèrerai regarder pour l’instant. 3…2…1…. GO !!! La séance est lancée, je pars plus prudemment en repérant des coureurs qui avaient à peu près mon rythme mardi, mais ça reste trop rapide pour moi…. Je fais la majeure partie de la séance tout seul, maudissant les côtes qui me ralentissent comme jamais. Sur la deuxième partie du parcours (nous effectuons 5 répétitions dans un sens et 5 dans l’autre), j’apprécie quand même d’avoir monté toutes ces côtes car je peux enfin galoper et même si c’est dur je prends pas mal de plaisir sur cette deuxième partie de séance. Encore une fois je suis surpris du nombre de Kenyans qui ont abandonné la séance à la moitié ou avant. Sur le retour je me fais reprendre par un groupe de 5 filles, elles ont une foulée magnifique et foncent sans un bruit, elles doivent faire leurs récupérations à peine plus lentement que mes minutes d’accélérations, juste respect ! Enfin je me fais reprendre par le groupe des hommes pour la dernière répétition, ensuite chacun rentre chez soi en trottinant. Sur le chemin du retour un Kenyan vient à mes côtés et on discute une peu, il vaut 1h01 sur semi-marathon ! Il m’explique qu’il a déjà fait des courses à l’étranger notamment en France du côté de Marseille mais que le directeur de course ne l’a jamais payé pour sa victoire… Puis il me demande si je connais un bon manager ou un directeur de course. Difficile pour lui de comprendre que je ne suis qu’un simple passionné et pas un athlète de haut-niveau, qu’en France j’ai un job et que je ne coure que 4 à 5 fois par semaine. Au moment ou nos chemins se séparent il me demande de lui donner ma montre, je lui réponds gentiment que non et un peu gêné il me dit « see you on Tuesday » pour le prochain fartlek. Ca me porte tout de même un petit coup au moral, jusqu’à présent je n’ai vu que les bons côtés de la course au Kenya mais il ne faut pas se voiler la face. Malgré le niveau hors norme qu’il y a ici, il y a beaucoup d’appelés pour très peu d’élus. J’ai pu visiter une pension pour les athlètes qui s’entraînent seuls. C’est-à-dire qui ne font pas partie d’un camp d’entraînement ou d’une team. Malgré des performances très honorables, ils s’entassent dans de minuscules chambres pour 2 200 shillings par mois soit à peine 22 euros. En espérant qu’un jour ils vont se faire repérer par un coach ou un sponsor et pouvoir aller courir en Europe ou aux Etats-Unis et gagner des courses. Par bien des côtés ces athlètes me font penser à des chercheurs d’or…. Mais tant qu’il y a de l’espoir il y a de la vie, c’est ce que je m’efforce de penser à cet instant.

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L’après-midi nous allons distribuer les bonbons et crayons que Sylvain a ramené de France. Je m’étais dit avant de partir que ça ne servait à rien et qu’un stylo ou un bonbon ça ne change pas une vie. Mais en voyant le sourire des enfants de l’école dans laquelle nous allons faire la distribution je me dis que j’ai été stupide de ne pas moi aussi amener quelques cadeaux. Oui ça ne changera pas leur vie mais pas besoin de changer une vie pour donner un peu de bonheur, même très simple. Les gosses trépignent en attendant leur tour pour se servir dans le paquet de bonbon, ça me redonne le moral après mon aventure de ce matin ! Tant qu’il y a de l’espoir il y a de la vie. Je retiens comme leçon de cette expérience qu’avant de vouloir changer le monde il suffit simplement de commencer par agir même très modestement.

Vendredi

7h30 je pars pour un footing tranquille avec Sylvain, j’ai envie de faire une sortie longue demain donc je ne vais pas forcer. La sortie se passe sans encombre, une fois le petit déjeuner pris je retourne me coucher pour la désormais traditionnelle sieste du matin. L’après-midi se passe tranquillement. Il ne fait pas très beau alors j’en profite pour avancer mon livre.

Samedi

7h30 nous partons pour une sortie longue. Il a plu toute la nuit, nous décidons donc de courir le long de la route. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus drôle mais au moins on peut courir, les chemins se sont transformés en véritable champs de patates… Au bout de 8KM nous décidons de faire demi-tour, il se met à pleuvoir et nous sommes plein de boue. Arrivé au camp après 16KM je pèse mes chaussures pleines de boue puis le repese en enlevant la boue, 250 grammes de moins par pied ! Je m’en veux un peu de ne pas avoir poussé plus mais les conditions n’étaient vraiment pas agréables et j’aurai d’autres occasions.

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Après déjeuner la pluie s’est arrêtée et nous allons sur le marché d’Iten. C’est impressionnant d’agitation et de produits en tous genres ! La pluie de ce matin a rendu le marché (qui se déroule en bordure de route dans une sorte de terrains vague) très boueux. Cela ne gêne personne les produits sont présentés sur des bâches et plastiques, que ce soient des fruits des chaussures ou du matériel de cuisine ! La partie permanente du marché est un peu plus jolie, il y a des vendeurs d’épices et des primeurs. La nuit tombe vite et nous prenons un taxi moto pour rentrer, demain c’est safari et réveil à 5h. Nous mangeons puis je regarde un peu la télé et au lit !

Dimanche

5h le réveil sonne, je m’habille rapidement et prends mon sac puis direction le petit-déjeuner. 6h le guide qui doit nous emmener au parc national de Nakuru passe nous chercher, c’est parti pour 3 heures de route. Nous ne sommes que deux dans le mini-van et nous en profitons pour dormir. La police nous arrête 3 fois dont deux fois pour des excès de vitesse imaginaire (il n’y a pas de radar mais les policiers sont catégoriques, Richard le conducteur était en excès de vitesse). Les deux fois cela se règle avec un pot-de-vin, Richard m’explique que si l’on veut payer l’amende plutôt que les policiers cela prendra la journée, qu’ils feront exprès de le faire attendre au poste pour rien etc… puis il termine sa phrase avec un rire jaune « This is Kenya ! ». Une fois arrivé au Parc National de Nakuru c’est l’émerveillement, le parc contient un énorme lac salé qui doit faire la moitié de sa surface. Dès l’entrée dans le parc nous traversons une colonie de Babouins tranquillement installés sur le bord de la route, puis des zèbres, des gazelles, des antilopes, des lémuriens des girafes, des buffles et même deux lions tranquillement allongés au bord de la route ! Apparemment c’est rare donc nous sommes plutôt contents de la rencontre !

Les paysages sont superbes et le parc très bien préservé, le seul problème ce sont les différentes rivières qui alimentent le lac, elles amènent avec elles pas mal de déchets qui ne sont pas filtrés, le lac est donc pollué par quelques des bouteilles et autres déchets plastiques arrivés jusque-là. Vers 16h nous repartons après avoir déjeuné en ville à côté du parc. La particularité de ce parc est qu’il est littéralement collé à Nakuru une ville de 3 millions d’habitants. Sur la route du retour je discute avec Richard qui parle par chance bien anglais. Il m’explique qu’il est avant tout coureur de 800m avant d’amener des touristes visiter les parcs quand l’occasion se présente. Nous parlons de tout, de politique, du Kenya et bien sûr de course à pied. Il m’apprend que les « top athletes » ne sont pas toujours les meilleurs, qu’apparemment courir vite ne suffit pas, qu’il faut aussi se faire une réputation pour participer aux championnats du monde ou aux jeux olympiques et que les sélections pour ces compétitions sont trustées par les athlètes ayant une bonne réputation. Par-dessus tout ce que redoutent les « Top athletes » c’est d’être battu, ils ont donc tendance à préférer les marathons en dehors du Kenya ou la concurrence est plus faible en plus d’être plus rémunérateurs. Ce n’est pas complètement incohérent avec ce que j’ai pu observer lors des Fartlek. Les athlètes connus ne vont pas forcément jusqu’au bout de la séance. Dans son livre sur l’entraînement kenyan Bob Tahri parle aussi de séances de Fratlek avec un peu plus de 200 athlètes dont Mo Farah (qui n’est pas Kenyan mais naturalisé Britannique et Somalien de naissance). Il précise que Mo Farah termine 5ème et lui 20ème. Mo Farah 5ème alors qu’il est champion olympique du 5 000m et du 10 000m, certes ce n’est qu’un fartlek et pas une compétition officielle mais ça laisse quand même imaginer le niveau des quatre inconnus qui terminent devant lui ! Je fais un peu aussi la part des choses avec ce que Richard me dit, je pense que les « top athletes » Kenyan sont loin d’être des imposteurs, il n’y a pas à mon avis beaucoup de coureur au-dessus de leur niveau. Après que quelques coureurs de niveau équivalents ou légèrement supérieurs n’aient pas percé c’est tout à fait possible, cela existe malheureusement dans tous les sports.

Je rentre au camp épuisé de cette journée mais la tête pleine de souvenirs inoubliables, demain je retenterai une sortie un peu plus consistante que mes 16KM de samedi. J’ai hâte de retourner faire un fartlek mardi et de pouvoir faire du fractionné de façon intensive. Je suis maintenant totalement acclimaté (ou du moins je ne pourrai pas être en meilleure condition à moins de rester 6 mois), il me reste 10 jours d’entrainement et je compte bien en tirer profit au maximum !